Les Nouvelles tendances du jazz
Secteur sinistré en termes de distribution, le jazz reste très actif au niveau de la création. La preuve par quatre labels, nouveaux venus dans le paysage des musiques improvisées en version française.
Petits labels pour grandes oreilles
Secteur sinistré en termes de distribution, le jazz reste très actif au niveau de la création. La preuve par quatre labels, nouveaux venus dans le paysage des musiques improvisées en version française.
Du jazz dans les boucles électroniques? Plush, "un label du vingt-et-unième siècle", a été créé au virage de l’an 2000 par Steve Argüelles, batteur et recycleur. Depuis, celui qui fut l’un des hommes de mains de Katerine et qui vient de produire le récent Mulatos d’Omar Sosa est devenu l’une des têtes chercheuses de la sphère électro-jazz. À son actif, une petite dizaine de disques à l’esthétique aussi sublime que minimale, à l’éthique faite de paris et de parti pris. Une pochette qui se résume à un étui carton percé de couleur, une durée d’écoute qui n’excède pas quarante minutes, un prix modique (guère plus de dix euros), ce label rappelle les bons vieux sculpteurs de vinyle. En musique, cette histoire de famille ne joue jamais la carte de la nostalgie. C’est même tout l’inverse qui est en jeu dans cet élégant catalogue où figurent We Da Man, somme de prises directes entre vibrations acoustiques et pulsations mécaniques d'Ambitronix, mais aussi le formidable Piano Book, du pianiste Benoît Delbecq, véritable alter ego de Steve Argüelles. Avec le temps, Plush a intégré la machine et l’improvisation dans de plus vastes sphères, interrogeant l’identité même de l’hybride jazz. "Même si au commencement était le sample, la boucle comme la machine sont maintenant domptées pour devenir l’outil de l’impulsion, le prolongement des doigts et non plus le carcan que l’on eu connu." Pour 2005, devraient paraître Walk Freaky de Dr Bone, Stills de Rod Packe, Sock It To 'em! des Ambitronix.
Yolk : un collectif en forme de label
"Nous fêterons nos cinq ans en avril avec la sortie du disque du Gros Cube, premier album produit à 100% par Yolk. Ce disque constitue le projet le plus ambitieux que nous ayons mené jusqu'ici." Quand le saxophoniste Alban Darche, le contrebassiste Sébastien Boisseau et le tromboniste Jean-Louis Pommier ont fondé Yolk, c’était avant tout pour "créer un outil complet pour les musiciens du collectif et accueillir les auto-productions", mais aussi structurer la diffusion des concerts et activités pédagogiques. "On va développer dans un futur proche la distribution et l'édition."
Il est ainsi question de stations de gravage pour "pouvoir permettre à chacun de se créer sa propre compilation" dans des lieux "proches" de cette association d’improvisateurs surdoués, d’initiatives en forme d’alternatives à la distribution actuelle. Basé dans la région nantaise, ce collectif abrite des jazzmen sans oeillère ni étiquète... On découvre aussi bien des improvisations vertigineuses du quartet Print que le travail mené par François Ripoche sur l’univers des machines, avec Out Of The Blue, ou encore le Souffle du terroir. Il y a dans cette aventure beaucoup de sérieux, mais aussi ce qu’il faut d’humour, entre les lignes. L’orchestre phare, dirigé par Alban Darche, ne se nomme-il pas Le Gros Cube ? On le retrouvera en 2005, en version instrumentale dès avril, avec des chanteurs en septembre. En outre, deux autres disques viendront en 2005 étoffer ce catalogue : Crlustraude dès février, X'tet vs Buster Keaton en mai.Chief Inspector : beaucoup de bonnes surprises
"Ni revival free jazz, ni électro jazz, ni afro-jazz... Chief Inspector s’est construit non pas autour d’une esthétique, mais plutôt avec des musiciens qui ont en commun influences et d’expériences. Tous ont un background jazz, mais aucun ne s’inscrit dans les courants du jazz tels qu’incarnés par ceux qui sont majoritairement programmés à Paris. Le jazz est quelque chose de tellement plus large..."
Sketch : des classiques de tous les jazz
"Je suis à la recherche d’une musique ni américaine, ni européenne, mais entre les deux. En cinq ans, je suis arrivé a faire tout ce que je voulais artistiquement et à la moitié de ce que j'espérais commercialement. Je suis très fier d'avoir aidé des musiciens qui n'avaient pas la notoriété qui leur est due et d'avoir réalisé des projets majeurs avec des artistes majeurs."