27 juillet : Agnès Bihl et Anis en scène

Décidément, la jeune scène française secoue les Francos  ! Après le charme ténébreux mais un tantinet dépressif de Mick est tout seul et de Barbara Carlotti, c’est au tour de la pinçante Agnès Bihl et du swinguant Anis de faire grimper l’applaudimètre… Dans des conditions pourtant pas idéales. Qui a dit que la chanson française ne se réinventait pas ?

Entre gouaille et swing

Décidément, la jeune scène française secoue les Francos  ! Après le charme ténébreux mais un tantinet dépressif de Mick est tout seul et de Barbara Carlotti, c’est au tour de la pinçante Agnès Bihl et du swinguant Anis de faire grimper l’applaudimètre… Dans des conditions pourtant pas idéales. Qui a dit que la chanson française ne se réinventait pas ?

Honneur aux dames... Ou plutôt aux jeunes femmes. Agnès Bihl a la petite trentaine bondissante, un sourire éclatant et une plume aussi aiguisée qu’une flèche. Voilà tout juste dix ans qu’elle chante dans les petits lieux de Paris et d’ailleurs. Succès confidentiel mais toujours grandissant. La preuve. A Montréal, cette journée était un peu la sienne : à 15 heures, dans une petite salle de conférence, la blondinette à l’humour assassin est présentée aux journalistes. Pourquoi elle ? Agnès Bihl avait remporté l’an passé le Prix Félix Leclerc, elle est donc invitée cette année à chanter aux Francos. Du haut de son estrade, devant les caméras et les micros de Radio Canada, elle a l’air de balancer entre le plaisir et la timidité. Répondre aux questions, qui reviennent plus vite qu’un refrain de chanson. "Agnès Bihl, ça vous apporte quoi, ce prix-là ?" : l’opportunité de se faire entendre de ce côté-ci de l’Atlantique.

Démonstration trois heures plus tard, sur l’une des scènes extérieures du festival. Pas de chance : le ciel d’un bleu parfait depuis cinq jours vient de virer au gris foncé, et de grosses gouttes insistantes s’abattent sans merci sur le site et sur le public… Qui reste malgré tout. Et même, qui grossit au fil des titres. La gouaille d’Agnès Bihl, son écriture engagée, parfois enragée et souvent impertinente, est issue de la lignée des Brassens, des Anne Sylvestre ou des Renaud. De l’art bien français, en somme. Sous son ciré translucide, une dame n’en revient pas : "Je la trouve formidable ! Quelle maîtrise du langage !" Agnès Bihl rejoue demain samedi, sur la grande scène. Si le soleil est de la partie, elle devrait une fois de plus emballer son monde.

Pour Anis, c’est dans la poche. En dépit d’une programmation tardive (23 heures), d’une salle clairsemée et d’une notoriété microscopique, le chanteur vient de s’imposer d’emblée comme l’une des révélations du festival. Swing communicatif façon Nouvelle-Orléans ou reggae, bonne humeur partageuse, remerciements chaleureux et mix audacieux avec la complicité de DJ Zebra (qui ose mêler son titre Cergy  à un classique des Cure, Close to me…). En une heure de set ronflant, Anis a fait décoller l’ambiance du Spectrum. Chez lui, les influences se croisent sans jamais s’écraser, dans des morceaux joliment kaléidoscopiques. De quoi convaincre ceux qui en doutaient encore que non, décidément, la jeune chanson ne ronronne pas.

Valérie Lehoux

A écouter

chantant sur la Grande scène des Francos (3'54)

 

(2'32)