Baster

Sur la scène réunionnaise, Baster occupe une place à part, tant par sa popularité que par son style musical, fusion énergique de séga et de maloya, agrémentée d’une touche de reggae. Avec son nouvel album Lèv’, le groupe de Thierry Gauliris se donne les moyens de poursuivre son opération de séduction au delà de l’océan Indien.

Lèv’

Sur la scène réunionnaise, Baster occupe une place à part, tant par sa popularité que par son style musical, fusion énergique de séga et de maloya, agrémentée d’une touche de reggae. Avec son nouvel album Lèv’, le groupe de Thierry Gauliris se donne les moyens de poursuivre son opération de séduction au delà de l’océan Indien.

Dire que les nouvelles chansons de Baster étaient attendues par le public réunionnais relève de l’euphémisme. Ce fut si long que cela en devenait même suspect pour les plus pessimistes, prêts à enterrer le groupe le plus populaire de l’île. Si Raskok, le dernier album en date constitué de compositions originales, était sorti en 2001, la discographie du groupe avait toutefois continué à s’enrichir : un disque de versions reggae enregistrées en Jamaïque en 2002, puis une compilation l’année suivante pour les vingt ans de la formation, et ensuite un disque live pour immortaliser les concerts donnés à l’occasion de cet anniversaire. Sans oublier un CD cinq titres pour l’association humanitaire ATD Quart Monde, en 2005.

Dès les premières notes de Po la pé, le premier des dix morceaux de Lèv’, il ne fait aucun doute que les appréhensions étaient mal fondées : Thierry Gauliris, le leader historique de Baster, n’a rien perdu de son savoir faire et cultive avec la même efficacité son identité musicale. Le sentiment de puissance qui se dégage de son cocktail à base de séga et de maloya parait mieux restituer que par le passé l’énergie du groupe sur scène, l’un de ses points forts.

La nouvelle équipe de musiciens constituée par le chanteur-guitariste a rapidement trouvé ses marques. Elle apporte aussi des nuances supplémentaires qui donnent à l’ensemble davantage de consistance. Parfois dominant comme c’est le cas sur la chanson Lèv’, plus souvent au second plan dans le jeu de guitare rythmique et la mise en avant de la basse, le reggae continue de hanter une grande partie du répertoire. Mais il sait aussi s’effacer complètement sur Gayar lé la, un hommage aux doyens du séga et du maloya disparus au cours des deux dernières années : Lo Rwa Kaf, Granmoun Lélé, Granmoun Bébé, Maxime Laope. Baster est né à un moment où, grâce à ces artistes, les Réunionnais ont enfin pu se réapproprier leur culture. Thierry Gauliris ne l’a pas oublié.

Baster Lèv’ (Baster/PSB) 2006