CASTAFIORE BAZOOKA
Elles sont six. Six nanas prêtes à en découdre avec le monde impitoyable de la scène et du cabaret. Des va-t-en guerre de la chanson féministe que l'on a pu voir aux dernières Francofolies de la Rochelle. A la foule en délire, elles ont offert en offrande les chansons de leur second album "Les îles du désir". Fées ou sorcières, à vous de juger.
Les accordéonnes vocales
Elles sont six. Six nanas prêtes à en découdre avec le monde impitoyable de la scène et du cabaret. Des va-t-en guerre de la chanson féministe que l'on a pu voir aux dernières Francofolies de la Rochelle. A la foule en délire, elles ont offert en offrande les chansons de leur second album "Les îles du désir". Fées ou sorcières, à vous de juger.
D'abord ce drôle de nom : Castafiore Bazooka ! Aaahhhh je ris de me voir si belle en ce mirooiiir ! L'imposante diva Castafiore dans Tintin et Milou aura certainement laissé des traces dans l'imaginaire de ces drôles de saltimbanques. Pour ce qui est de Bazooka... Leur esprit va-t-en guerre peut-être ? En tous les cas, ça tire dans tous les coins. Personne n'est épargné. Un album des Castafiore Bazooka, c'est "La croisière s'amuse" (série télé, ndlr) : "Embarquez sur le navire, le rêve est gratuit... le désir aussi". De plage en plage, les textes d'Elisabeth Wiener, capitaine au long cours de ce bateau un peu ivre, déclinent une galerie de portraits décapants. De "La Lapine occulte" (qui s'avère être une très méchante lapine), à la vieille pochetronne "qui parlait à sa bouteille" et qui sévit sur la ligne Balard-Créteil... ou de la triste vie des licornes dans les cités... en passant par la putain (de guerre) ; l'humour corrosif sur fond de joyeuse embardée théâtrale reste le credo de ces chanteuses multi-intrumentistes en marge des circuits médiatiques.
Des chansons hurlées quelquefois de façon braillarde mais dont le ton se radoucit lorsqu'il s'agit d'évoquer Barbara sur "Parfum de dame en noir". Un groupe vocal féminin entièrement acoustique et surtout peu bloqué sur un style musical particulier. De la chanson française, certes, mais aux parfums de tango, de jazz ou de musette, entre cabaret et feu de camp, et en prenant ses distances : "on peut chanter l'amour sans pour autant concourir à l'Eurovision"!
Si leur premier album "Au cabaret des illusions perdues" s'est vu couronné par le prix Charles-Cros, à sa sortie en 1996, la force de Castafiore Bazooka réside dans un bouche à oreille qui fonctionne à merveille, d'un spectacle à l'autre. Même si le grand public les méconnaît encore. L'aventure de ces "accordéonnes vocales crazy meufs" (comme elles se nomment elles-mêmes) a commencé en 1993 dans le circuit des bars parisiens. La formation a subi, depuis, quelques changements et la joyeuse bande de luronnes qui se retrouve autour d'Elisabeth Wiener (élevée à l'école Higelin) est composée de Geneviève Cabannes au chant et à la contrebasse, Luna Mosner aux percussions, Valérie Barki aux claviers, Barbara Willar au petit accordéon, Sabine Pierron au violon et à la guitare électrique et Elisabeth Wiener à l'accordéon et au piano...
Fille du compositeur Jean Wiener, la meneuse des "Crazy meufs" apprend le piano et le chant classique dès son enfance. Pour enchaîner très vite, dès l'âge de 15 ans, sur une carrière de comédienne qui la fera jouer sous la direction, entre autres, de Roger Vadim, Henri-Georges Clouzot et Roger Planchon. Puis elle se tourne vers le jazz, la musique contemporaine, ethnique et enfin le rock. Auteur-compositeur-interprète, elle crée plusieurs groupes de rock alternatif dont "Phœnix" avec lequel elle enregistre son premier album solo en 1981, suivi d'un deuxième. Elle collabore avec Jacques Higelin sur "Champagne" et "Attentat à la pudeur" avant de se tourner vers les voix. Sa passion depuis toujours. Enfin, elle enseigne au Studio des Variétés où naît Castafiore Bazooka. Et si on ne la voit plus beaucoup au cinéma, on l'entend : Elisabeth Wiener est la voix française de nombreuses actrices américaines, de Jaimie Lee Curtis à Glenn Close ("Les liaisons dangeureuses", "Les 101 Dalmatiens"), Mia Farrow ou Meryl Streep. Toujours une histoire de voix.
Les îles du désir (Lucie Prod/Mélodie)
Pascale Hamon