QUOI DE NEUF CHEZ LES MUSIQUES DU MONDE?

C'est la saison des nuances, des dégradés de couleurs chaudes et chaleureuses. Dans le vaste champ des musiques du monde, les séductions d'automne sont avancées. Après les festivals d'été où par monts et par vaux elles ont bourlingué, les voici qui s'offrent en gerbes et en bouquets tout près de chez vous, chez votre marchand de musiques ou votre cybervendeur favori. Voici quelques repères suggérés. Choisissez et fermez les yeux. Laissez vous happer par les délices du voyage immobile.

Les nouveautés de l'automne

C'est la saison des nuances, des dégradés de couleurs chaudes et chaleureuses. Dans le vaste champ des musiques du monde, les séductions d'automne sont avancées. Après les festivals d'été où par monts et par vaux elles ont bourlingué, les voici qui s'offrent en gerbes et en bouquets tout près de chez vous, chez votre marchand de musiques ou votre cybervendeur favori. Voici quelques repères suggérés. Choisissez et fermez les yeux. Laissez vous happer par les délices du voyage immobile.

Arrêts sur images

Il était une fois, dans les quartiers Nord de Blois, petite ville française de province, trois frangins de la famille Mirghani qui n'arrêtaient pas de cogner sur des bidons. Chez les El Habchi, les fistons avaient la même manie. Dans les anniversaires, les fêtes marquant la fin du Ramadan, ils avaient pris l'habitude de faire monter l'ambiance. Inévitablement, les tambourineurs finirent par se croiser. Ce fut l'étincelle. Ils se sont mis à jouer ensemble. Des trucs piochés au Maroc où sont nés leurs parents, mais surtout du raï, du reggae, du raggamuffin. Ils ont commencé à mélanger tout ça, ont fini par trouver leur style, à se constituer un répertoire original. Ils se sont baptisés Sawt el Atlas. Leur premier album, «Généraliser», les avait fait repérer. Le second, «Donia» (Small), qui sort ces jours-ci, confirme tout le bien que l'on pensait d'eux.

Né dans la casbah d'Alger de parents d'origine juive, consacré dans les années 50, redécouvert en France au début des années 90, mélangeur de langues (il chante en «francarabe») et de styles (il revisite l'héritage andalou, interprète le chaâbi, mais aussi des tangos, paso-doble, rumbas et s'empare de «Bambino», le titre qui permit à Dalida de s'envoler vers le succès), Lili Boniche, à 78 ans, n'a rien perdu de sa verve pétillante et de son charme joyeux. Crooner kitsch et glamour, ambianceur efficace, en deux couplets un refrain, il s'est mis l'Olympia dans la poche le 10 juin, lors d'un concert très enlevé, dont l'album-témoin, «Live à l'Olympia» (East West), est l'exact reflet.

La voix ample et chaude, accompagné de sa guitare, Boubacar Traoré chante des ballades épurées, inspirées de la tradition Kassonké de sa région natale, au Mali. Tressée d'émotion, sa musique, qu'ailleurs on appellerait le blues, il la délivre ici entouré de son fils spirituel Habib Koité, accompagné de ses musiciens et du virtuose du balafon, Kélétigui Diabaté («Maciré» / Indigo).

Méfiant vis à vis du «métier», Danyèl Waro le plus exaltant poète et chanteur du maloya, livre lui aussi ses albums avec une parcimonie extrême. Celui-ci (le deuxième seulement!), enregistré en public à Berlin, ne cache rien de la force, du magnétisme de ce diable d'homme («Foutan Fonnkér» / Cobalt).

Bouquet garni

Kanda Bongo Man, l'inventeur du kwassa kwassa revient avec un concentré d'énergie et d'ambiance («Sweet» / Mélodie).

Premier album sous son nom, tout en délicatesses et micro-climats, (accompagné, entre autres, par Richard Bona) pour Mino Cinelu, docteur ès percussions aperçu derrière Miles Davis, Weather Report, Sting, Lou Reed et tant d'autres («Mino Cinelu» / Emarcy).

Cheikh Lô sculpte un mbalax original, aéré de sons acoustiques et sous influence latine. Le cercle des étoiles de la musique sénégalaise s'agrandit... («Bambay Gueej» / World Circuit)

Une nouvelle voix dans la galaxie raï : Aïssa, né dans le même village que Cheb Mami et installé aujourd'hui à Marseille (CD chez Globe Music).

Leurs ancêtres étaient basques, normands ou bretons. Ils vivent là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique et se revendiquent profondément francophones. Ce sont les Acadiens. Une compilation «Acadie» (collection Racines chez Wagram), réunit en 2 CDs quelques-uns de leurs plus célèbres troubadours (Zachary Richard, Edith Butler, Marie-Jo Thério...).

Le hip hop algérien existe. Virulent, guerrier, impertinent et décapant. MBS (Le Micro Brise le Silence) est formé de quatre jeunes qui ont grandi à Hussein Dey, un des quartiers populaires d'Alger (CD chez Island).

Tous les novateurs de la musique bretonne (Erik Marchand, Denez Prigent, les frères Boclé, Dan Ar Braz...) réunis autour du guitariste et compositeur Jacques Pellen, enregistrés in situ, au festival «Les Tombées de la nuit» à Rennes (Celtic Procession Live / Naïve - sortie fin novembre).

Patrick LABESSE