Poly-Rythmo, orchestre renaissant
Véritable institution au Bénin où il a marqué le paysage musical, l’orchestre Poly-Rythmo s’apprête à effectuer sa première tournée européenne, quarante et un an après ses débuts ! Rencontre avec Vincent Ahéhéhinnou, l’un des membres fondateurs de cette formation.
Première tournée européenne pour les vétérans béninois
Véritable institution au Bénin où il a marqué le paysage musical, l’orchestre Poly-Rythmo s’apprête à effectuer sa première tournée européenne, quarante et un an après ses débuts ! Rencontre avec Vincent Ahéhéhinnou, l’un des membres fondateurs de cette formation.
RFI Musique : Quels sentiments suscitent en vous cette tournée hors Afrique après tant d’années de carrière ?
Dans quel état d’activité se trouvait récemment l’orchestre, au Bénin ?
Même si on nous considère comme un groupe vieillissant, l’orchestre reste une légende vivante pour les Béninois et on a toujours eu besoin de nous pour des animations parce qu’on sait qu’on a un bon répertoire. Depuis 1968, le Poly-Rythmo n’a jamais été au repos, mais nous avons perdu quelques-uns de ses fondateurs. Je veux leur rendre hommage car s’ils avaient été avec nous ici, la fête aurait été totale.
Le nom du Poly-Rythmo apparait sur un très grand nombre de disques commercialisés dans les années 1970 au Bénin et dans les pays voisins. Qu’est-ce qui motivait cette créativité ?
Nous avions un objectif : être aussi célèbres chez nous que les vedettes européennes l’étaient chez elles. On a côtoyé la musique des Beatles, de Johnny Hallyday, Charles Aznavour et tous les autres grands noms de la musique française. On les a tous interprétés. Et quand un orchestre comporte une dizaine de personnes, et que chacune compose des chansons, ce sont autant de sources d’inspiration diverses. Nous avons existé à travers cette multiplicité de musiques, de rythmes, teintés de musiques extérieures : le funk, la soul… A l’époque, on faisait au minimum un 45 tours par semaine !
Dans quelles conditions d’enregistrement ?
Notre producteur attitré avait le meilleur son parce qu’il nous amenait chez EMI à Lagos, au Nigeria, dans le même studio que Fela. Mais les autres producteurs ne refusaient pas le son local, avec un Nagra (enregistreur mobile à bande magnétique, ndr) et un seul micro. Une erreur, et on devait recommencer. Quel que soit le son, quel que soit le label, pourvu que ce soit le Poly-Rythmo, les gens achetaient.
Quels éléments typiquement béninois retrouve-t-on dans votre musique ?
Nous avons beaucoup de rythmes cultuels que nous associons avec la modernité. Le répertoire le plus riche est lié au culte, c’est-à-dire le vaudou. Il est si énorme qu’on n’aura jamais fini de l’exploiter. Ce sont de très belles chansons qui continuent d’être actuelles même si elles ont des centaines d’années. Aujourd’hui, le cultuel passe pour être un peu négatif mais c’est notre fondement, aussi bien dans la mélodie que dans le rythme. Avant que le christianisme ne nous atteigne en Afrique, nous avions une certaine manière de voir les choses, de chanter, et tout cela est resté.
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Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou
The Vodun Effect
En concert le 1er septembre 2009, festival Jazz à La Villette, Paris
Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou The Vodun Effect (Analog africa / Socadisc) 2009