Les Trans s’élancent à Rennes

Les TransMusicales de Rennes campent toujours aux avant-postes des musiques d’aujourd’hui, en accueillant une soixantaine de jeunes groupes – la plupart inconnus - venus des quatre coins du globe. Le festival, qui s’est installé depuis trois ans en périphérie pour cause de travaux dans la grande salle du centre, réinvestit partiellement la ville l’après-midi, dans la mythique salle de la Cité. A découvrir le duo Gong Gong programmé jeudi 7 décembre.

28e édition du festival breton défricheur

Les TransMusicales de Rennes campent toujours aux avant-postes des musiques d’aujourd’hui, en accueillant une soixantaine de jeunes groupes – la plupart inconnus - venus des quatre coins du globe. Le festival, qui s’est installé depuis trois ans en périphérie pour cause de travaux dans la grande salle du centre, réinvestit partiellement la ville l’après-midi, dans la mythique salle de la Cité. A découvrir le duo Gong Gong programmé jeudi 7 décembre.

Il est là depuis tellement longtemps, ce festival, qui se déploie au moment où les premiers frimas de l’hiver nimbent la capitale bretonne, qu’on l’appelle communément les Trans. C’est oublié qu’il s’intitule exactement les Rencontres TransMusicales. Simple coquetterie lexicale ? Pas sûr. Si les organisateurs tiennent tant à ce premier mot, c’est qu’il résume bien le projet de ces quatre jours d’effusions soniques : être le lieu du télescopage insolite, du rapprochement risqué. Bref, contenir la part de risque qu’induit toute rencontre. Une prime à l’audace qui se radicalise encore davantage cette année, puisque le programme est vierge de toute tête d’affiche.

Exit les Beastie Boys et autres Fugees qui avaient pu attirer le chaland lors des dernières éditions. Jean-Louis Brossard, l’inébranlable patron des Trans, ne s’en émeut pas, au contraire : "Il n’y a que des jeunes groupes !, lance-t-il avec satisfaction. De toute façon, on n’a pas les moyens de s’offrir des stars." Le 28e rendez-vous rennais continue donc de camper aux avant-postes de la création d’aujourd’hui en proposant une photographie partielle des musiques venues du monde entier.

On y verra du rap palestinien (Dam, samedi 9), du reggae sierra-léonais (Sierra Leones’s Refugee All Stars, vendredi 8), ou encore du folk argentin (Juana Molina, samedi 9). Côté francophone, la palette est aussi très large, entre le métissage maloya-gitan de Danyel Waro & Titi Robin (jeudi 7), le beatbox virtuose d’Ezra (vendredi 8) et l’electro à déchaîner les dancefloors de Justice et Cassius (vendredi 8 et samedi 9).

Découverte à venir : Gong Gong

Ce jeudi 7 décembre, au milieu d’un contingent de groupes pop rock anglo-saxons, le jeune duo Gong Gong lâchera les beats electros qu’il a minutieusement concassé dans son premier album. Laughing with the moon évoque la musique ouvragée et virtuose d’un Amon Tobin, avec des œillades au jazz qui rappelle les productions de Ninja Tune. Thomas Baudriller et Jean-Christophe Baudouin ont d’ailleurs frappé à la porte du label anglais, mais c’est F-Com, la maison de disques de Laurent Garnier, qui a finalement dit banco. Après une attente de six mois. "Pendant ce temps, nous avons pu bosser la scène, ce qui a aussi séduit le label."

 Les deux membres de Gong Gong se sont rencontrés à Poitiers, mais c’est à Nantes que l’aventure a pris son envol, il y a deux ans et demi. Ils ont déjà dix ans de groupes rock dans les baskets quand ils s’achètent des machines. Sans tirer un trait sur le passé : à côté du laptop, ils conservent contrebasse, guitare et batterie. "L’idée est de prendre le contre-pied du live de DJ, on veut qu’il y ait de l’interaction." Ils mouillent donc le maillot à chaque morceau (l’un, de profil, derrières ses tambours, l’autre courbé sur sa contrebasse), et s’adjoignent les services d’un VJ qui diffuse des images simultanément sur plusieurs écrans qui se déploient en divers endroits de la scène, au fil du set.

Le dispositif avait encore besoin de rodage lorsqu’on les a vus, à Nantes, en octobre dernier, mais la combinaison machines/instruments offre des potentialités scéniques que le duo exploite déjà largement.