Disparition de Lamine Konté

Le musicien Lamine Konté nous a quitté dans la nuit du 28 au 29 Septembre. Il fut l'un des premiers artistes à offrir une vision moderne de la kora, mettant en musique les œuvres des grands poètes d’Afrique et de la diaspora.

La kora littéraire

Le musicien Lamine Konté nous a quitté dans la nuit du 28 au 29 Septembre. Il fut l'un des premiers artistes à offrir une vision moderne de la kora, mettant en musique les œuvres des grands poètes d’Afrique et de la diaspora.

"J’ai vécu la musique avant de la faire" avouait cet artiste élevé dans un "conservatoire familial de griots socés (peuple du mandingue)". Fils de Dialy Keba Konté, célèbre korafola de Kolda en Casamance, il s’installe en 1960 à Dakar chez son oncle Nago Gueye, premier korafola à faire une tournée internationale en 1930, et intègre plus tard l’Ecole des Arts de Dakar, s’émancipant alors du modèle familial.

Installé en France en 1971, il affiche bientôt son style novateur dans trois albums clé :  La kora du Sénégal (vol 1 et 2), une réussite d’harmonie et de dextérité mariant airs socés, mbalax, afro-cubain, jazz, soul et r'n'b, puis Chant du Nègre, chant du monde. Sur les écrits des chantres de la littérature négro-africaine, l’artiste crée un accompagnement musical, brodant constamment autour de la partie chantée.

De ses musiques de film (Bako l’autre Rive de Jacques Champreux, Du Sénégal aux Amériques de Jean Mazel, Baara de Souleymane Cissé), on retiendra sa collaboration avec Stevie Wonder sur Journey through the  secret life of plants, qui chante en bambara dans ce double album sorti en 1979. "Travailler avec une personnalité aussi remarquable est inoubliable, sans compter que ce merveilleux musicien ose tourner des films musicaux alors qu’il est aveugle !".

Connu dans le monde entier, ce passionné d’histoire (il lisait Jean Diwo), élégant et secret, nous a quitté. En Mars 2005, il fêtait à Paris ses 60 ans en compagnie de quelques proches. Deux cousins, Abdoulaye Diabaté et Moussa Cissokho, griots devenus musiciens, comme lui, étaient présents. Abdoulaye s’installa au piano, Moussa se saisit d’un sabar et Lamine prit sa guitare. Et chanta… Soirée magique…