Francofolies de Montréal : mercredi 14 juin

Des références et des découvertes

La visite de Zachary, les invités de Pierre Lapointe et les quasi sœurs de Dobacaracol au programme de cette septième journée des Francos.

Ce mercredi, un grand monsieur de la francophonie rend visite à ce festival qui lui va si bien : Zachary Richard. Inlassablement, cet Américain se bat pour que le français ne se taise pas complètement dans son pays et dans le reste du monde. Son combat est une histoire personnelle, une affaire intime de survivance culturelle. "Je suis un cas typique de la Louisiane. Quand j’étais enfant, j’entendais l’anglais à l’école, à la banque et à la poste… Mais dans ma famille, c’est le français que l’on parlait". A Montréal, Zachary Richard présente son nouveau spectacle, mais c’est surtout les consciences qu’il veut secouer : pour qu’ici aussi, dans cet îlot francophone qui résiste tant bien que mal à la déferlante anglo-saxonne, personne ne perde de vue la nécessité de la diversité linguistique.

Egalement au programme : Pierre Lapointe, l’un des talents les plus populaires de la jeune scène québécoise. Le garçon n’a que deux albums à son actif mais ici, il fait déjà presque figure de référence, avec son phrasé très littéraire et ses envolées lyriques. L’an dernier déjà, les Francos lui avaient confié une création avec un quatuor à cordes. Cette année, elles lui donnent carte blanche pour deux concerts uniques au Spectrum. Idée excitante : le premier concert, baptisé "Pierre Lapointe voit bleu" affiche les couleurs intimistes de la chanson ; le second, "Pierre Lapointe voit rouge", doit être plus rock. Avec chaque fois, des invités surprise. Malheureusement, le premier volet ne fut pas à la hauteur des espérances : Lapointe y a bien accueilli Albin de la Simone ou Damien Robitaille, mais sans que l’on sente de réelle connivence artistique entre eux. Plutôt une succession plate, voire maladroite, d’interventions hétéroclites. Comme une mayonnaise qui tombe.

Avec tout cela, on aurait presque oublié que les deux filles de Dobacaracol, elles, viennent de faire vibrer des fans en voie de multiplication ! Ces deux Québécoise à la peau diaphane se sont prises de passion pour les rythmes africains et jamaïcains. "Elles nous donnent un peu de soleil" souffle un spectateur. Dread locks, djembés et danses quasi tribales, les Dobacaracol ont fait encore monter la température d’un cran. On se serait quasiment cru à Bamako… Avant elles, le beaucoup plus calme Christophe Mali avait gentiment préparé l’assistance. Chansons classiques. Chanteur aussi, dont les manières rappellent parfois celles de Jacques Higelin.

Enfin la très menue et très vive Emilie Simon, heureuse compositrice de la B.O. de La marche de l’Empereur, a clos la journée en jouant les DJs dans un repère de noctambules, Le Shag. Set électro tardif et plutôt soft. Demain et après demain, Mademoiselle Simon jouera ses propres morceaux sur scène. 

Valerie Lehoux

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