Mickey 3D

Troisième album pour Mickey 3D, figure d’une scène rock hexagonale qui n’en finit plus d’étoffer son parterre de VRPs. Sans changer de recette - engagement socio-politique, coups de gueule -, le groupe a pris son temps pour la fignoler. Avec une production solide, des morceaux cohérents, l’album est entré directement à la treizième place des ventes ! RFI Musique a rencontré Mickey, la tête de proue du groupe.

Tu vas pas mourir de rire.

Troisième album pour Mickey 3D, figure d’une scène rock hexagonale qui n’en finit plus d’étoffer son parterre de VRPs. Sans changer de recette - engagement socio-politique, coups de gueule -, le groupe a pris son temps pour la fignoler. Avec une production solide, des morceaux cohérents, l’album est entré directement à la treizième place des ventes ! RFI Musique a rencontré Mickey, la tête de proue du groupe.

Le morceau que tu as composé pour Indochine, J’ai Demandé à la Lune cartonne actuellement. Avant, c'était à Jean-Jacques Goldman que l’on commandait un tube, maintenant c’est à toi ?
Oui ! C’est super (rires). Mais pour moi, c'est la première fois. Nicola (Sirkis, ndlr) voulait des collaborations pour leur disque, donc il a demandé à Jean-Louis Murat et à moi, pas à Goldman. Je lui ai envoyé deux chansons juste guitare-voix. Il a bien aimé La Lune, l’a enregistrée et voilà ce que c’est devenu (un million d'exemplaires vendus, ndlr).

Le succès arrive juste avant la sortie de votre nouvel album, c’est plutôt bon pour la promo ?
Les gens savent maintenant que nous avons écrit le morceau et s’intéressent effectivement plus à notre musique.

Contrairement aux albums précédents où vous rôdiez les morceaux sur scène avant de les coucher sur bandes, vous avez pris cette fois-ci un an pour composer. Comment aborde-t-on une telle période devant soi ?
Premièrement, on en avait besoin, c’était vital. Soit on arrêtait de faire de la musique, soit on prenait une année sabbatique. On avait passé trois ans à faire concert sur concert, partout, puisque l’on avait beaucoup tourné avec Louise Attaque et ensuite seuls. Les deux albums se sont enchaînés sans pour autant s’arrêter de tourner. Le deuxième a d’ailleurs été enregistré durant les tournées. D’où l’envie de s’arrêter une année complète, se poser, réfléchir au calme et uniquement à l’album, aussi ne pas jouer les morceaux ailleurs qu’en studio.

Pascal Colombier s’est chargé de l’enregistrement, son travail précédemment avec Carla Bruni a-t-il déteint sur l’album ?
Il n’a pas été contacté pour ou parce qu’il avait travaillé avec elle, Les Innocents et Daho, mais parce que c’est un vieux pote de lycée. J’ai commencé à faire de la musique avec lui, nous avons le même âge. Il a fait son chemin à Paris, les studios et tout ça et un jour, on lui a dit "Pascal tu ne veux pas retourner chez ta mère, passer l’été au soleil à la campagne? On se fera des barbecues, des parties de pétanque et tu nous aideras à enregistrer le disque?"…

C’est un vrai choix de s’éloigner de l’aspect bricolo des disques précédents ?
C’est toujours un peu bricolo parce beaucoup de prises ont été faites de notre côté, à la campagne. Et puis techniquement, ce n’est quand même pas le gros son à l’américaine, pas question de passer du côté super production super léchée. Mais nous sommes un peu entre les deux maintenant.

 

C’est vraiment emballant Tu vas pas mourir de rire. Pourquoi ce titre ?
Pour prévenir l’acheteur qu’il ne va pas mourir de rire en l’écoutant. Les gens aussi, même s’ils savent maintenant suffisamment qu’avec tout ce qui se passe, on ne sait pas de quoi l’on va mourir : de ce que l’on respire, de ce qu’on mange mais certainement pas de rire en tout cas. Le titre résume bien l’esprit du disque.

Commencer par Amen, c’est enfoncer un peu plus la provocation du titre ?
Non, ce n’est pas forcément une chanson négative. C’est une chanson pour louer la beauté de la nature, et quoiqu’il nous arrive, quoiqu’il se passe, on reste entouré d’un truc beau que nous détruisons.

Tu parles des Harkis, de la pollution alors que l’on attendrait plutôt la mondialisation, le terrorisme, les guerres, très présents actuellement ?
La mondialisation est un thème abordé dans quelques chansons, à travers la pollution dans Respire par exemple. Je parle de ces structures puissantes dévouées au fric et contre lesquelles on ne peut rien faire. Elles sont en train de tout bouffer, de tout contrôler, et nous en sommes les esclaves. Même si d’une certaine manière, sans avoir fait la révolution à tant, nous y avons peut-être contribué. Donc nous subissons, comme le feront nos petits-enfants et les suivants.

Rester revendicatif dans tes textes est-il toujours aussi important ?
Je dirais maintenant plutôt désabusé qu’engagé, un peu défaitiste. J’ai une vision assez pessimiste de ce que je vois tous les jours. Mais si dans le futur, il y a encore des gens qui flirtent avec l’optimisme, qu’ils m’expliquent. Ce qui va se passer et ce qu’il faut faire pour que tout aille mieux.

 

Civilement, comment se concrétise ton engagement ?
Je ne fais pas partie d’un mouvement politique, je suis juste un citoyen qui ouvre sa gueule. Nous faisons partie du milieu associatif, notre association rock organise des concerts, quelques fois humanitaires, pour le Burkina notamment. C’est le milieu associatif qui fait avancer la culture en France, et non seulement la culture à travers des actions comme Les Restos du Cœur ou Emmaüs. Rien de tout ça n’est créé par l’Etat ! Tout cela passe par le milieu associatif, le bénévolat, la volonté des citoyens de se prendre en main et d’ainsi faire avancer les choses. Contrairement à la politique. D’ailleurs ça les arrange bien, ça débarrasse, les gens qui crèvent dehors sont pris en charge par d’autres, ils se disent: "Tant mieux".

Ton attachement à l’univers de l’enfance dans tes textes, c’est justement ce regard sur l’innocence perdue et les difficultés du monde adulte ?
Je pense que c’est plutôt pour revenir à quelque chose de pur, d’innocent, de naïf, les enfants sont peut-être l’espoir, le seul. C’est aussi peut-être une nostalgie où tu ne te prends pas la tête pour des trucs. C’est peut-être la meilleure période de ta vie, sauf quand l'enfance est difficile. Mais le thème n’est jamais traité de la même manière dans les chansons. Un coup, c'est autobiographique, un autre ça parle des enfants travailleurs pendant la guerre, du monde vu à travers les yeux d’un gamin…

Qui est l’espèce d’Angus Young édentésur la pochette ?
On ne sait pas quel âge il a, ni d’où il vient. Un de nos copains a des quantités énormes de clichés achetés au marché aux puces, de vieux négatifs encore sur plaque de verre datant d’avant 1930. Il a plus de 3000 photos chez lui et celle-ci nous a fait flasher. En tout cas il colle bien avec l’esprit bancal de l’album.

Les mélanges sont encore plus marqués sur cet album : rap, world, années 80 ?… La curiosité est-elle synonyme de maturité?
Pas forcément de maturité, mais cette fois, on considère le disque fini, contrairement aux précédents où il y avait toujours des regrets. Les années 80, c’est moi car c’est ce que j’écoutais à l’époque. Mais on a tous des goûts différents. Najah amène le côté oriental, Jojo touche plus à l’électronique et moi le côté folk. On aime bien mélanger le tout et surtout ne pas s’arrêter à un style. Je sais que le prochain, je le voudrais plus léger. C’était déjà prévu pour celui-ci mais certaines choses dans l’actualité ont fait que je me suis énervé...

Vous vous sentez proches de groupes comme Tue-Loup installés à la campagne, tournant le dos au parisianisme ?
Aimer la campagne, c’est un fait. Si tu y es né, tu t’emmerdes en ville, et inversement. On ne veut pas faire partie d’un mouvement anti-parisien, on reste chez nous et on y tient. Notre équilibre s’y trouve, nos amis, nos parents… Pourquoi le quitter ?