31 juillet : l'hommage rendu aux anciens

Filiations textuelles

Rarement Francos auront à ce point salué l'œuvre des grands de la chanson francophone : Jacques Brel, Gilles Vigneault, Serge Gainsbourg.... La jeune génération sait parfaitement d’où elle vient, et n’hésite plus à le chanter.

Ce mardi soir, trois exemples coup sur coup : Renan Luce, qui pour son second concert montréalais vient de réitérer les reprises de Brassens et de Nougaro qu’il avait déjà données hier. Quasiment au même moment, Thomas Hellman et Abd al Malik se sont eux aussi lancés dans des reprises audacieuses, s’attaquant au plus intouchable des monstres sacrés : Jacques Brel. Tour de force : ils l’ont totalement intégré à leur univers musical, blues pour le premier, slam pour le second.

Hellman est sans doute celui qui revendique le plus son influence. Ce Montréalais à la voix rauque, fils d’un Américain et d’une Française, fait une musique qui lui ressemble : entre deux cultures et entre deux langues. Il a grandi, dit-il, en écoutant Jacques Brel tout autant que Tom Waits… Aux Francos, il a osé nous livrer des interprétations sombres et troublantes de deux classiques du grand Jacques : Vesoul et Mathilde. Entreprise archi périlleuse… Dont Hellman se sort très bien. Succès de plus pour un garçon à qui semble tout réussir ici : c’est lui qui vient de remporter le prix Félix-Leclerc.

Abd al Malik, lui, ne bénéficie pas encore de sa notoriété, mais les journaux québécois ont publié ces derniers jours des portraits élogieux de l’étonnant rappeur soufi. Résultat : pour son premier concert aux Francos, en plein air, le garçon aura fédéré plusieurs centaines de spectateurs intrigués. Et, à peine son spectacle avait-il débuté, qu’Abd al Malik a donné une version très personnelle de Ces gens là, du même éternel Brel. Avec une force de conviction et une capacité de réinterprétation tout à fait hors du commun.

Valérie Lehoux

A écouter

, qui vient de recevoir le prestigieux prix Felix Leclerc - par Valérie Lehoux (3'24)