Tahiti 80 s'exporte

Le nouvel album du groupe normand Tahiti 80, Wall Paper For The Soul, arrive ces jours-ci en France après être sorti aux Etats-Unis et au Japon fin 2002. Dans l'archipel nippon, le groupe rencontre un joli succès depuis leurs débuts. A l'occasion d'une mini-tournée en décembre dernier, le correspondant de RFI musique a rencontré le quatuor.

Succès, tournée et nouvel album.

Le nouvel album du groupe normand Tahiti 80, Wall Paper For The Soul, arrive ces jours-ci en France après être sorti aux Etats-Unis et au Japon fin 2002. Dans l'archipel nippon, le groupe rencontre un joli succès depuis leurs débuts. A l'occasion d'une mini-tournée en décembre dernier, le correspondant de RFI musique a rencontré le quatuor.

RFI Musique : Vous arrivez d’une tournée aux Etats-Unis. Comment s’est-elle passée ?
Tahiti 80: On était débordés! On a fait trois semaines, tous les soirs. C’était une tournée de remise en route pour tout le monde et le premier pays pour l’album. On a fait un circuit qu’on connaissait déjà et même si les morceaux étaient nouveaux pour le public, il était présent et il a bien accroché.

C’était donc un peu de l’échauffement pour le Japon ?
En fait, il faut bien commencer par quelque part ! Le public américain est très ouvert ce qui force à avoir une interaction. Il en est assez demandeur. Et puis les déplacements aussi sont fatigants, les routes sont longues pour aller d’une ville à une autre. C’est très dur sur plusieurs points mais c’est une bonne école.

Avec le publicjaponais, vous retrouvez aussi cette interaction ?
C’est un peu différent car pour communiquer (en anglais comme on le fait aux Etats-Unis) c’est un peu plus compliqué. Au Japon, avec le public on parle en anglais bien sûr, quelquefois en français et quand on est assez en forme pour le faire, en japonais !
Le public japonais c’est une autre mentalité. Il y a un côté assez naïf: quand on déboutonne la chemise tout le monde crie, quand on saute toute la salle retient son souffle ! Mais à coté de ça, les Japonais sont très éduqués musicalement ce qui explique, je crois, notre succès ici. Les gens comprennent où on veut en venir avec nos arrangements, nos mélodies. Ce paradoxe fait que c’est très intéressant de jouer ici.


Chanter en anglais justement, c’est important pour avoir du succès ?
C’est surtout que ça se vend mieux(rires)! On fait un genre de musique qui est totalement anglo-saxon donc ça vient naturellement, ce n'est pas comme si on avait des chansons en français qu’on aurait traduites. La langue française a une certaine musicalité mais en même temps elle entraîne une rigidité au niveau du chant. Tu ne peux vraiment pas te servir de ta voix comme d’un instrument. Avec la pop, tu peux jouer sur le sens des mots bien sûr mais aussi avec ta voix. D’ailleurs dans notre musique, je pense que la voix est peut-être l’élément le plus important car c’est elle qui donne la mélodie des morceaux. En français, on ne pourrait pas y arriver. L’utilisation d’une langue qui n’est pas notre langue maternelle entraîne des réflexes différents, elle permet d’inventer, de créer complètement autre chose. C’est ça qui est intéressant.
Aux Etats-Unis par exemple, ce que le public aime chez Tahiti, c’est ce côté un peu familier. Pour les Américains, le genre de musique qu’on fait est partout mais notre façon d’aborder les textes n’étant pas typique, ça nous permet aussi de sortir un peu du lot, d’avoir en tout cas une carte à jouer. Le truc c’est de trouver la balance entre le fait qu’on soit français et le fait qu’on fait une musique anglo-saxonne.

Comment les médias des différents pays où vous vous produisez vous recoivent-ils en général ?
C’est assez rigolo car chaque pays a ses questions de prédilection alors finalement, on prend un peu le pli. Par exemple, il n'y a pas si longtemps encore, les Allemands insistaient souvent sur nos études! Ils voulaient savoir ce qu’on avait fait (rires) et quand on leur disait qu’on avait arrêté un peu en cours de route, on les sentait un peu... enfin... ça ne plaisante pas là-bas !
Au Japon,les questions sont assez sérieuses et l’attitude analytique. Ils cherchent vraiment à comprendre le pourquoi du comment des chansons. On a souvent des questions assez précises sur les morceaux.
Les Etats-Unis ont un côté très segmenté. Quand on est invité pour quelque chose, il faut rester à sa place! Il y a des interviews très bien mais parfois on tombe aussi un peu dans le fast-food !
En France, c’est assez particulier car parfois on a l’impression que les journalistes ne comprennent pas trop où on veut en venir, peut-être parce qu’on n’a pas les mêmes références musicales, je ne sais pas. Quand tu fais la musique comme la nôtre, il y a forcément un apprentissage. Toutes nos influences, on les a cherchées, elles n’étaient pas à portée de main, il a fallu creuser. Parfois quand on parle avec les journalistes, on a l’impression de ne pas être sur la même longueur d’ondes. Ceci dit, il y a aussi des interviews très bien!

Vos projets à court et moyen termes ?
Après le Japon, mini tournée européenne en décembre (Allemagne, Belgique, Hollande et Autriche), ensuite break et cadeaux de Noël! On espère repartir après assez vite sur les routes et puis aussi préparer rapidement un nouvel album. Le premier, on avait pris du temps pour le faire mais pour ceux à venir, ce serait bien d’avoir une sorte d’urgence pour les composer !

L’album Wall paper for the soul sera dans les bacs en France en janvier 2003.