Pagny boom boom
Deux ans après "Savoir aimer", son plus gros succès à ce jour (plus d'1.5 million de ventes), Florent Pagny revient avec "Récréation", un double album de reprises passées à la moulinette techno.
Juke box techno
Deux ans après "Savoir aimer", son plus gros succès à ce jour (plus d'1.5 million de ventes), Florent Pagny revient avec "Récréation", un double album de reprises passées à la moulinette techno.
Est-ce la faute au charme lointain de la Patagonie où il a élu domicile avec femme et enfant, celle des centaines de têtes de bétail qu'il possède sur 4.000 hectares, ou bien celle de la pêche, de la moto ou de l'équitation, ses passions ? Quoiqu'il en soit, depuis "Savoir aimer", son meilleur album à ce jour, Florent Pagny donne l'impression de ne plus beaucoup se fatiguer. Après son CD live de l'an passé, couronnant une tournée triomphale, un album de reprises (certes double) marque ainsi son retour en studio, et par là même sur le devant de la scène médiatique.
Nombreuses sont pourtant les reprises qui ont émaillé, parfois avec succès, la carrière de Florent Pagny, de "Caruso" à "Comme d'habitude". Sur le papier, la justification pour habiller cette "Récréation" en véritable nouveauté tient la route. A l'aube de l'an 2000, expliquait récemment Florent Pagny dans diverses émissions de télévision, l'idée lui est venue de sélectionner quelques-unes unes de ses chansons favorites du siècle et de les relifter à l'aide de la technologie pour les aider à passer sans une ride le seuil du prochain millénaire. Ce qui donne, au final, une sélection de 17 titres archi-connus entièrement réorchestrés techno : "Requiem pour un con" (Serge Gainsbourg), "Chère amie" (Marc Lavoine), "Les parfums de sa vie" (Art Mengo), "SOS amor" (Alain Bashung), "Vendeurs de larmes" (Daniel Balavoine), "Hygiaphone" (Téléphone), "Heures hindoues" (Etienne Daho), "Voilà c'est fini" (Jean-Louis Aubert), ainsi que "J'oublierais ton nom" de son pote Johnny (avec la chanteuse Ginie Line dans le rôle de Carmel).
Techno attitude
De Léo Ferré ("Jolie môme") à Trust ("Antisocial"), "Récréation" est censé réunir toutes les générations, transmettre aux ados de 1999 les airs des idoles de leurs parents et leurs grands-parents, qui, en contrepartie, devront accepter le son nouveau de la techno. La ménagère de moins de 50 ans finira-t-elle en rave ? Pas si sûr… Pour celui qui a toujours revendiqué une certaine rock'n'roll attitude, ce virage techno à presque 40 ans peut laisser dubitatif quant à la sincérité de la démarche. L'homme qui a connu il y a plusieurs années, une première traversée du désert, cherche visiblement une nouvelle voie pour ne pas se répéter. Mais est-ce la bonne ?
Aujourd'hui en haut de l'affiche, Florent Pagny aurait pu choisir d'apporter autrement qu'en simple interprète sa contribution à l'histoire de la chanson française, en confiant à des auteurs le soin de formuler ses sentiments (la chanson "Savoir aimer" en est le parfait exemple). Si l'interprète est toujours présent, le créateur s'est mis volontairement sur la touche. Pourtant, les auteurs se bousculent au portillon des stars de la chanson pour proposer leurs services, et, en la matière, de Jean-Jacques Goldman à Pascal Obispo, Florent Pagny n'en manque pas. Vivement la fin de cette "Récréation"-là qui n'apporte pas grand chose à la chanson, encore moins à la techno.
Une parenthèse extra musicale, pour finir. Dans chaque CD, Florent Pagny a tenu à faire encarter un bulletin d'informations sur les activités de l'association ELA France, qui lutte contre l'adrénoleucodystrophie, une maladie génétique rare et particulièrement grave. L'initiative, généreuse, méritait d'être soulignée.
Florent Pagny Récréation (Mercury/Universal) 1999