La Déclaration de fête de l'ONB

Un mois au Cabaret Sauvage à Paris. C'est le cadeau que propose l'Orchestre National de Barbès à ses fans pour faire la fête dans le cadre intimiste de ce 'Magic Mirrors'. Et chaque semaine RFI Musique vous propose des places pour assister à ces concerts festifs.

Mélanges joyeux et généreux

Un mois au Cabaret Sauvage à Paris. C'est le cadeau que propose l'Orchestre National de Barbès à ses fans pour faire la fête dans le cadre intimiste de ce 'Magic Mirrors'. Et chaque semaine RFI Musique vous propose des places pour assister à ces concerts festifs.

Après un premier album enregistré sur scène en 1997, leur élément naturel, les garçons en avaient concocté un second en studio. C’était en 1999 et depuis plus rien. Ou plutôt, si. Des centaines de concerts, un planning surchargé, des valises toujours prêtes. Enfin, un nouvel album se profile à l’horizon. D’où leur discrétion sur scène ces derniers temps. Ils préféraient se consacrer à la confection de cette nouvelle production. L’ONB sort tout de même ces jours-ci provisoirement de sa retraite pour rappeler qu’il est toujours là. Rencontre avec Taoufik Mimouni, un des claviers et membres fondateurs de cette petite entreprise qui cultive le sens de la fête pluriculturelle avec un savoir faire exemplaire.

RFI Musique: Vous vous êtes déjà produits plusieurs fois par le passé au Cabaret Sauvage. Vous avez un attachement particulier à cette salle?
Taoufik Mimouni : Effectivement, c'est un lieu que l'on aime bien, un cadre
sympathique. Moi personnellement, ça me rappelle nos débuts, notre deuxième soirée après notre concert de lancement au New Morning à Paris fin 1995. Nous avons en effet joué dans une salle similaire au festival du Printemps de Bourges, en avril 1996, qui a été en fait le vrai démarrage du groupe, car après, tout s'est enchaîné très vite pour nous.

Pourquoi cette volonté de marquer une pause depuis quelques temps?
T. M. : C’était vraiment pour se consacrer entièrement au nouvel album. Jusqu’à aujourd’hui encore, nous ne sommes pas très satisfaits du précédent qui a été fait dans l’urgence. Parfois il a fallu remplacer un ou deux musiciens sur la tournée parce qu’ils étaient bloqués en studio. On n’a pas envie de revivre cela. Pour un groupe, c’est important de prendre du recul afin de pouvoir vraiment travailler ensemble. On a eu parfois deux trois dates par semaine, on avait juste le temps de passer à la maison relever la boîte aux lettres et il fallait repartir.

Depuis les débuts du groupe, il y a eu quelques changements de personnel.
Nous sommes toujours douze, mais c’est vrai que certains des anciens sont partis. Notamment deux musiciens, qui, les derniers temps se partageaient déjà entre l’ONB et d’autres projets ont fait le choix de s’en aller. Jean-Baptiste Ferré (claviers) et Olivier Louvel (guitare). Ils sont remplacés par des amis. Vous savez l’ONB, ça a toujours été une grande famille, il y a toujours eu des musiciens de passage que l’on invitait sur scène. D’ailleurs Smail, le clavier qui vient de nous rejoindre c’est lui qui avait fait le premier concert, celui du New Morning, il était dans l'ONB avant Jean-Baptiste. Quant au second, Khlif, le guitariste, il a joué avec Youssef dans le groupe de Cheb Mami et avait autrefois remplacé deux mois notre deuxième guitariste qui s’était blessé.

Le propos artistique reste le même que lors du démarrage de l’aventure?
Oui, c’est toujours le même esprit. Chanté en arabe, kabyle et français, festif et très varié. On ne s’interdit aucun style, qu’il soit de notre patrimoine culturel musical, de la musique traditionnelle du Maghreb, ou des genres un peu plus internationaux, comme le rock, le ragga, le reggae, le ska, la salsa. On peut faire un mélange de reggae et de musique gnaoui, de musiques africaine et de ska, etc. La musique maghrébine reste tout de même au centre mais on entraîne vers elle des tas d‘autres musiques pour colorer, habiller. Quelques-uns des nouveaux titres seront dévoilés au Cabaret Sauvage. Mais quelques-uns seulement. Il faut garder un peu de surprise pour la sortie de l’album.

Quelle sera la teneur des textes que vous allez chanter dans ce prochain album? Y-aura-t-il des messages nouveaux?
Pas spécialement. Dans le premier, on avait fait beaucoup de reprises, donc c’étaient des textes qui ne nous appartenaient pas. Mais en fait, comme nous sommes tous des musiciens, je crois qu’on avait plus choisi ces titres pour leurs mélodies que pour leurs textes. Dans le second, on a écrit quelques paroles, mais ce sont des thèmes communs aux chanteurs maghrébins, à savoir la nostalgie, des chansons d’amour, ou qui décrivent la joie… Le prochain va dans la continuité, c’est à dire qu’il y a des textes assez variés mais sans qu’il y ait de propos vraiment engagé. Le groupe n’a jamais été militant. Chacun de nous possède ses propres convictions, on n’a pas nécessairement les mêmes idées, il y a des musulmans, des non musulmans, des gens athées, d’autres chrétiens, certains votent à gauche, d’autres à droite. Nous n’avons jamais eu le désir de passer un message commun.

S’il n’y a pas d’engagement déclaré dans vos textes, vous êtes tout de même parfois présents sur des concerts de soutien ou à but humanitaire. On vous a vu par exemple participer à un concert pour les libertés en Algérie, à un autre en soutien au GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés), ou pour sensibiliser à la lutte contre le sida…
Bien sûr. Il y a des choses qui se discutent, où l'on peut avoir des opinions divergentes et puis d'autres où nous sommes tous d'accord comme le sida. L’être humain ne peut qu’être sensible à ce genre de choses. On a donc, c’est vrai, répondu à pas mal d’appels de ce type.

Pas de messages évoquant la situation en Algérie par exemple dans ce nouvel album?
Je ne crois pas. Moi je suis Marocain, mais je n’ai pas le sentiment que les Algériens du groupe aient envie de se positionner, car la situation est tellement obscure qu’on est mal placés pour juger.

Ce nouveau disque se fait attendre (le précédent remonte à 1999). Alors, c’est pour quand?
On a été traumatisés par l’obligation de se donner des limites, une date butoir pour l’enregistrement du deuxième album. La tournée devait reprendre, il fallait à tout prix terminer rapidement. Au bout du compte, même s’il contient des choses intéressantes, ce disque ne nous a pas donné entière satisfaction. Cette fois on a choisi volontairement d’arrêter les concerts, de ne pas charger notre calendrier pour avoir du temps, ne pas être bousculés. Donc pas d’échéance, on préfère se donner le temps qu’il faut. Virgin, notre maison de disques, d’ailleurs, a très bien compris et ne nous fait aucune pression.

Après cette série de concerts parisiens, vous avez d’autres projets ailleurs?
Il y a beaucoup de demandes, c’est à la limite frustrant pour les musiciens que nous sommes. Cette question nous a même un peu partagés parfois. L’ONB, c’est un groupe de scène avant tout, qui préfère s’exprimer sur scène que derrière des vitres de studio pendant des mois. Finalement on s’est mis d’accord sur le fait que pour assurer la pérennité du groupe il fallait renouveler notre répertoire. Donc pas de tournée en vue pour l’instant, seulement quelques dates isolées.

Vous avez l’intention d’inviter des musiciens, des chanteurs à vous rejoindre sur la scène du Cabaret Sauvage?
On a pris plusieurs contacts. Mi-janvier, tous n’avaient pas encore répondu mais ce sera très varié. Parmi ces envies, il y a le groupe Raïna Raï, un groupe de musiciens indiens ainsi que des maîtres gnaoua.

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ONB Poulina/ Virgin (1999)
Concerts à Paris, Cabaret Sauvage jusqu’au 1er mars (du jeudi au samedi, 20h30), puis Epernay le 18 mars, Bergerac le 7 juin, Lodève le 24 juillet.