Franck Monnet au pays de <em>Malidor</em>
Textes léchés jusqu’à la moelle, mélodies qui se baladent entre rock, folk, musique teintée d’îles et chansons douces : Franck Monnet a mijoté un quatrième opus poétique et vitaminé. Avec cet album, il nous emmène dans un univers bien à lui, nommé Malidor.
Sortie d'un quatrième album
Textes léchés jusqu’à la moelle, mélodies qui se baladent entre rock, folk, musique teintée d’îles et chansons douces : Franck Monnet a mijoté un quatrième opus poétique et vitaminé. Avec cet album, il nous emmène dans un univers bien à lui, nommé Malidor.
Après trois albums et une liste impressionnante de collaborations cette année (Sébastien Martel, Emilie Loizeau, Claire Diterzi, Enrico Macias), Franck Monnet livre l’énigmatique Malidor. Que signifie Malidor ? "C'est à la fois le titre de l’album, celui d’une chanson et le nom d’un pays imaginaire et intemporel sorti tout droit d’un rêve… ou d’une insomnie, d’où le jeu de mots sur mal dormir", explique Franck Monnet, pourtant pas insomniaque pour un sou !
Au pays de Malidor comme sur l’album, voyages, mirages, amitié, mort, amour et mal de sommeil se disputent la vedette : Barcelone et London racontent des désirs d’ailleurs quand "on a pas vingt ans". Cesare Pavese et Fin stupide philosophent sur la grande faucheuse (L’unique et âpre métier de vivre/ Est pour chacun de nous différent. Enfin il faut savoir accueillir/ La mort mais c’est le métier qui entre sur Cesare Pavese). Trop de lichen et La langue des chats parlent du sentiment amoureux, tandis que Malidor et Bonn’aise inventent une autre vie…
Un climat particulier
Beaucoup de thèmes sur ce quatrième opus, mais un seul univers : "J’ai voulu resserrer les chansons autour d’un climat particulier. Celui du "beau-bizarre" façon Tom Waits ou Elliott Smith, où l’on ne sait plus très bien quelle est la part de rêve ou de réalité." Résultat, un disque à l’ambiance vaporeuse où l’oreille vagabonde du punk (London) au folk (18 ans), en passant par l’acoustique Trop de lichen et les chantantes envolées îliennes de Bonn’aise.
Brouiller les pistes semble être l’une des spécialités de Franck Monnet, qui a écrit seul textes et musique sur Malidor. "J’aime assez l’ironie et l’ambiguïté, j’en ai beaucoup usé pour engendrer ce disque. En créant, par exemple, des chansons gigognes, comme Malidor, qui contient Bonn’aise en embryon", sous-titre le chanteur-compositeur.
Malidor prend ainsi des allures d’album "poupées russes". Où un titre en cache un deuxième, un sens un autre… Le premier couplet de Fin stupide sied en effet aussi bien à la mort qu’à une rupture sentimentale : "Je sens que nous allons vers une fin stupide/ Ignorer l’échéance ne fait rien à l’affaire/ Les précautions quotidiennes/ La méfiance, les soins, les efforts/ Jour après jour/ Me semblent un peu plus futiles. "En fait je pensais surtout à la mort quand je l’ai écrit, j’aime bien roucouler des trucs un peu âpres... Mais à chacun son interprétation !"
En bon gourmet des mots, Franck Monnet le mystérieux s’agite pas mal les méninges avant d’écrire une nouvelle chanson. Pas du genre à enfanter un texte au dos d’un sous-bock ou sur un coin de table de brasserie ! Il réfléchit longuement au concept d’un titre avant de trouver les mots qui lui donneront vie."J’ai une écriture naturelle très structurée, très stratégique. Je ne suis pas quelqu’un qui a de l’imagination, je me prends la tête pour mettre du sens dans chaque ligne, chaque vers et faire ricocher les mots les uns sur les autres." Sur Malidor, une exception tout de même : 18 ans, sur lequel Franck Monnet s’est laissé allé à une écriture plus aventureuse, plus spontanée. Demain, j’ai 18 ans/ Mais j’ai le père Noël/ Mais j’ai le cul qui pèle : "J’y passe un peu du coq à l’âne, comme inspiré par les chansons folk et légères de Neil Young ou de Devendra Banhart."
Réalisateur et arrangeur
Côté collaborations directes, Franck Monnet n’a pas voulu renouveler, pour Malidor, l’expérience de Au grand jour (2004), son précédent album. Camille, M, Albin de la Simone, Emilie Loizeau étaient venus y jouer ou y chanter."C’était génial ce côté un peu auberge espagnole avec des amis ! Mais là, il fallait que je fasse mon disque, avec ma patte." À 39 ans, le Bordelais d’origine a donc pris les choses en main, réalisant et arrangeant lui-même Malidor. À ses côtés, de précieux musiciens : François Lasserre (guitares électriques, percussions et chant) et Franck M’bouéké (batterie, percussions et chant).
"Avant de les rencontrer en 2003, je me demandais si cela valait vraiment la peine de faire un quatrième album." Il faut croire que oui. Depuis qu’il joue en trio avec eux, Franck Monnet a trouvé une énergie qui lui donne des ailes. "Ce nouveau départ m’a donné envie d’enregistrer Malidor dans les conditions les plus proches possibles du live, pour garder cette fraîcheur et cette spontanéité que nous avons sur scène." Deux jours d’enregistrement par semaine (aux studios parisiens Calm et De La Seine), une bonne dose de rigolade et un an plus tard, douze pistes étaient gardées. Malidor était né.
Franck Monnet Malidor (Tôt ou Tard) 2006
En concert le 27 octobre à L'Antipode à Rennes et le 27 novembre à La Cigale à Paris.
