L'Afrique de Mokobé
Mon Afrique est le premier album de Mokobé, du 113. Sensible et engagé, ce solo aux nombreux invités rend hommage au continent des ancêtres du rappeur. On y croise une pléiade de stars de l’Afrique de l’Ouest (Youssou N’Dour, Salif Keita, Sekouba Bambino, Tiken Jah Fakoly, Viviane N’Dour, le Nigérian Seun Kuti) et des musiciens, rappeurs ou comiques (Manu Chao, Diam’s, Booba ou Patson du Djamel Comedy Club) de France, où est né Mokobé, Malien d'origine.
Entre hip hop et mélodies africaines
Mon Afrique est le premier album de Mokobé, du 113. Sensible et engagé, ce solo aux nombreux invités rend hommage au continent des ancêtres du rappeur. On y croise une pléiade de stars de l’Afrique de l’Ouest (Youssou N’Dour, Salif Keita, Sekouba Bambino, Tiken Jah Fakoly, Viviane N’Dour, le Nigérian Seun Kuti) et des musiciens, rappeurs ou comiques (Manu Chao, Diam’s, Booba ou Patson du Djamel Comedy Club) de France, où est né Mokobé, Malien d'origine.
"C’est un album empli d’espoir et de souffrance", assène Mokobé avant même de préciser ce qui apparaît comme une évidence dès qu’on écoute cette dizaine de titres : "Je l’ai conçu comme un pont culturel entre hip hop et musique africaine, afin de réconcilier l’Occident et l’Afrique. C’est comme un remix de ma vie." Sur la première plage, il lâche au cœur des lyrics : "la mixité, c’est le futur". Sans même attendre demain, il croise rythmiques hip hop et mélodies africaines et de la diaspora. Habille les voix haut perchées des chants mandingues de beats des villes à rendre zinzin le plus téméraire des b-boys du 9-3.
Pour lui, il ne fait aucun doute que le hip hop est né en Afrique : "C’est le berceau de l’humanité. L’esclavage et la colonisation ont conduit à la déportation de millions d’individus vers les champs de coton. C’est là qu'est né le blues, puis le jazz, le funk et enfin le hip hop." Sa vision presque darwiniste de l'évolution de la musique justifie à ses yeux le propos de son album. "A la différence des rappeurs américains qui, s’ils savent qu’ils viennent d’Afrique, ne connaissent que trop rarement leurs origines exactes ; nous, dans l’Hexagone et plus généralement en Europe, avons maintenu des liens forts avec le pays de nos ancêtres. Qui plus est, la séparation est beaucoup plus récente. Le lien n’est pas distendu. Nous en connaissons les traditions, les coutumes et y sommes attachés ne serait-ce que par la nourriture ou la musique de nos parents. Certains y retournent même fréquemment."
Pas un coup de business
Enregistré par escales au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en France, Mon Afrique vise à faire découvrir quelques grands noms du continent premier. "Certains, comme Salif Keita ou Youssou N’dour, sont là depuis longtemps. D’autres sont beaucoup plus jeunes comme Seun Kuti", confie le rappeur avant de préciser au sujet du dernier héritier du "Black Président" Fela Kuti à tenter l’aventure en Europe : "Je suis le premier à enregistrer un titre avec lui. Sur les traces de Fela a été produit par Martin Meissonnier, qui avait découvert son père il y a un peu moins de 30 ans. J’ai pris des risques pour faire évoluer ma musique, pour faire évoluer le rap. Je me devais de le faire."
Mokobé poursuit : "La Mafia K’1Fry est un des collectifs les plus authentiques. C’est un des plus gros groupes de hip hop ici. Tous les artistes sollicités de l’autre côté de la Méditerranée le savent. Ils connaissent notre travail, notre engagement depuis Tonton du Bled. Ils ont entendu La Voix du Mali, enregistré avec Oumou Sangaré en 2002 ou le remix de La Réalité d’Amadou et Mariam que j’ai réalisé. C’est aussi pour cela qu’ils ont accepté ce projet. Ce n’est pas qu’un coup de business. Bien au contraire, je parlerais plutôt de respect. Youssou, par exemple, je l’avais rencontré en 2000 lors de la remise des Victoires de la Musique. Il est sollicité par énormément de monde, par des stars internationales. Ce n’est pas le nombre de zéro sur un chèque qui fait la décision."
Lutter contre le paludisme
"Ce n’est pas une compil, mais bel et bien un album, mon premier album solo", insiste le rappeur qui prépare d’ores et déjà la scène. "Je serai en tournée au mois d’octobre", précise-t-il. "Bien sûr, tous les artistes présents sur l’album ne seront pas systématiquement là pour m’accompagner. Il faudra palier à leur absence sur scène, mais je ne suis pas inquiet", clame-t-il, satisfait du travail réalisé et surtout heureux de participer à sa façon au développement de l’Afrique. "Au delà de l’impact culturel de Mon Afrique, je suis particulièrement fier que chaque album vendu permette d’acheter des moustiquaires imprégnées afin de lutter contre le paludisme au Mali et au Sénégal", précise le rappeur qui sait que cette maladie tue toujours une personne toutes les trois minutes.
"On ne peut pas parler de la souffrance des populations touchées par le palu’ et ne pas agir, d’autant que cette maladie est beaucoup plus aisée à stopper que le SIDA. C’est un devoir pour les rappeurs et pour tous les amoureux de l’Afrique que de se mobiliser, de s’impliquer et de mettre en accord ses paroles et ses actes. On se doit de bouger, de réagir, car l’Afrique ne peut plus attendre ", profère le maître des mots, qui partagera quelques dates au sein de la Mafia K’1Fry avant de retrouver ses amis du 113 pour quelques séances de travail en vue d’un nouvel album.
Mokobé Mon Afrique (Jive Epic/Sony-BMG Music) 2007