Justice efficace et œcuménique

Leur premier album " † " attendu comme le messie de l’électronique française, enchaîne des tubes accrocheurs aux sons saturés, à des titres teintés de pop des années 1980. Enfants putatifs des Daft Punk, à la fois iconoclastes et dévastateurs, le duo parisien Justice, Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, avait avant cela, embrasé les clubs de la planète avec leur remix de l’entêtant We are your friends de Simian, puis leur maxi Waters of Nazareth. Rencontre.

Un très attendu premier album

Leur premier album " † " attendu comme le messie de l’électronique française, enchaîne des tubes accrocheurs aux sons saturés, à des titres teintés de pop des années 1980. Enfants putatifs des Daft Punk, à la fois iconoclastes et dévastateurs, le duo parisien Justice, Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, avait avant cela, embrasé les clubs de la planète avec leur remix de l’entêtant We are your friends de Simian, puis leur maxi Waters of Nazareth. Rencontre.

D’où venez-vous musicalement ? Du rock ? De la techno ?
Xavier : De la pop en général. Mais aussi du rock et du hip hop… Snoop Dogg, Metallica, Public Enemy ou Prodigy, par exemple.

Gaspard : Personnellement, Nevermind de Nirvana a été le gros truc. Je ne saurais pas trop dire pourquoi. Tout le monde écoutait ça, moi aussi. En electro, Homework des Daft Punk est le premier album que j’ai écouté.

Chacun de votre côté, vous avez fait partie de groupes de rock au lycée…
Xavier : Cela a été bref et épisodique ! On ne parlait pas un mot d’anglais, on faisait des reprises de rock californien sucré…

Gaspard : En fait, je pense qu’on s’investissait dans ces groupes comme dans tout autre loisir. Et la console de jeux a souvent pris le dessus !

En quoi cette expérience influence-t-elle votre musique aujourd’hui ?
Xavier : En fait, nous n’aimons pas les mêmes choses. Plutôt qu’un bagage musical, cela nous permet de savoir ce que l’on ne veut pas faire musicalement, ce que l’on ne veut plus assumer.

Votre premier titre, désormais introuvable, était une reprise des éphémères Buggles.
Xavier : On ne voudrait pas trop que les gens le retrouvent, c’était drôle mais on ne l’assume pas vraiment. Il ne manquera pas à l’histoire de la musique…

Gaspard : Mais nous sommes fascinés par leur premier album, qui réunit beaucoup de styles que nous aimons : un peu d’électronique, de pop, de classique… Leur façon de faire également, comme duo autonome…

Vous avez le même manager que Daft Punk, Pedro Winter. C’est un bon lanceur de tendance ?
Xavier : Ce n’est pas une stratégie de communication, c’est plus de la cuisine. Par exemple, sur son label Ed Banger, il signe juste des artistes qui lui plaisent. Il a de bonnes idées et il est malin. Tout se fait par des rencontres, plus ou moins décisives, mais le réseau ne fonctionne pas toujours.

Vous êtes tous deux graphistes, l’image est importante dans votre communication. Pourquoi une croix comme emblème ? Et ce slogan : "Séparés à la naissance… réunis pour la revanche" !
Gaspard : Nous avons laissé carte blanche au graphiste du label, So Me. Nous ne nous sommes absolument pas occupés du graphisme. Cela nous a permis de prendre du recul et de nous consacrer seulement à notre musique.

Xavier : La croix ? Dieu seul le sait ! C’est une idée de nous trois. Quant à la phrase, il en fallait une pour notre page sur MySpace, elle est tirée du film Double Impact avec Jean-Claude Van Damme ! Donner peu d’informations, cela rend tout plus amusant : les gens se demandaient si nous étions jumeaux, chrétiens ou gays ! (rires)

Vous sentez-vous plus proche du son de l’Allemand DJ Hell ou du Britannique Erol Alkan ?
Gaspard : Erol Alkan, définitivement.

Xavier : Notre remix de Simian a été signé un an après sa sortie, en plein boom electro-clash, par DJ Hell sur International Deejay Gigolo (après Vitalic, Miss Kittin ou David Carretta, NDLR). Son label a une image et une notoriété très fortes, cela nous a ouvert les portes de beaucoup de clubs à l’étranger. Nous étions DJs toutes les semaines dans des boîtes différentes. Mais nous n’avons vraiment pas le même son que les autres productions Gigolo.

N’étiez-vous pas tentés de faire des tubes, puis de les réunir en un album ? Comment avez-vous travaillé ?
Xavier : Une enfilade de tubes dance comme les sept singles de Thriller, pourquoi pas ! Il n’y a pas que des titres dance sur notre album, mais aussi des morceaux à écouter à la maison.

En février 2006, nous nous sommes enfermés dans un mini studio en sous-sol à Paris pendant une année pour préparer cet album, seuls. Pedro et So Me sont passés, ils sont de bon conseil. Car notre principal doute était de faire trop compliqué, trop bizarre ou trop ennuyeux.

La parenté de votre musique avec celle des Daft Punk semble manifeste, qu'en pensez-vous ?
Xavier : C’est un raccourci journalistique : on fait de la techno, nous sommes deux, nous avons le même manager, c’est tout. Mais oui, évidemment, ils font partie, comme d’autres, de ce que nous écoutons.

Définiriez-vous votre musique comme décomplexée ? L’underground et la crédibilité vous importent-ils ?
Xavier : C’est une musique immédiate, légère, pour pleurer ou pour rire, qui joue sur des cordes très simples. Notre musique est faite pour s’amuser. L’underground est le dernier truc qui nous intéresse, on souhaite s’en émanciper au plus vite ! Ce n’est pas notre culture. Et de toutes façons, on est toujours la pute de quelqu’un d’autre…


Justice " † " (Ed Banger/Because) 2007
En tournée internationale : 15 juin : Sonar Festival Barcelone (Espagne), 23 juin : Frankfort (Allemagne), 14 juillet Dour Festival (Belgique), 17 juillet : Londres (Grande-Bretagne)