VU D’AILLEURS MAI 2003

Ce mois-ci, Vu d’ailleurs s’intéresse aux Nubians qui redonnent des couleurs à l’amitié franco-américaine, aux échanges grandissants entre la France et l’Inde, mais aussi aux petits malheurs de Sacha Distel, aux nouveaux albums de Maurane et Laurent de Wilde…

Revue de presse internationale

Ce mois-ci, Vu d’ailleurs s’intéresse aux Nubians qui redonnent des couleurs à l’amitié franco-américaine, aux échanges grandissants entre la France et l’Inde, mais aussi aux petits malheurs de Sacha Distel, aux nouveaux albums de Maurane et Laurent de Wilde…

"Vive la France!" Le cri lancé dans Le Figaro (30.05.03) par George W. Bush, largement commenté, entendait clore la guéguerre franco-américaine. Mais sur le front musical, il n’a jamais été question de conflit, la musique, c’est connu, adoucissant les moeurs. Et question adoucissant, rien de tel que les Nubians. En 1999, Princesses nubiennes, leur premier album, passé inaperçu en France, remportait un franc et inattendu succès aux Etats-Unis (environ 300.000 ventes), en version originale, s’il vous plaît! Les deux soeurs franco-camerounaises récidivent cette année avec One Step Forward (Virgin), plébiscité par la critique et le public américain depuis sa sortie en avril. Le mois dernier, Newsweek leur consacrait un large article. "Nous avons été choquées par les informations (la guerre en Irak, ndlr) et ce contexte anti-français, mais nous ne l’avons pas pris pour nous", raconte Hélène Faussart, qui, avec sa soeur Celia, vient de boucler une mini-tournée américaine. "Je crois vraiment que les gens venaient à nos concerts pour écouter de la bonne musiqueet qu’ils ne se disaient pas: Oh, elles sont françaises!"

Sur la France, elle concède qu’il est difficile d’être "une femme noire. La France est un vieux pays doté d’une façon de penser très conservatrice et d’un système féodal. Si vous n’êtes pas le fils ou la fille de quelqu’un d’important ou si vous n’avez pas les bons amis, vous ne pouvez rien obtenir. Aux USA, si vous avez du talent, les gens vous prennent au sérieux." C’est ça aussi, le mélange des cultures.

A en croire différents articles de la presse indienne, un axe Paris-Delhi existerait bien aussi en matière de musique, hors des sentiers battus par les multinationales. "Récemment, la scène pop tamoul a connu un véritable essor", constate Screen India. Parmi de nombreux nouveaux talents, le magazine s’est intéressé au duo formé par le producteur Pavanna et le musicien Niru, "qui a étudié la musique à Paris". Ces Sri Lankais d’origine tamoul "ont déjà rapporté de Paris (où ils résident, ndlr) deux albums de pop Tamoul", produits par l’association culturelle Eagle Of Seven. Un troisième est en préparation :"la musique est basée sur des thèmes. En fait, elle est très expérimentale." Fin mai, ce fut le tour de Pascal Heni d’être portraituré, cette fois-ci par le Times Of India, qui voit dans ce "Français qui voue une passion à la musique de Bollywood" un exemple de "retombées plaisantes de la globalisation". "Il a appris le hindi à la Sorbonne et le tamoul à Pondichéry" lit-on. "Depuis trois ans, Bollywood devient de plus en plus populaire en France", se réjouit ce musicien, qui a tenu des boutiques indiennes à la gare du Nord et dans le quartier de la Chapelle, à Paris, et qui aujourd’hui joue et compose. Le mois dernier, le Hindustan Times avait déjà déniché une autre "French connection", symbolisée par le groupe Faubourg de Boignard, qui achevait une tournée de plusieurs villes d’Inde, à l’invitation de l’Alliance française. "Nous allons ramener plein de samples de tous les genres de musique indienne, du classique aux bandes son des films hindi", juraient-ils alors. La route de Katmandou sera-t-elle à nouveau l’avenir de la pop occidentale?

SUR LES SCÈNES (OU PRESQUE)

Rendez-vous manqué pour Sacha Distel. Agé de 70 ans, le crooner, récemment revenu dans l’actualité par le biais d’un double album (En vers et contre vous), devait être l’invité surprise d’un festival de guitares en Ecosse, le Kirkmichael. Le 25 mai dernier, "il devait atterrir à l’aéroport de Prestwick", rapporte le quotidien Scotsman. Cependant, "James Taylor, le directeur artistique du festival, recevait un appel téléphonique confirmant que la star ne pourrait être présente", ajoutant que "Sacha a été transporté vendredi soir dans un hôpital parisien. On [m']a dit qu’il avait été opéré mais son agent a refusé de [me] dire l’origine du mal. Il devrait rester hospitalisé environ une semaine."

DANS LES BACS

Dans La Dernière Heure (Belgique), Maurane raconte ‘son’ Goldman, qui a troussé pour elle quatre des seize chansons de son nouvel album, Quand l’humain danse (Polydor) : "Avec lui, tout est toujours simple. Il a vécu toutes les guerres et tous les bonheurs de ce métier et cela lui a appris à prendre beaucoup de recul. Il relativise les choses. Quand il n’est pas d’accord, il n’a pas envie de conflits. C’est un homme qui a décidé d’être heureux, toujours d’humeur très stable, avec une espèce de constance fascinante. Moi, je suis plus portée vers les hauts et les bas, ça se calme un peu avec l’âge. Mais je reste toujours plus instable."

Son tube Ma liberté de penser permettra-t-il à Florent Pagny d’en finir avec ses avanies fiscales ? : "La chanson est inspirée de ce qui m’est arrivé : on est entré chez moi et on a vidé ma maison. Mais j’ai tenu tête. Il a fallu que je trouve quelqu’un qui puisse reprendre mes meubles et me les racheter. Il n’y avait que Pascal Obispo qui pouvait me rendre ce service. Il a fallu faire ce micmac pour pouvoir arriver à ce qu’un jour, le fisc admette son erreur de départ et que je puisse enfin payer mes impôts. (…) Ils ont essayé de m’emmener devant le juge, mais leur dossier était irrecevable. Maintenant, on essaie de m’y traîner à nouveau et là, avec tout ce que j’ai fait derrière, le dossier est recevable" (La libre Belgique). L’album Ailleurs Land (Mercury) trône en effet au sommet des ventes en France, en Belgique et en Suisse…


Laurent de Wilde, nouveau "maître de l’électro-jazz" clame La Presse (Québec). Si son album primeur, Stories (Warner Jazz France) emprunte le chemin de gloire du Tourist de St Germain, alors assurément il l'est ! "L’emprunt de rythmes drum’n’bass est devenu une pratique courante chez les jazzmen le moindrement électrifiés ; peu s’en servent à bon escient. De Wilde est de ces rares musiciens capables de faire autre chose que du Miles Davis électrique enrichi de quelques fréquences électroniques dernier cri. Sa version de Moanin’, un classique de Charles Mingus, ne se réduit pas à la piste de danse, on parle d’une actualisation inspirée." Malgré la qualité du disque, "il y a fort à parier que cet électro-jazz sera beaucoup plus percutant sur scène". Le critique québécois pourra vérifier son sentiment durant le prochain Festival international de jazz de Montréal, où De Wilde se produira cet été.


DANS L’ACTU

"Zinédine Zidane peut se targuer d’avoir un groupe de musique à son nom, ou plutôt à son prénom", révèle la page Internet de son club de football, qui a interviewé Manel, le leader de la formation The Zidanes. "Le nom m’est venu quand nous avons créé le groupe en 1998. Je suis le plus footeux des quatre et j’admirais déjà Zidane, qui a remporté la Coupe du monde cette même année. Mes compagnons ne connaissent rien au football mais le nom leur a plu. Depuis, ils ont découvert le personnage et se sont mis à l’aimer. A l’époque, il jouait à La Juventus et c’est un heureux hasard pour nous qu’il soit venu au Real" affirme Manel, supporteur du Real, qui précise que son groupe fait du "pop psychédélique." (AFP)

Gilles  Rio