Serge Teyssot-Gay : la vie en Zone Libre
En groupe ou en solo, Serge Teyssot-Gay a toujours exploré de nouveaux territoires sonores. Lorgnant vers des ailleurs proches des américains de Rage Against The Machine et de l’expérimental, son nouvel album composé avec Zone Libre et les rappeurs Casey et B. James en apporte une preuve supplémentaire. Rap et rock, Les Contes du chaos sortent sur Intervalle Triton, le label indépendant qu'il vient de créer. L’occasion aussi de faire un instantané du guitariste, bien loin de l’écho provoqué voici deux mois par son départ de Noir Des’.
Le guitariste poursuit sa route après Noir Désir
En groupe ou en solo, Serge Teyssot-Gay a toujours exploré de nouveaux territoires sonores. Lorgnant vers des ailleurs proches des américains de Rage Against The Machine et de l’expérimental, son nouvel album composé avec Zone Libre et les rappeurs Casey et B. James en apporte une preuve supplémentaire. Rap et rock, Les Contes du chaos sortent sur Intervalle Triton, le label indépendant qu'il vient de créer. L’occasion aussi de faire un instantané du guitariste, bien loin de l’écho provoqué voici deux mois par son départ de Noir Des’.
RFI Musique : Les Contes du chaos est votre troisième disque avec Zone Libre. C’est un album très frontal, il y a des guitares électriques qui font bloc et des textes très durs sur la banlieue. Pourquoi être si brut ?
Serge Teyssot-Gay : C’est difficile d’expliquer des choses pareilles mais Zone Libre (Marc Sens, Cyril Bilbeaud et Serge Teyssot-Gay, ndlr) s’est bâti "contre", en réaction au monde qui l’entoure. Cet album est une réponse à toute la soupe qu’on entend et qui nous pourrit les oreilles du matin au soir. Ce qu’on a envie de proposer, c’est plutôt quelque chose qui nous représente. On travaille le son comme une matière. Il ne s’agit pas simplement de brancher les guitares et de voir ce qui sort de l’ampli, c’est plus que cela.
Comment cet album a-t-il été réalisé ?
On a tout fait en septembre (2010), la composition, l’enregistrement, le mixage, les textes aussi. On a commencé à enregistrer en trio, on faisait un morceau par jour et puis Casey et B. James nous ont rejoints au bout d’un moment. Avant de se retrouver, on les avait au téléphone tous les jours pour savoir comment ils voyaient telle idée, est-ce qu’ils imaginaient un break, combien de mesures duraient les couplets pour eux… On avait des indications, on produisait la matière sonore et puis ensuite, on a retravaillé les sons pour que Casey et B. James posent leurs textes dessus. Tout s’est fait dans l’urgence, parce que : 1. on n’avait pas beaucoup de temps, on a tous énormément de projets à côté. 2. C’est une volonté de proposer quelque chose de brut. On a envie qu’on ressente l’électricité du live, l’énergie du moment.
Vous avez beaucoup travaillé avec des rappeurs au cours de votre carrière (Assassin, La Rumeur, maintenant Casey et B. James). Qu’est-ce qui vous parle dans le rap ?
La contestation, tout simplement. Avant de travailler avec Casey et B. James, j’étais fan de ce qu’ils faisaient. Je suis d’accord avec ce qu’ils disent, je trouve important que ce soit dit avec cette colère nourrie et structurée. Pour moi, ça m’aide à tenir debout. C’est une source de réflexion, un regard critique sur le fonctionnement de notre société. Je me sens à l’envers des gens qui se vendent, qui sont dans la forme et qui n’ont pas de fond, comme c’est le cas en politique et au niveau du gouvernement. Trouver quelqu’un qui mette cela en mot, je me suis dit : "Putain, ça fait forcément du bien ! Waouh !" (Enthousiaste).
Qu’est-ce qui vous fait avancer aujourd’hui ?
Je préfère aller dans des endroits où j’ai tout à apprendre, tout à découvrir tant en terme de grain de son que de matière sonore. Quand j’ai commencé la guitare, j’ai dû faire six ans de classique et lorsque j’ai débuté la guitare électrique à 16 ans, délibérément, je n’ai pas voulu avoir de méthode. Je me suis donc mis à chercher un mode créatif. Avec Noir Des’, c’était du Noir Des’. Et depuis, je n’ai jamais arrêté d’apprendre, c’est sans fin.
Le fait d’avoir décidé de quitter Noir Désir voici deux mois représente quoi pour vous ?
(Long silence, plus long que ceux laissés normalement par Serge Teyssot-Gay dans la conversation.) C’est une continuité de ce que je fais. Le fait d’être parti, c’est juste avoir posé un acte dans un temps qui m’était avant tout personnel. Je ne sais pas quelle portée cela aura au fil des mois, je verrai mon ressenti par rapport à ça. Mais j’ai commencé à faire des projets personnels en parallèle de Noir Dés’ à partir de 1996, donc ce n’est pas non plus une cassure si nette dans ma vie d’artiste. Surtout depuis 2003, en fait j’ai fait plein de choses depuis. Je ne sais pas encore ce que ça va me faire, c’est trop tôt pour que je le sache. Je vais reprendre Interzone (projet de Serge Teyssot-Gay avec le musicien syrien Khaled Al-Jaramani, ndlr) ça c’est sûr et puis, je vais développer autre chose, je ne sais pas encore quoi. Déjà cette année, on va se consacrer à l’album, à la tournée Les contes du chaos. Musicalement, ce qui est sûr, c’est que je vais là où je voulais aller.
Zone Libre vs Casey & B. James Les Contes du chaos (Intervalle Triton) 2011
En tournée en France à partir de mars 2011