Arno revisité

De Rodolphe Burger, le fondateur de Kat Onoma, aux Têtes raides en passant par une ribambelle de groupes moins réputés mais aussi novateurs que respectueux, une quinzaine d'artistes a été conviée à participer au projet Putain, putain, une tribu pour Arno en interprétant quelques titres du chanteur belge.

Putain, putain, une tribu pour Arno

De Rodolphe Burger, le fondateur de Kat Onoma, aux Têtes raides en passant par une ribambelle de groupes moins réputés mais aussi novateurs que respectueux, une quinzaine d'artistes a été conviée à participer au projet Putain, putain, une tribu pour Arno en interprétant quelques titres du chanteur belge.

Si les artistes offrent à Arno un album de reprises épicées au son résolument rock, la réalisation de Denis Barthe et Ted Genty, respectivement batteur et co-producteur de Noir Désir, n’y est sans doute pas étrangère. Le disque s’ouvre ainsi avec plusieurs morceaux au binaire sans fausse pudeur : la chanteuse de Supermika surprend en reprenant Ma femme, titre qui exige a priori une voix masculine ; DJ Zebra et Uminski font dans le rock disco sur le très rassembleur Putain Putain Bastard Mix (“C’est vach’ment bien/ Nous sommes quand même tous des Européens !”). Plus loin, Spooky Jam, dont l'album a été produit par Barthe et Genty, lâche les chiens sur Vive ma liberté.

Les “célébrités” restent sobres. Cali montre avec Lonesome Zorro qu’il se débrouille bien (mieux ?) dans la langue de Shakespeare et d’Arno ; les Têtes raides restent dans la veine rock de leur dernier album sur Elle adore le noir ; plus original, Rodolphe Burger entonne When The Rock en crooner décavé, avec force réverbération. Dans l’ensemble, ce disque à la singulière cohérence (dans sa folie et sa concision) atteint surtout des sommets grâce à des artistes peu connus. La voix cristalline de la chanteuse de Tara King Theory (Dans mon lit), celle déchirée et très “pattismithienne” de la chanteuse de Wapp (Jive To The Beat) révèlent de vrais talents. Idem pour Fouchtra sur le bouleversant Dans les yeux de ma mère. Dernière pépite, en queue d’album, Je ne veux pas être grand par Délit de flûtes : ou comment, avec seulement quelques flûtes et une voix d’enfant, réinventer un des grands succès du chanteur d’Ostende, qui fête cette année vingt ans de carrière solo.

Tribute to Arno Putain, putain, une tribu pour Arno (Capitol/EMI) 2006