Vu d'ailleurs Mars 2006
Quinze ans après sa mort, Serge Gainsbourg revient dans les bacs comme sa muse, Jane Birkin, désormais émancipée de sa plume. Dans l’actualité de ces dernières semaines, le poète amoureux des femmes aurait sûrement apprécié la jeune garde de la chanson (Françoiz Breut) et les lolitas d’aujourd’hui (Olivia Ruiz).
Gainsbourg et les lolitas
Quinze ans après sa mort, Serge Gainsbourg revient dans les bacs comme sa muse, Jane Birkin, désormais émancipée de sa plume. Dans l’actualité de ces dernières semaines, le poète amoureux des femmes aurait sûrement apprécié la jeune garde de la chanson (Françoiz Breut) et les lolitas d’aujourd’hui (Olivia Ruiz).
Plus grand mort que vif. C’est l’ironie Gainsbourg. Longtemps cantonné dans l’ombre de ses interprètes, l’homme à tête de chou mettra des années pour connaître le succès lui-même. La génération 80 l’a fait roi et, depuis sa disparition, le 2 mars 1991, il jouit d’un culte qui dépasse largement les frontières. Au cimetière du Montparnasse à Paris, sa tombe, lieu de pèlerinage particulièrement couru ces temps-ci, rassemble à un bric-à-brac baroque : paquets de Gitane, tickets de métro, briquets et faux billets au milieu de fleurs et d’un chou affublé d’une paire de lunettes noires.
Pour le quinzième anniversaire de sa mort, les hommages pleuvent mais celui qui retient l’attention de la presse étrangère est l’album Monsieur Gainsbourg Revisited (Barclay). "Cat Power, Franz Ferdinand, Portishead, Feist, le meneur de R.E.M. Michael Stipe, Marianne Faithfull et l’icône des 60’s Jane Birkin ont tous contribué" au projet, explique le magazine américain Rolling Stone (28/2). "De nombreuses chansons ont été attaquées en duo, par groupe de trois ou toute autre combinaison d’artistes, comme Cat Power et le top model Karen Elson reprenant I Love You (Me Either), Kid Loco et Jarvis Cocker de Pulp confessant I Just Came To Tell You That I’m Going, Marianne Faithfull chantonnant Lola R. For Ever avec les superstars reggae Sly et Robbie, et Françoise Hardy, Faultline et Brian Molko de Placebo travaillant sur Requiem For A Jerk." (Chattanooga Pulse, Etats-Unis, 22/2). Mais les copies n’égalent jamais l’original, c’est là que le bât blesse. "Un collectif de stars anglophones rend un hommage de mauvais goût au provocateur français", résume le quotidien anglais The Observer (19/3) à l’instar du canadien Toronto Sun (21/3) : "Comme beaucoup de disques hommages, Monsieur Gainsbourg Revisited est une affaire hasardeuse."
Lolitas
Hasard du calendrier ? Jane Birkin, l’ex-compagne et plus célèbre muse de Gainsbourg, lolita haletante sur le standard Je t’aime… moi non plus, devenue l’Anglaise préférée des Français, tourne la page Arabesque et sort un album, Fictions (Capitol), où elle s’affranchit une fois de plus de la plume de son Pygmalion. "Neil Hannon, The Divine Comedy, The Magic Numbers, Beth Gibbons, Rufus Wainwright ou Dominique A comptent parmi les auteurs des chansons de ce nouveau CD. L’ancien guitariste des Smiths, Johnny Marr, a signé les arrangements des douze titres de Fictions" au son résolument très britannique (La Voz de Galicia, Espagne, 20/3).
Musical ou esthétique, l’influence du couple Gainsbourg-Birkin souffle aussi sur les artistes de France. Ainsi, "la Française Françoiz Breut n’est pas une chanteuse correcte", plaisante le quotidien de Hambourg Abendblatt (9/3), qui la présente à ses lecteurs comme "une diva au souffle court à la Jane Birkin". Avec son disque Une saison volée (Tôt Ou Tard) salué par la critique, Françoiz Breut était en Allemagne l’une des vedettes de la tournée Le Pop On Tour, où elle partageait l’affiche avec Mathieu Boogaerts. Face à l’élitiste Breut, la jeune Olivia Ruiz est en passe de réussir un exploit : faire oublier son passé de "star académicienne". Son style évolue et séduit un nouveau public jusqu’au Liban, où elle se produisait pour la première fois le 7 mars dernier. "Mélangeant le Nick Cave des débuts avec le cabaret français des années 1920 et une pincée de rock, Olivia Ruiz, 26 ans, a captivé le public du Music Hall, dans le centre de Beyrouth." (The Daily Star, Liban, 9/3). Les voyages forment la jeunesse, mais pas seulement.
Chao à Cuba, Jonasz en Israël
"Après des années pendant lesquelles Enrico Macias était le seul chanteur français à se produire en Israël"