Zouk

Tandis que Kassav est reparti à la conquête de l'Afrique pour relancer sa carrière, certaines stars de la scène antillaise comme Zouk Machine, Malavoi et la Compagnie Créole n'ont pas réussi à rebondir après le déclin de la musique des îles. Deux chanteuses, Edith Lefel et Tanya St Val, ont cependant réussi à tirer leur épingle du jeu en innovant. Historique.
Avec son dernier périple africain, Kassav n'a pas seulement voulu prendre sa revanche sur sa précédente tournée (qui avait accumulé les désastres) mais relancer une carrière lancée par son premier passage triomphal en Afrique en 1985. "C'est sur le Continent que le zouk reste le plus populaire", reconnaît Jacob Desvarieux, conscient de sa perte de vitesse sur le marché mondial. "En 1987, on vendait à 500 000 exemplaires. Aujourd'hui, les ventes tournent autour de 150 000". L'ambiance n'est plus aux grands messes des années 80, qui faisaient de Kassav le porte-drapeau du zouk de Moscou à New York. Quelques ténors du groupe comme Jean-Philippe Marthely et Patrick St Eloi ont privilégié leurs carrières solo et le groupe a fait appel à Stevie Wonder et Ray Baretto pour redonner du tonus à un style qui s'essouffle.
D'autres n'ont pas franchi le cap de la reconversion face au raggamuffin et au succès préfabriqué des Boys Bands. Ainsi Zouk Machine a connu de sérieuses mésaventures : ce trio de chanteuses qui offrait un zouk " à l'américaine " a souffert des rivalités qui ont opposé Jane Fostin aux compositeurs et aux deux autre chanteuses, Christine Obydol et Dominique Zobabel. La " dissidente " a signé voici deux ans en solo avec BMG, la maison attitrée du groupe. "Aujourd'hui, nous ne faisons plus que de petits concerts privés. Nous venons de changer d'agent et préparons une maquette", précise Christine Obydol, en rupture de contrat avec son ancienne maison. Ex-Zouk Machine révélée par son duo avec Serge Gainsbourg, " White and Black blues ", Joelle Ursull a vite sombré dans l'oubli et dans la drogue, puis a tenté un retour en 1993 avec Comme dans un film, un album soul-jazz qui fut un bide. Elle envisage aujourd'hui de s'orienter vers la variété française.

Mener sa barque intelligemment

Les années 90 n'ont pas été non plus très profitables aux autres tendances de la musique antillaise. Confronté à la concurrence du compas haïtien et à l'apparition d'une génération fan de raggamuffin, les artistes des années 80 ont du mal à survivre. Malavoi, qui combine le jazz et la biguine, s'est mal remis de la mort de Paul Rozine, son principal compositeur, et du départ du crooner Ralph Tamar, qui vient de sortir Embarquement créole, un compromis de zouk, de biguine et de salsa concocté par le jazzman antillais Mario Canonge, une valeur sûre.
Les seules à vraiment tirer leur épingle du jeu sont aujourd'hui Edith Lefel et Tanya St Val, deux grandes amies dans la vie. Couronnée " Meilleure artiste de la diaspora " en octobre 1997 en Afrique du Sud, dans le cadre des Kora Awards, l'ancienne choriste de Malavoi a su mener sa barque intelligemment, épaulée par son mari et producteur Ronald Rubinel. Son style glamour, son savant dosage de nostalgie et de romantisme et ses collaborations fructueuses avec des artistes loin du zouk (Dédé St Prix et Daddy Screw) lui ont valu une ascension continue et une consécration en 1996 avec un passage très réussi à l'Olympia, "je n'essaye pas d'être à la mode mais de faire une musique authentique car, comme dit Aznavour, quand on essaye d'être à la mode, on est un jour démodé", précise la chanteuse.
Une opinion que ne partage pas Tanya St Val : "Je me suis battue pour le zouk mais aujourd'hui, je suis pour la world music. Et puis, j'ai envie de passer à la télé. Le zouk, j'y reviendrai plus tard", explique l'ancienne chanteuse de Zouk Machine qui s'apprête à " accoucher " d'un album hip hop. En 1995, elle a fait un duo à l'Olympia avec Michel Sardou, puis Johnny Halliday l'a embarquée la même année sur sa tournée européenne avant d'enregistrer un duo avec elle.
Ces deux rescapées de la scène zouk ne peuvent pour autant faire oublier Francky Vincent, la plus grosse vente actuelle de la musique antillaise. Une réussite étonnante en pleine période de vaches maigres. Son Best of s'est vendu à 300 000 exemplaires, déclare Stéphane Etienne, le représentant de sa maison de production qui explique ainsi son succès. "Il fait un zouk coquin, un style qui n'appartient qu'à lui et il a beaucoup tourné dans les clubs. Comme les DJ's sont en relation étroite avec les radios, son succès s'est construit au fil des années, sur un terreau solide".

Sylvie Clerfeuille - MFI

(Photo : Tanya St Val)

Que reste-il de nos amours?

Tandis que Kassav est reparti à la conquête de l'Afrique pour relancer sa carrière, certaines stars de la scène antillaise comme Zouk Machine, Malavoi et la Compagnie Créole n'ont pas réussi à rebondir après le déclin de la musique des îles. Deux chanteuses, Edith Lefel et Tanya St Val, ont cependant réussi à tirer leur épingle du jeu en innovant. Historique.
Avec son dernier périple africain, Kassav n'a pas seulement voulu prendre sa revanche sur sa précédente tournée (qui avait accumulé les désastres) mais relancer une carrière lancée par son premier passage triomphal en Afrique en 1985. "C'est sur le Continent que le zouk reste le plus populaire", reconnaît Jacob Desvarieux, conscient de sa perte de vitesse sur le marché mondial. "En 1987, on vendait à 500 000 exemplaires. Aujourd'hui, les ventes tournent autour de 150 000". L'ambiance n'est plus aux grands messes des années 80, qui faisaient de Kassav le porte-drapeau du zouk de Moscou à New York. Quelques ténors du groupe comme Jean-Philippe Marthely et Patrick St Eloi ont privilégié leurs carrières solo et le groupe a fait appel à Stevie Wonder et Ray Baretto pour redonner du tonus à un style qui s'essouffle.
D'autres n'ont pas franchi le cap de la reconversion face au raggamuffin et au succès préfabriqué des Boys Bands. Ainsi Zouk Machine a connu de sérieuses mésaventures : ce trio de chanteuses qui offrait un zouk " à l'américaine " a souffert des rivalités qui ont opposé Jane Fostin aux compositeurs et aux deux autre chanteuses, Christine Obydol et Dominique Zobabel. La " dissidente " a signé voici deux ans en solo avec BMG, la maison attitrée du groupe. "Aujourd'hui, nous ne faisons plus que de petits concerts privés. Nous venons de changer d'agent et préparons une maquette", précise Christine Obydol, en rupture de contrat avec son ancienne maison. Ex-Zouk Machine révélée par son duo avec Serge Gainsbourg, " White and Black blues ", Joelle Ursull a vite sombré dans l'oubli et dans la drogue, puis a tenté un retour en 1993 avec Comme dans un film, un album soul-jazz qui fut un bide. Elle envisage aujourd'hui de s'orienter vers la variété française.

Mener sa barque intelligemment

Les années 90 n'ont pas été non plus très profitables aux autres tendances de la musique antillaise. Confronté à la concurrence du compas haïtien et à l'apparition d'une génération fan de raggamuffin, les artistes des années 80 ont du mal à survivre. Malavoi, qui combine le jazz et la biguine, s'est mal remis de la mort de Paul Rozine, son principal compositeur, et du départ du crooner Ralph Tamar, qui vient de sortir Embarquement créole, un compromis de zouk, de biguine et de salsa concocté par le jazzman antillais Mario Canonge, une valeur sûre.
Les seules à vraiment tirer leur épingle du jeu sont aujourd'hui Edith Lefel et Tanya St Val, deux grandes amies dans la vie. Couronnée " Meilleure artiste de la diaspora " en octobre 1997 en Afrique du Sud, dans le cadre des Kora Awards, l'ancienne choriste de Malavoi a su mener sa barque intelligemment, épaulée par son mari et producteur Ronald Rubinel. Son style glamour, son savant dosage de nostalgie et de romantisme et ses collaborations fructueuses avec des artistes loin du zouk (Dédé St Prix et Daddy Screw) lui ont valu une ascension continue et une consécration en 1996 avec un passage très réussi à l'Olympia, "je n'essaye pas d'être à la mode mais de faire une musique authentique car, comme dit Aznavour, quand on essaye d'être à la mode, on est un jour démodé", précise la chanteuse.
Une opinion que ne partage pas Tanya St Val : "Je me suis battue pour le zouk mais aujourd'hui, je suis pour la world music. Et puis, j'ai envie de passer à la télé. Le zouk, j'y reviendrai plus tard", explique l'ancienne chanteuse de Zouk Machine qui s'apprête à " accoucher " d'un album hip hop. En 1995, elle a fait un duo à l'Olympia avec Michel Sardou, puis Johnny Halliday l'a embarquée la même année sur sa tournée européenne avant d'enregistrer un duo avec elle.
Ces deux rescapées de la scène zouk ne peuvent pour autant faire oublier Francky Vincent, la plus grosse vente actuelle de la musique antillaise. Une réussite étonnante en pleine période de vaches maigres. Son Best of s'est vendu à 300 000 exemplaires, déclare Stéphane Etienne, le représentant de sa maison de production qui explique ainsi son succès. "Il fait un zouk coquin, un style qui n'appartient qu'à lui et il a beaucoup tourné dans les clubs. Comme les DJ's sont en relation étroite avec les radios, son succès s'est construit au fil des années, sur un terreau solide".

Sylvie Clerfeuille - MFI

(Photo : Tanya St Val)