Fondu, fantasque, Fancy !

Ce qu’on remarque en premier chez Fancy, c’est l’apparence. Un chanteur coupe afro à la voix troublement féminine et (une ?) guitariste délicieusement ambiguë. A mille lieux de la scène rock française, les Parisiens imposent avec leur premier album Kings Of The World, une collision réussie entre rock, glam funk et soul. Comme si Hair frayait avec Tommy, en encore plus décadent.

Les nouveaux rois du monde

Ce qu’on remarque en premier chez Fancy, c’est l’apparence. Un chanteur coupe afro à la voix troublement féminine et (une ?) guitariste délicieusement ambiguë. A mille lieux de la scène rock française, les Parisiens imposent avec leur premier album Kings Of The World, une collision réussie entre rock, glam funk et soul. Comme si Hair frayait avec Tommy, en encore plus décadent.

Avec Jesse Chaton, chanteur de Fancy, pas facile de démêler l’info du pipeau : "J’ai passé une soirée dans la loge des Rolling Stones. Mick Jagger m’a donné quelques conseils, mais je ne l’écoutais que d’une oreille parce qu’il n’est plus tout jeune !" Ou encore : "J’ai co-écrit le titre D.A.N.C.E. de Justice." Faux pour le premier, vrai pour le second. Coupe afro, rouflaquettes jusqu’aux maxillaires, débardeur floqué Cinderella, jean slim et baskets montantes, Jesse est aussi fantasque à la scène qu’à la ville. Au risque de passer pour un clown : "Nous ne sommes pas des guignols. C’est un truc qui nous blesse un peu quand les gens nous disent : 'Je t’ai vu en concert, tu étais trop drôle !'" Quand Mick Jagger dandine des fesses sur scène, tu as le sourire mais ce n’est pas un comique pour autant. Fancy, c’est 50% d’image et 50% de bonne musique."

Une attitude tellement iconoclaste en France qu’elle a dérouté la plupart des labels : "Finalement, les gens des maisons de disques sont assez homogènes, explique Jesse. Même s’ils aiment le groupe, ils n’ont pas envie de s’y risquer, parce qu'au dessus d'eux, on peut leur dire que si ça ne marche pas, ils sont virés la semaine prochaine. Il y avait toujours un truc qui bloquait. Soit c’était ma voix, soit on était trop maquillé, ou alors on en faisait trop. Pourtant, on n'a que des tubes sur l’album !" Et à trop focaliser sur l’apparence de Fancy, on en oublierait effectivement presque l’essentiel de Kings Of The World : la musique. Une alchimie a priori hautement improbable où se côtoient les riffs heavy de Mom, la basse toute en rondeur de Rae Mone et les envolées glam de Jesse. Un mélange détonnant comme sur le cynique Seventeen ou l’hymne funky What’s Your Name Again ?

Télescopages

Les époques et les styles se télescopent. Diana Ross et Mötley Crüe avec Xiomara, Madonna et Van Halen pour U.N.V.I., Fancy ne recule devant aucun mariage. Jesse le revendique crânement : "On l’annonce dans le disque, on veut être les rois du monde (Kings Of The World, ndlr). Mais pour moi, c’est un peu daté. Maintenant, on veut conquérir l’univers. Tout, quoi ! Et forcément des gens comme Van Halen, Madonna, les Rolling Stones sont des modèles. Je ne le cache pas, je ne veux pas jouer le mec incompris, torturé. Je veux avoir plein de pognon, que tout le monde m’aime, que les hommes, les femmes, les ménagères de moins de cinquante ans veuillent coucher avec moi. Je veux le succès, la gloire et évidemment faire des super albums et des super chansons, pour marquer l’histoire au même titre que Mozart, Elvis Presley ou Michael Jackson !"

Pour un groupe qui affiche une ambition aussi démesurée, le chemin a pourtant été plutôt long. Kings Of The World sort quatre ans après les premiers coups d’éclats de Fancy aux Transmusicales de Rennes. Entre temps, la formation a sorti une poignée de maxis sur des labels très tendance mais à l’audience confinée. Une stratégie de la lenteur ? Jesse fend le masque : "On est prêt à la gloire mais il nous faut des gens en face qui aient confiance, qui nous aiment."

Daft Punk séduit

Pédro, manager des Daft Punk, a été un des tout premiers à les supporter. "Nous sommes très flattés que la scène électro parisienne s’intéresse à nous, c’est un super compliment, ça prouve qu’on est mainstream !" Une sacrée opportunité pour Fancy puisque le duo masqué, emballé par une de leurs prestations, a décidé de les inviter en première partie d’un de ses concert. "

Ça s’est passé assez vite, se souvient Jesse. Nous avons joué aux Eurockéennes l’année dernière. Daft Punk y était aussi. Pédro était avec eux, ils sont passés nous voir et ils se sont mis d’accord très vite pour nous aider. Nous avons du déplacer notre concert au festival Rock en Seine pour jouer devant des milliers de personnes à Dublin. Je te passe le jet privé pour arriver à l’heure à Paris !" Déjà de vrais stars…

Ce n’est pas un hasard si Fancy dépasse l’auditoire rock traditionnel. Du groupe émane une énergie sexuelle un peu trouble, typique des troupes glam, ces garçons qui jouaient trop bien les filles. Difficile de croire qu’un homme feule à vous faire dresser les poils sur des titres comme Morning ou Xiomara. Une dimension pernicieuse que la formation assume avec délice. "On n’a pas trop de concurrence, conclut Jesse. C’est dur pour les autres groupes français parce qu’ils ne sont pas assez ambitieux. Nous, on est là pour changer le cours de l’histoire, en toute modestie." Fancy, une blague à prendre très au sérieux.

Fancy Kings Of The World (Exclaim) 2007 En concert à Paris, à la Boule Noire le 11 Octobre 2007.