Panorama du rock et de l'electro 2007
Des têtes d’affiches (Manu Chao), des révélations (Justice) et des jeunes pousses prometteuses (Fancy), un an de rock et d’électro francophone. Si la musique électronique française s’exporte toujours aussi bien, celle à guitare voyage toujours aussi mal. Une année également marquée par le décès de Fred Chichin, moitié des Rita Mitsouko.
De Air à Yuksek
Des têtes d’affiches (Manu Chao), des révélations (Justice) et des jeunes pousses prometteuses (Fancy), un an de rock et d’électro francophone. Si la musique électronique française s’exporte toujours aussi bien, celle à guitare voyage toujours aussi mal. Une année également marquée par le décès de Fred Chichin, moitié des Rita Mitsouko.
Cette rétrospective commence par une disparition. Fred Chichin, grand échalas effacé derrière la diva Catherine Ringer, s’est éteint d’un cancer fulgurant le 28 novembre dernier. Déjà victime d’une hépatite ces derniers années, Fred Chichin avait du repousser la sortie de Variety, dernier album du groupe. Une très bonne cuvée de 12 titres portée par un projet ambitieux, conquérir l’Angleterre avec une version dédiée dans la langue de Shakespeare.
Fred ChichinManu Chao
Lui, il a conquis quasiment tous les pays. Manu Chao est l’artiste rock français le plus connu à l’étranger. Même s’il vit à Barcelone et que son troisième album La Radiolina ne comporte que peu de titres en français. Un disque sorti en septembre et qui restitue pour la première fois la vitalité sur scène de l’ancien Mano Negra. Emir Kusturica a réalisé une version du clip du premier single Rainin in Paradize.
Le prix du projet le plus ambitieux est décerné à Dionysos pour La mécanique du Cœur, un disque et un livre sortis à l’automne. Des guitares, des cordes, des clochettes, des invités prestigieux (Jean Rochefort, Arthur H, …), le groupe de Valence s’offre une comédie musicale jamais grandiloquente.
Avec son adaptation d’I want you, célèbre tube de Bob Dylan, Kaolin a réussi un des plus jolis coups de l’année. Son troisième album, Mélanger les couleurs s’est vendu comme des petits pains et révèle la vitalité de la scène musicale auvergnate. Du coup, Matmatah avec La Cerise, son quatrième disque fait presque pâle figure. Les Bretons nous ont pourtant offert des titres de rock racé et en français. Mais visiblement rien que les programmateurs radio n’aient trouvé à leur goût. L’automne a vu la sortie à quelques jours d’intervalle des deuxièmes albums de Luke et Déportivo. Si chacun s’est essayé à gommer les évidentes influences de Noir Désir, c’est peut être Déportivo qui s’en sort le mieux avec notamment une excellente reprise d’un succès de Miossec, Aujourd’hui les bières s’ouvrent manuellement.
DeportivoMontevidéo
2007, année de la rupture ! Fancy et The Elderberries ne revendiquent aucune influence musicale française et vise clairement l’international. Le premier groupe offre un rock glam provocateur avec une belle poignée de tubes sous la manche. Le second écume toutes les salles possibles avec un rock seventies ravageur. Des groupes à suivre, tout comme Montevidéo, la réponse belge au rock new-yorkais. Un premier album éponyme déjanté mélangeant mélodies pop, énergie rock et basse très groovy.
Le revival sixties n’a pas eu lieu. Les premiers enregistrements des Naast, Plastiscines et autres BB Brunes ont fait des flops. L’occasion de se concentrer sur les Hushpuppies avec Silence is golden, deuxième album enthousiasmant. Espérons que ce groupe-là, aussi, réussisse à traverser les frontières.
Electro
A l’automne 2006, Pedro Winter, le manager de Daft Punk et patron du label Ed Banger Records, annonçait une nouvelle révolution musicale française. D’après lui, la scène électro hexagonale regorgeait de
multiples talents et la face du monde allait bientôt s’en rendre compte. En juin 2007, la prédiction se réalise, le duo Justice retourne la planète avec le titre DANCE (co-écrit avec le chanteur de Fancy). Leur premier album est déjà un succès. Et derrière se profile toute une nouvelle génération (Sebastian, Surkin, Yüksëk, …) qui fait actuellement ses armes sur des remixes prometteurs.
Cette année, Pedro Winter peut donc être doublement content : c’est lui qui a signé Justice et en plus, les Daft Punk sont revenus en force avec un disque live. Alive reprend un concert donné par le duo masqué, en juin dans la salle parisienne de Bercy. 10 ans que Daft Punk n’avait pas joué dans la capitale. Le disque est entré directement dans le top 3 des ventes d’album. Autre succès, celui de Air avec son cinquième opus Pocket Symphony. Même si l’appellation pop serait plus adaptée, le duo a proposé en début d’année un disque envoûtant à l’atmosphère toujours aussi éthérée.
JusticeBob Sinclar
La French Touch d’hier est semble-t-il devenue la pop de 2007. Bob Sinclar et David Guetta n’en finissent pas d’envahir toutes les pistes de dance du monde. Des DJs qui ont compris que dans le musique, l’image compte énormément. Alex Gopher a préféré lui, brouiller les cartes. Découvert mondialement avec le titre filtré The Child, il a sorti en mars dernier un disque résolument pop. Un coup à désorienter son public…
2007, n’aura pas été l’année TTC. Le troisième album du groupe parisien a fait un flop et l’un de ses MC, Cuizinier, a été pris à partie dans Je veux te voir, un titre à l’humour ravageur, signé Yelle. La jeune femme s’est offert par ailleurs, un bon coup de pub et le buzz a même atteint l’Australie. Son premier album, Pop Up, oscille entre fraîcheur et branchouille datée avec une reprise du titre A cause des garçons. Le disque de l’année pourrait plutôt être Fancy Footwork, du duo montréalais Chroméo. Mixée par Zdar (membre de Cassius), cette galette réconcilie musique dansante et électro inventive. Le Québec prendra-t-il le pas sur la scène française ? Réponse en 2008.
