Louis Chédid, le syndrome Peter Pan
Au Grand Rex à Paris ce dimanche 12 novembre, le spectacle du Soldat rose, conte musical imaginé par Louis Chédid et Pierre-Dominique Burgaud, a conquis le public. Une semaine après la sortie de l’album, qui réunit un casting de rêve, les personnages du disque ont pris vie sur les planches, pour le plus grand bonheur des petits et des grands.
Un nouveau conte musical
Au Grand Rex à Paris ce dimanche 12 novembre, le spectacle du Soldat rose, conte musical imaginé par Louis Chédid et Pierre-Dominique Burgaud, a conquis le public. Une semaine après la sortie de l’album, qui réunit un casting de rêve, les personnages du disque ont pris vie sur les planches, pour le plus grand bonheur des petits et des grands.
Depuis qu’il avait incarné le personnage du Raton laveur dans Emilie Jolie de Philippe Chatel, Louis Chédid rêvait d’écrire à son tour un conte musical pour tous les enfants et "ceux qui le sont restés". Alors quand il rencontre le parolier Pierre-Dominique Burgaud en 2004, il lui propose de participer à cette belle aventure ! Neuf mois et quatorze chansons plus tard, l’histoire du Soldat rose est dans les bacs. Celle d’un petit garçon, déçu par le monde des adultes, se cachant à la tombée de la nuit dans le rayon jouets d’une grande surface.
Selon Louis Chédid, on ne pouvait pas trouver de lieu plus réaliste : "C’est un univers ultra quotidien, un lieu de consommation, éloigné de l’imaginaire. L’objectif était justement de le rendre poétique." Le rideau s’ouvre sur un décor aux couleurs acidulées, scintillant de mille feux. Sur scène : étagères où s’amoncellent les jouets, montagne de peluches, et orchestre perché sur tambour. Les danseuses sont déguisées en ange ou en coccinelle, les musiciens en pirate et marin. C’est dans ce cadre enchanteur que Joseph, le petit garçon du conte, joué par Raoul Le Pennec, (le fils d’un ami de Louis), va croiser le chemin de drôles de jouets. "L’idée était de créer des jouets universels : les poupées, les puzzles, les peluches existeront toujours."
Des personnages hauts en couleurs
Des jouets universels mais loin d’être ordinaires ! Jeanne Cherhal ouvre le bal avec le personnage de Betty Quette, une poupée espiègle et rigolote qui, la nuit venue, change le prix des jouets et les affuble d’affreux déguisements, afin que personne ne les achète. Elle se trémousse en chantonnant "Pour rester ensemble c’est fastoche/ Soyons trop chers, soyons trop moches". Après la chanson de Joseph (Le monde des grands est trop petit), le curieux Soldat rose, héros du conte interprété par M, fait irruption sur scène, droit comme un "I" dans son uniforme de velours rose. "Attendant sur le rayon depuis la Saint glin glin", il se lamente : "Les garçons n’aiment pas ma couleur de danseuse et les filles font "Pouah" devant ma mitrailleuse".
Les chansons humoristiques succèdent aux ballades mélancoliques. Shirley et Dino (que Louis Chédid connaît depuis quinze ans), forment un duo désopilant en roi et reine, qui "s’aiment comme chien et chat" et se chamaillent sans cesse. Vanessa Paradis est absolument craquante en poupée de chiffon made in Asia. Vêtue d’une robe bouffante à pois verts, elle fredonne une complainte dénonçant le travail des enfants dans les pays d’Asie. Un titre grave interprété avec douceur et volupté. Alain Souchon campe quant à lui l’homme de ménage, qui chausse des "lunettes bleues et roses" pour regarder la vie avec des yeux d’enfants. Et puis il y a tous les autres : le conducteur de train déjanté (Sanseverino), le petit chimiste qui rêve d’inventer "la colle à cœur brisé" (Bénabar), le puzzle maniaque (Albin de la Simone), la panthère noire en peluche (le personnage que s’est choisi Louis Chédid), le gardien de nuit obsédé par les intrus (Francis Cabrel) et la fiancée du Soldat rose (Céline Barry). Sans oublier la voix du grand magasin, Catherine Jacob, narratrice malicieuse et fil conducteur de l’histoire.
Un projet réjouissant
Les morceaux donnent l’impression d’avoir été composés pour leurs interprètes tant ils leur correspondent. Et pourtant, ce n’est pas le cas. "J’ai procédé à la manière d’un metteur en scène. C’est une fois les chansons terminées que j’ai réfléchi au choix des interprètes. Ils se sont ensuite appropriés les chansons" rapporte Louis Chédid. Tous ont accueilli le projet avec un grand enthousiasme. "Ce disque était jouissif. C’est un des plus réussis que j’ai fait pour tout le plaisir qu’il a procuré à l’équipe." Un plaisir que les chanteurs ont su communiquer au public. En témoigne le bouquet final (Love), véritable hymne à l’amour, qu’ils ont tous chanté en cœur.
À la sortie, enfants et parents affichaient des mines réjouies. Objectif atteint pour Louis Chédid qui souhaitait que le Soldat rose "séduise les petits et les grands, qu’ils puissent partager un moment ensemble". Selon lui, "l’âge adulte pervertit et il est important de conserver ce côté enfant, cette naïveté qui nous fait encore nous émerveiller". Ce dimanche, en tout cas, nous sommes tous retombés en enfance le temps d’une représentation.
Le Soldat rose (Atmosphériques) 2006
Spectacle rediffusé sur France 2 à la veille des fêtes de noël.
Projet de DVD en cours.