Le turbulent Booba

Il crée la polémique partout où il passe. Booba, alias Elie Yaffa, est un des poids lourds de ce turbulent rap français, toujours pestiféré auprès des grands médias malgré un indéniable succès populaire. Dès le titre de son nouvel album, on sait que ça va jaser : 0.9 est le terme d’argot désignant la cocaïne pure, Booba se plaçant comme un dealer de son qui propose la meilleure drogue : son rap. Sur des sons lugubres ou teintés de guitares (Salade tomate oignons), Booba multiplie les métaphores hallucinantes et les fulgurances lyriques ("Ma descendance est morte dans un rouleau de Sopalin"). Rencontre dans son magasin de vêtements situé dans son fief de Boulogne, près de Paris.

Métaphores et fulgurances

Il crée la polémique partout où il passe. Booba, alias Elie Yaffa, est un des poids lourds de ce turbulent rap français, toujours pestiféré auprès des grands médias malgré un indéniable succès populaire. Dès le titre de son nouvel album, on sait que ça va jaser : 0.9 est le terme d’argot désignant la cocaïne pure, Booba se plaçant comme un dealer de son qui propose la meilleure drogue : son rap. Sur des sons lugubres ou teintés de guitares (Salade tomate oignons), Booba multiplie les métaphores hallucinantes et les fulgurances lyriques ("Ma descendance est morte dans un rouleau de Sopalin"). Rencontre dans son magasin de vêtements situé dans son fief de Boulogne, près de Paris.

RFI musique : Qu’avez-vous fait entre Ouest Side et 0.9 ?
Booba : Déjà, j’ai fait une tournée qui s’est conclue par le Zénith à Paris, j’ai sorti la mixtape Autopsie volume 2 avec des inédits, et pendant tout ce temps j’ai travaillé sur cet album. L’écriture peut démarrer sans musique, j’écoute la radio et une idée me passe par la tête… Au début, j’écrivais sur n’importe quel instru, mais le rap était plus linéaire, c’était toujours les mêmes BPMs (battements par minute, unité pour exprimer le tempo d’une musique, ndlr). Aujourd’hui, ça a beaucoup évolué, avec le son dirty south il y a des rythmes super lents, saccadés, donc je suis obligé d’écrire sur les sons. J’ai des petites punchlines (répliques cinglantes, ndlr) et des idées notées d’avance. Quand j’ai le son, j’adapte et je trouve le refrain.

Vous avez une image de provocateur. Le titre de votre album va dans ce sens.
De toute façon, je crée toujours la controverse. Le rap est une musique de rebelles, c’est toujours de la provoc’. D’où ça vient ? De banlieue en général, des quartiers, des jeunes avec des parcours un peu difficiles. Je viens du 92 (département des Hauts de Seine, en banlieue parisienne, ndlr), je fais souvent référence aux stupéfiants, et 0.9 c’est la cocaïne pure. J’ai fait un parallèle entre ma musique et la cocaïne, histoire de dire que j’essaie de faire de la 0.9 dans le son. De la pure, quoi.

Vous ne semblez pas obsédé par la respectabilité…
Je n’essaie pas d’aller vers le grand public parce que je ne pense pas du tout au public, je ne pense qu’à moi. Je suis égoïste. Quand je rappe, j’écris pour moi, il faut que ça me plaise à moi. Je suis toujours moi-même, il faut que je sois fier de moi pour que je puisse me regarder dans la glace quand j’écoute mon disque. Même si je fais un truc entre guillemets commercial avec une fille qui chante un refrain, ça n’est pas pour passer à la radio, c’est parce que j’écoute aussi du r’n’b, de la varièt’ ou du rock. Je fais de la musique, dans le but de faire un beau morceau.

L’année dernière, on vous a vu à la Star Academy. Vous comptez y retourner ?
Je pense que j’ai marqué le coup en y allant, quelqu’un comme moi à la Star Ac c’était du jamais vu, le loup dans la bergerie. J’ai chanté avec une fille de la Star Ac dont j’ai oublié le nom, qui a fait juste le refrain. Je suis resté moi-même sauf que je suis passé en prime time devant des millions d’auditeurs. Ça se casse la gueule, donc je ne pense pas y retourner. Peut-être dans une autre émission du genre, mais c’est du business, je suis là pour faire ma promo. A partir du moment où je vais quelque part sans me travestir, sans faire le guignol ni faire rapper des guignols à ma place…

Votre passage à Urban Peace (un concert de hip hop enregistré au Stade de France, ndlr) a été bref, on vous a vu jeter une bouteille de whisky sur le public. Que s’est-il passé exactement ?
On m’a agressé, j’ai répondu, c’est tout. Je ne regrette rien, je ne suis pas fier d’avoir fait ce que j’ai fait, mais je me suis adapté à la situation. Ce que je trouve regrettable, c’est qu’il n’y ait pas eu un dispositif de sécurité pour éloigner les casseurs du devant de scène qui ont lancé des projectiles, des crachats et des insultes sur tous les artistes qui sont passés avant moi. Au bout de trois heures, il faut se réveiller, prendre son talkie-walkie et dire qu’il y a des casse-couilles à évacuer. J’ai du faire justice moi-même. Si ça avait été un événement de variétés ça ne serait jamais arrivé. Déjà parce que le public sait se tenir mais aussi parce que s’il y avait eu du dérapage comme ça, la sécu serait intervenue directement. Là, c’était nous contre le Stade de France, donc on s’en est sorti comme on a pu.

Avec qui êtes-vous en compétition, dans le rap ?
Avec mon voisin de palier, avec n’importe qui. Si tu es un boxeur, la compétition c’est ceux qui sont en haut de l’affiche, mais aussi le petit en train de monter qui s’entraîne tous les jours comme un ouf’, qui fait son footing à cinq heures du mat’ et se gobe six blancs d’œuf au petit déjeuner. Ma compétition, c’est tout le monde, je ne sous-estime personne.

 Ecoutez un extrait de

Booba 0.9 (Tallac Records/Barclay/Universal) 2008
En tournée en 2009