28 juillet : Francos au féminin

Samedi, aux Francos, il y avait deux femmes. Il y en avait bien sûr davantage, et quelques hommes, aussi, sur les scènes du festival. Mais les prestations les plus marquantes de la journée nous sont venues de deux chanteuses : l'Acadienne Marie-Jo Thério et la Française Jeanne Cherhal.

Marie-Jo Thério et Jeanne Cherhal

Samedi, aux Francos, il y avait deux femmes. Il y en avait bien sûr davantage, et quelques hommes, aussi, sur les scènes du festival. Mais les prestations les plus marquantes de la journée nous sont venues de deux chanteuses : l'Acadienne Marie-Jo Thério et la Française Jeanne Cherhal.

La petite histoire dit qu’elles s’étaient croisées deux jours plus tôt, au hasard d’une salle de spectacle des Francos. Ces deux-là ont la même curiosité pour le travail des uns et des autres. Ironie de l’histoire et de la programmation : Jeanne Cherhal et Marie-Jo Thério devront encore patienter avant de pouvoir s’écouter. A Montréal, elles viennent de chanter quasiment au même moment, offrant au festival deux soirées magnifiques.

D’abord, la tornade Thério. Au piano ou à l’accordéon, sous ses cheveux pétard d’un blond si lumineux qu’il en devient troublant, derrière un regard bleu semblant parfois se perdre dans des rêveries inaccessibles, la jeune femme adore bousculer les codes… Et Montréal en raffole ! Marie-Jo l’Acadienne, la fille du Nouveau-Brunswick, semble être désormais tout à fait chez elle ici, tant elle a su imposer au Québec son originalité pas formatée. Il n’y avait qu’à voir ce soir encore les réactions du public très attentif du Spectrum : il a fait une ovation à ses chansons mi folk, mi blues, ses morceaux souvent longs, son onirisme échevelé, sa poésie suspendue. Impossible de résister.

Marie-Jo Thério a une approche très physique – presque possédée – du chant et de la scène, une façon très sensuelle d’empoigner l’accordéon. En cela, elle ressemble un peu à Jeanne Cherhal, l’autre fée de la soirée, gracieuse et athlétique à la fois. En chantant à Montréal les titres de son dernier – et superbe – album L’eau, elle a franchement stupéfait ceux qui gardaient en mémoire le souvenir charmant mais un peu sage de son précédent passage aux Francos, en 2004. En trois ans, la petite chanteuse prometteuse s’est muée en un talent aussi sûr que rare : maîtrise impeccable de la scène, précision musicale, amplitude vocale, richesse mélodique et surtout, formidable profondeur et subtilité des textes.

Aux Francos comme ailleurs, la chanson de Jeanne Cherhal reçue avec le plus de ferveur s’intitule Le tissu. Modèle d’intelligence qui nous parle du voile. Le tissu fut le point d’orgue d’un récital tellement intense qu’il éclipsa l’ombre des deux artistes qui l’avaient précédée en début de soirée sur les planches du théâtre Maisonneuve : le Belge Saule et le Québécois Pierre Lapointe - pourtant une star ici. Et même le sympathique trio qu’ils nous ont offert à la fin n’a pas changé la donne. C’est bien Cherhal, et elle seule, que le public rappelait. Au même moment, à l’autre bout du festival, la blonde Marie-Jo revenait saluer sous les bravos. Quand on vous dit qu’aujourd’hui, il y avait deux femmes aux Francos…

Valérie Lehoux

A écouter


réalisée par Valérie Lehoux - Extrait de Musiques du Monde (30/07/07) de Laurence Aloir. (4'10)

- Extrait de Musiques du Monde (30/07/07) avec Laurence Aloir et Valérie Lehoux. (2'49)

par Laurence Aloir (1'50)


à propos de Jeanne Cherhal réalisée par Valérie Lehoux - Extrait de Musiques du Monde (30/07/07) de Laurence Aloir. (2'28)


- Extrait de Musiques du Monde (31/07/07) de Laurence Aloir. (3'08)

Musique en live



interprétée par Saule, Jeanne Cherhal et Pierre Lapointe

chante en live au Spectrum

Le duo montréalais

en live  au Spectrum(3'30)