Francofolies de Montréal 2006

Avec plus de 200 spectacles et près de 800.000 spectateurs, les Francofolies de Montréal sont le plus grand festival au monde de chanson francophone. Mais elles ne s’y limitent pas, puisqu’elles s’ouvrent aussi à l’Afrique, la Belgique, la Suisse ou Haïti… Bref, les Francos célèbrent la création de l’espace francophone, dans toute sa diversité. C’est un festival majeur.

Du 8 au 18 juin 2006 au Québec

Avec plus de 200 spectacles et près de 800.000 spectateurs, les Francofolies de Montréal sont le plus grand festival au monde de chanson francophone. Mais elles ne s’y limitent pas, puisqu’elles s’ouvrent aussi à l’Afrique, la Belgique, la Suisse ou Haïti… Bref, les Francos célèbrent la création de l’espace francophone, dans toute sa diversité. C’est un festival majeur.

Imaginez Montréal. De grandes avenues tracées au cordeau, des gratte-ciels à la new-yorkaise, un pont immense au dessus du Saint-Laurent. A l’Ouest, le quartier anglophone, celui des affaires. A l’Est, le quartier francophone, percé de sa Place des Arts, une vaste esplanade cernée de bâtiments de pierre et de verre à la mode des années 70. C’est ici que les Francofolies ont élu domicile. Logique : c’est une vraie pépinière de salles de spectacles ! La plus grande, la salle Wilfrid-Pelletier, fait office d’Olympia montréalais avec sa scène immense et ses larges fauteuils. Elle est réservée aux poids lourds de la chanson – c’est ici par exemple que se sont produits dans le passé Juliette Gréco, Barbara, Henri Salvador ou Serge Reggiani… A deux pas, dans les rues adjacentes qui ceinturent la place, d’autres salles, plus petites, ont l’allure de "cabarets" avec leurs tables, leurs chaises – plus ou moins confortables - , et leur inévitable bar. On vient y écouter de la musique tout en buvant un verre… Ambiances confinées et artistes plus confidentiels.

Et puis il y a les deux salles rock, elles aussi toutes proches : le Spectrum et le Métropolis, temples dédiés aux décibels et aux soirées surchauffées. Ces dernières années, M ou Bashung les ont enflammées. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, des scènes en plein air ont été installées un peu partout sur le site. Chacune a son identité : chanson, rock, hip hop, world, variété… Pendant une semaine, des dizaines de milliers de festivaliers vont ainsi déambuler d’une scène à l’autre, se laissant guider par l’instinct et l’envie. Car dehors, les spectacles sont gratuits ; ils s’enchaînent avec une régularité de métronome et une précision d’horloger suisse. Nous sommes pourtant bel et bien au Canada.

Ou plus exactement au Québec, et la précision n’est pas anodine. Car ici, dans cet îlot francophone perdu au milieu d’un océan anglo-saxon, on organise la résistance culturelle et linguistique. Vous aurez deviné que les Francofolies sont une arme essentielle du combat. D’abord par leur importance (elles sont ni plus ni moins le plus gros festival de chanson francophone au monde). Ensuite par leur état d’esprit (ne pas se contenter d’empiler les concerts, mais susciter les découvertes et les croisements artistiques) ; enfin par leur ouverture. Aux côtés des chanteurs français et québécois, on y attend en effet cette année des artistes maliens, ougandais, suisses, haïtiens, belges, marocains… Et l’on peut déjà parier qu’il y aura foule pour les écouter : le public montréalais a ceci de particulier qu’il est curieux, toujours avide de découvertes. Ni rassasié, ni blasé. Il participe largement à la réussite de l’entreprise.

Valérie Lehoux