FESTIVAL MUSIQUES METISSES (2)

Angoulême, le 12 juin 2OOO- A force de se prendre pour une ville africaine, depuis vingt-cinq ans qu'elle organise "Musiques Métisses", Angoulême a fini par se créer un micro-climat: c'est un magnifique orage tropical qui, cette année, a accueilli les festivaliers sur l'île charentaise de Bourgines. Trempés jusqu'aux os, on s'est dit que, cette fois, les organisateurs en faisaient un peu trop.

Buena Vista Afro Club

Angoulême, le 12 juin 2OOO- A force de se prendre pour une ville africaine, depuis vingt-cinq ans qu'elle organise "Musiques Métisses", Angoulême a fini par se créer un micro-climat: c'est un magnifique orage tropical qui, cette année, a accueilli les festivaliers sur l'île charentaise de Bourgines. Trempés jusqu'aux os, on s'est dit que, cette fois, les organisateurs en faisaient un peu trop.

D'autant que la sécurité faisait, elle aussi, du zèle. Laissant poireauter sous la pluie des foules angoumoisines heureusement placides; accordant "trois photos" aux journalistes ! C'est trois chansons, sur scène, qu'il fallait comprendre ! Bref, une curieuse ambiance qui, heureusement, au fil des jours allait se détendre, tant il eut été dommage que ce modèle de festival bon enfant, mi-kermesse mi-fête de Lutte Ouvrière, entra à son tour dans le moule des grosses machines touristico-festivalières.

Côté musique, puisque c'est quand même là l'essentiel, on ne peut pas dire que cette édition ait fait une grande place aux découvertes.

Tout au contraire, il semble bien que "Musiques Métisses" ait voulu fêter son quart de siècle en rendant hommage aux anciens, sur-représentés cette année. Un genre de "Buena Vista Social Club" à l'africaine, du Maghreb avec Cheika Rimiti à l'Afrique du Sud avec les Mahotella Queeens, en passant par le Cameroun d'Anne-Marie N'zié et le Congo de Wendo Kolosoy.

Si, pour ceux qui ne l'avaient jamais entendue auparavant dans une formation plus traditionnelle, Cheika Rimiti n'a pas convaincu -trop noyée dans un fatras pseudo-moderne qui la déssert- en revanche Wendo Kolosoy a séduit la tranquille Charente. Quand même marrant, au passage, de retrouver ici la rumba des débuts, celle qui éveilla Léopoldville aux premières sirènes de l'indépendance.

Wendo, qui se prétend toujours mécanicien sur bateau-vapeur, chante depuis 1936. Son premier enregistrement remonte à 1948. Il a formé la génération des Franco, Rochereau, Kabasélé. Quelques part, il est un peu l'arrière-grand-père de Koffi Olomidé. Mais, sur scène, il est encore un crooner charmeur, au yoddle un peu envahissant mais émouvant. Appuyé par une formation qui a parfaitement su recréer le son rumba des débuts, Wendo a belle allure, prend la pose dans son manteau noir, et drague la Charentaise toute émoustillée: Wendo est aussi l'arrière grand-père des sapeurs de Kin !

Les Mahotella Queens ne rateront pas non plus leur retour dans une ville qui, grâce à Christian Mousset, est un peu à l'origine de leur succès international. (Angoulême, décidément, devrait être jumelée avec Kinshasa et Johannesbourg. Au moins.) Les reines sont désormais sans Mahlatini, mais montrent qu'elles entendent bien continuer la route toutes seules. Le public leur donne raison. Et, dit-on en coulisses, il y aurait prochainement un nouvel enregistrement de "Kazet", morceau qui fut -presque- un tube mondial, et qui a donc encore une chance de le devenir.

Ce soir, "Musiques Métisses" s'achèvera sur une région qu'on aime bien ici, l'océan Indien. Avec, entre autres, Jaojoby, Baster, Danyel Waro . Le soleil est revenu sur le Sud-Ouest, tout va bien.

JJD