Agnès Jaoui

Avec son disque Canta, la comédienne, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui négocie un virage chaloupé et sensuel vers la musique, au travers d’un répertoire latin où la passion amoureuse occupe la première place.

Canta

Avec son disque Canta, la comédienne, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui négocie un virage chaloupé et sensuel vers la musique, au travers d’un répertoire latin où la passion amoureuse occupe la première place.

Encore une actrice qui s’entiche de mélodies latines ? Oui et non. Si la musique latine séduit de plus en plus de comédiens (Abril, Semoun, Dombasle…) pour un résultat de moins en moins convaincant, la réussite du disque d’Agnès Jaoui s’explique par des fondamentaux trop souvent oubliés : la qualité du chant et des musiciens. La voix d’Agnès Jaoui, grave avec sensualité, passionnée avec retenue, en est le pilier.

En entrant à 18 ans comme apprentie comédienne sous la férule de Patrice Chéreau aux Amandiers de Nanterre, elle a dû abandonner sa première passion : le chant (soprano). La passion de l’opéra, partagée avec son père, et les années de conservatoire à Paris puis Enghien, se lisent dans ses scénarios (On connaît la chanson) et ses films (Comme une image, où elle jouait le rôle d’une professeur de chant). La passion comme ancrage et la formation comme bagage se retrouvent intactes dans Canta.

Pour un répertoire en provenance d’Andalousie, du Brésil, de Cuba ou du Portugal, et qui jongle de fado (superbe Fado do retorno en duo avec Misia) en bossa nova (Samba em preludio autre duo avec la Brésilienne Maria Bethânia), et de boléro (poignant Lo dudo) en samba (O meu amor), il fallait des musiciens émérites. Agnès Jaoui les a trouvés avec, en particulier, les deux guitaristes Roberto Gonzalez Hurtado et Dimas Martinez Dibost, aux accompagnements calmes et délicats (mais jamais soporifiques). Le violoncelliste et réalisateur polyvalent Vincent Segal (moitié de Bumcello, quart de M) assure les transitions entre les costumes de passionaria, de carioca ou de gitane que revêt Miss Jaoui.

L’amour, thème qui habille du haut en bas les douze chansons qui composent Canta, lui va bien : sur scène, la chanteuse joue de sa féminité et de sa sensualité comme jamais la comédienne ne l’avait fait.

Agnès Jaoui Canta (Tôt ou tard) 2006