Ambondrona électrise le Donia
Ambassadeurs d’une scène bien plus active et appréciée par la population malgache qu’on serait a priori tenté de l’imaginer, les six garçons d’Ambondrona n’ont rien à envier aux groupes de rock occidentaux comme l’a rappelé leur prestation à l’occasion du festival Donia.
Rock sous les tropiques
Ambassadeurs d’une scène bien plus active et appréciée par la population malgache qu’on serait a priori tenté de l’imaginer, les six garçons d’Ambondrona n’ont rien à envier aux groupes de rock occidentaux comme l’a rappelé leur prestation à l’occasion du festival Donia.
Particularisme local ou réalité musicale des pays du Sud mal prise en compte, victime des clichés ? Toujours est-il que le rock fait partie du paysage artistique à Madagascar depuis plus de trois décennies. Des groupes tels que Doc Holliday ou Iraimbilanja ont donné le ton, imprégnés par les chansons de Deep Purple ou Led Zeppelin.
A travers ce choix, ces musiciens souvent passés par l’université exprimaient une vision critique de la société, une contestation de l’ordre établi. Sans faire sienne la "rock n’roll attitude" érigée en mode de vie par certains de leurs aînés, à l’image du chanteur Solofo "Dead’s" Rabenja récemment disparu, la nouvelle génération a repris le flambeau sur le plan musical, apportant aussi les influences de son époque. "On ne fait pas de la musique commerciale mais on commercialise notre musique", résume Beranto, guitariste lead d’Ambondrona.
Formé à Antananarivo en 2001 par six garçons aujourd’hui presque trentenaires réunis par des liens qui remontent à l’enfance, le groupe s’est construit une base rythmique "à base de disco des années 70 et de rock". Les cinq albums qu’ils ont enregistrés les ont fait connaître sur toute la Grande Île. "Chaque année, on fait le tour de Madagascar. Et seulement deux trois représentations à Antananarivo", précise Beranto.
Dans les fiefs pourtant tout acquis au salegy ou au tsapiky issus des rythmes traditionnels, leur public est loin d’être marginal. Pour leur troisième concert à Nosy Be, mais le premier cette année dans le cadre du festival Donia, plusieurs milliers de spectateurs sont venus écouter le son de leurs guitares saturées. Dès les premières notes de chaque morceau, la réponse était immédiate : une vive clameur montait du stade, avant que le public reprenne en chœur les paroles. Avec son rock pop parfaitement structuré, Ambondrona maîtrise son sujet.