Le double anniversaire de Papa Wemba
Star de la musique congolaise qu’il a contribué à faire connaître sur les scènes internationales, Papa Wemba s’apprête à fêter sur scène ses 40 ans de carrière mais aussi ses 60 ans d’âge en donnant les 17 et 19 juillet deux concerts événements à Kinshasa.
60 bougies, 40 ans de scène et deux concerts
Star de la musique congolaise qu’il a contribué à faire connaître sur les scènes internationales, Papa Wemba s’apprête à fêter sur scène ses 40 ans de carrière mais aussi ses 60 ans d’âge en donnant les 17 et 19 juillet deux concerts événements à Kinshasa.
Il n'y a pas grand monde qui s'est déplacé dimanche 19 juillet à l'Hôtel de la Gombe à Kinshasa pour le deuxième concert-anniversaire de l'artiste musicien Shungu Wembadio, alias Papa Wemba. C'est la saison sèche et il fait froid. Le prix d'entrée, vingt dollars américains, n'est pas à la portée de tout le monde.
Il est minuit lorsque Papa Wemba monte sur le podium, succédant à un groupe de rappeurs et à un jeune orchestre appelé VIP. Blouson en cuir noir, jean kaki, baskets, l'artiste est coiffé d'une casquette noire. La scène est aussitôt envahie par des danseuses et quelques dizaines de fans qui se trémoussent au rythme de l'orchestre Viva La Musica.
Wemba invite le public à venir encore plus nombreux sur le podium pour qu'il puisse chanter. Il procède ensuite à la présentation des musiciens. "Désormais on l'appellera notre père", chante l'un d'entre eux, qui enchaîne : "Notre père qui est sur terre, que ton nom soit cité partout dans le monde..." Une sorte du pater noster version Viva La Musica.
"Nakokufa...", entonne Papa Wemba. C'est la chanson 10e commandement, dont le refrain est repris par le public. Le chanteur garde toujours sa souplesse. Il dégaine son répertoire avec la même voix qu'il y a quarante ans, lorsqu'il commença dans l'orchestre Zaïko Langa Langa.
Parmi les spectateurs, le guitariste Félix Manuaku Waku et le chanteur de charme, Gina Efonge, deux anciens compagnons du Roi de la Sape dans Zaïko. Chacun d'eux est invité sur le podium pour accompagner Papa Wemba. L'occasion également pour Papa Wemba de montrer qu'il est grand-père en présentant deux de ses petits-enfants, adolescents. La jeune fille "fait du piano et excelle dans le chant", explique le grand-père qui joue avec elle, le titre Fa fa fa. "Je suis fière d'elle, elle a du talent", dit Wemba après cette interprétation. C'est pratiquement à l'aube que le concert prend fin, malgré l'insistance du public qui souhaite que le spectacle continue.
Kamanda wa Kamanda-Muzembe
RFI Musique : Quelles sont les festivités prévues à Kinshasa à l’occasion de ces anniversaires ?
Papa Wemba : J’ai eu 60 ans le mois dernier, le 14 juin, mais comme les amis étaient tous partis, on a convenu de faire ces concerts un mois après. Vendredi 17, à l’Hôtel Sultani ce sera un dîner gala avec une partie acoustique et une autre électrique. Et dimanche 19, on fait vraiment la grande fête à l’Hôtel de la Gombé pour le public. Il y a d’autres artistes qui sont invités, entre autres Koffi Olomide, JB Mpiana, Werrason…
40 ans de scène, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Pour ces 40 années sans relâche, je remercie le Bon Dieu. Il peut tout te donner mais si tu ne sais pas comment travailler ton talent, tu n’arrives à rien. C’est vrai que ma vie d’artiste est taillée en dents de scie : il y a des moments forts et des moments faibles. Mais mes échecs n’en sont pas vraiment, parce que je sais que là où j’ai échoué, il faudra que j’essaie de changer mon fusil d’épaule pour travailler autrement. Bien sûr, artistiquement, j’ai de l’expérience. Mais j’ai encore beaucoup de choses à donner, et à apprendre. Dans l’album Emotion, j’avais fait appel à un jeune, Lokua Kanza, et c’est lui qui m’avait amené dans une autre direction musicale.
Quel souvenir gardez-vous de votre première scène ?
Quand j’étais encore ado, dans le quartier où j’ai grandi, on fabriquait nous-mêmes nos guitares. Avec des amis, on allait de parcelle en parcelle quand il y avait une communion ou un baptême et j’étais le seul chanteur de ce groupe-là. À l’époque, on m’appelait Petit Rossi, le diminutif de rossignol parce que j’avais une voix très fine. Donc ma première scène remonte à cette époque. Mais le vrai premier concert, c’est avec le groupe Zaïko Langa Langa il y a quarante ans, en compagnie de Nyoka Longo, Evoloko, Manuaku Waku…
Et votre premier souvenir de studio ?
C’était aussi avec Zaïko Langa Langa. C’était tellement émouvant qu’on avait tous peur. La preuve en est que nous avons tous passé la nuit ensemble. Le studio nous attendait à 10 heures du matin et on n’a pas voulu se disperser, donc on a veillé ensemble dans une même chambre. Et le matin, nous avons fait près de six kilomètres à pied pour aller enregistrer. On appréhendait, et la première séance n’a pas bien fonctionné. Nous sommes revenus le lendemain et cette fois-là, les prises ont été correctes pour faire nos premières chansons.
Après ces concerts anniversaires, quels sont vos projets musicaux ?
Actuellement, je suis en studio. Je travaille parallèlement ici (à Kinshasa : ndlr) et à Paris. Je vais sortir mon album peut-être à la fin de l’année. Il va s’appeler Notre Terre, et je crois que je ne vais pas décevoir mon public de la world music qui m’attend depuis Emotion. Ce sera un album vraiment varié, et un grand voyage. Un répertoire qui correspond au Papa Wemba d’aujourd’hui.
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