Tcheka lauréat

Comme chaque année, RFI récompense un artiste du continent africain, des Caraïbes ou de l'Océan Indien, avec le prix RFI musiques du monde. Cette année, à Dakar, c'est le capverdien Tcheka qui remporte le trophée, l'occasion pour lui de se produire devant un public amateur de musique et de côtoyer d'autres artistes comme le rappeur Didier Awadi, autre lauréat du prix, en 2003.

Prix RFI musiques du monde 2005

Comme chaque année, RFI récompense un artiste du continent africain, des Caraïbes ou de l'Océan Indien, avec le prix RFI musiques du monde. Cette année, à Dakar, c'est le capverdien Tcheka qui remporte le trophée, l'occasion pour lui de se produire devant un public amateur de musique et de côtoyer d'autres artistes comme le rappeur Didier Awadi, autre lauréat du prix, en 2003.

   En savoir plus sur les trois finalistes : Ba Cissoko - Naneth - Tcheka

 

 A l'Institut français Leopold Sedar Senghor, non loin de la célèbre avenue Ponty rebaptisée par la suite Pompidou, l'effervescence est grande. L'entrée est envahie par une foule qui vient ce jeudi 10 novembre assister à la finale du Prix RFI musiques du monde 2005. La bousculade augure de ce que sera la soirée, chaude et enthousiaste.

Comme chaque année, le prix RFI Musique du monde est décerné à un artiste ou un groupe d'Afrique, des Caraïbes ou de l'Océan Indien. Ce soir-là, le jury emmené par Jacob Desvarieux, un des piliers du groupe antillais Kassav départage les trois finalistes du Prix, le Guinéen Ba Cissoko, la jeune gabonaise Naneth et enfin le chanteur et guitariste capverdien Tcheka.

Chacun se présente sur scène avec ses musiciens, l'un après l'autre. Les membres du jury qui ont déjà écouté les albums de ces artistes vont à ce moment-là juger aussi leur prestation scénique. L'appréciation du public joue sans aucun doute un rôle de baromètre même si l'on sait que les différents ressortissants des pays représentés encouragent un peu trop facilement  leurs compatriotes, qu'ils soient donc capverdiens, gabonais ou encore guinéens. Ce qui fait dire à l'animateur de la soirée Claudy Siar : "Mais y a t'il quand même des Sénégalais ici ce soir !"

Au delà des nationalités, les styles représentés sont assez éclectiques, ce qui fait dire à un des membres du jury, qu'il est donc très difficile de choisir car il y a peu d'éléments de comparaison entre le groove mandingue de Ba Cissoko, le hip hop métissé de soul gabonaise de Naneth ou encore le batuque capverdien de Tcheka. Tous sont pourtant applaudis avec le même enthousiasme.

 

   A la fin des trois sets du concert, après une délibération relativement rapide, Jacob Desvarieux vient annoncer le résultat : Tcheka remporte le Prix RFI Musique du monde 2005. Jeune homme à l'allure timide, musicien de talent, le Capverdien a su séduire le jury grâce entre autres à un concert maîtrisé et à un charisme naissant.

 La soirée se termine par un concert de la vedette sénégalaise Coumba Gawlo, connue internationalement pour une interprétation il y a quelques années d'une énième version du tube de la grande Myriam Makeba, Pata Pata.

Les lendemains sont durs pour ceux qui n'ont pas gagné et la déception peut se lire sur certains visages. Pour Tcheka, la situation est un peu différente puisqu'il faut désormais qu'il réponde aux questions des journalistes et qu'il donne quelques interviews. Il a maintenant deux jours pour se préparer à un nouveau challenge, son passage sur la grande scène du stade Iba Mar Diop, en compagnie de deux stars de la musique sénégalaise, autres lauréats du Prix RFI musiques du monde, Abdou Guité Seck (qui jouait alors avec le groupe Wock) et le rappeur Didier Awadi.

Samedi 12, les choses sont mal engagées. En effet, une panne de courant vient retarder considérablement le début du concert. Le public du stade Iba Mar Diop patiente jusque vers 22h, moment où débute enfin le set de Tcheka. Toujours aussi impeccable dans son jeu, le musicien donne à entendre les variations du créole qu'il chante, avec douceur ou avec force. Naneth, vient le rejoindre sur scène pour un exceptionnel duo, Tcheka se prêtant facilement à cette joute stylistique. Un charme indubitable, une langue tout en volutes sonores, un rythme parfois endiablé, le jeune homme réussit son pari et séduit le plus grand nombre.

 

 La star du rap sénégalais, Didier Awadi

, enchaîne avec son show lui aussi bien maîtrisé. Là où Tcheka jouait avec trois musiciens, Awadi convoque sur scène une bonne dizaine de ses acolytes dont quatre véritables musiciens (kora, batterie, guitare et claviers). Le 'Awadi system' occupe donc la place et sous la direction du boss, assure un set bien mené. Le public a pour l'occasion la possibilité de venir s'agglutiner devant la scène et l'échange entre les deux parties est plutôt fort. Il faut dire que Didier Awadi ne mâche pas ses mots. Ceux qui assurent le spectacle sur scène sont tous affublés d'un t-shirt "Stoppez les". Awadi assène des propos plutôt clairs "Stoppez les, ce sont les voleurs de la République", dénonçant ainsi les excès de quelques uns qui roulent dans des "voitures avec des plaques AD" (ndlr : celle de l'administration). Un réquisitoire bien enlevé contre la corruption. Le flow est toujours aussi percutant et là où certaines critiques estiment qu'il s'est quelque peu "americaniser" (perdant son âme au passage) le rappeur, tout de blanc vêtu, démontre ici s'il en était encore besoin, son grand professionnalisme.

 

   Vers minuit et demi, le troisième invité de la soirée, Abdou  Guité Seck, vient clore la programmation. Accompagné lui aussi d'une dizaine de musiciens, le chanteur sénégalais originaire de Saint-Louis, enflamme le public et fait danser les aficionados. Dans la tradition du spectacle tel que l'a initiée le grand frère Youssou N'Dour, Abdou Guité Seck est un digne représentant de la musique de ce pays.

Une soirée donc qui se poursuit tard dans la nuit et qui vient clore l'édition 2005 du Prix RFI Musique du monde. L'année prochaine, la finale du Prix devrait avoir lieu dans un pays d'Afrique centrale ... en attendant un musicien Tcheka rentre chez lui avec un grand sourire et un trophée mérité.