PRIX RFI MUSIQUES DU MONDE 2004
Depuis 1981, RFI distingue chaque année un artiste prometteur originaire de l’Afrique, de l’Océan indien ou des Caraïbes. Grâce à cette récompense, la plupart des lauréats ont pris leur envol international comme Rokia Traoré, Tiken Jah Fakoly, Didier Awadi ou encore Amadou et Mariam. En 2004, les finalistes sont le Malien Idrissa Soumaoro, le Sénégalais Abdou Guité Seck et le groupe guinéen Ba Cissoko. Verdict, le jeudi 2 décembre au Centre Culturel Français de Bamako.
Directeur de la communication au sein des opérations culturelles de RFI, Bela Bowé est chargé du prix Musiques du monde. Entretien.
Qui succédera à Rokia Traoré?
Depuis 1981, RFI distingue chaque année un artiste prometteur originaire de l’Afrique, de l’Océan indien ou des Caraïbes. Grâce à cette récompense, la plupart des lauréats ont pris leur envol international comme Rokia Traoré, Tiken Jah Fakoly, Didier Awadi ou encore Amadou et Mariam. En 2004, les finalistes sont le Malien Idrissa Soumaoro, le Sénégalais Abdou Guité Seck et le groupe guinéen Ba Cissoko. Verdict, le jeudi 2 décembre au Centre Culturel Français de Bamako.
Directeur de la communication au sein des opérations culturelles de RFI, Bela Bowé est chargé du prix Musiques du monde. Entretien.
Vous avez reçu 200 enregistrements, comment avez vous choisi ces trois finalistes ?
Béla Bowé: Les artistes doivent avoir enregistré au moins une cassette et pas plus de deux CDs ou quatre cassettes. On s’intéresse ensuite à la qualité des mélodies, de la voix, des arrangements, à la globalité du concept que développe l’artiste. L’exemple type, c’est une chanteuse comme Rokia Traoré. Au départ, sa musique n’intéressait pas la masse populaire malienne. Elle a d’abord commencé à l’étranger pour ensuite être connu dans son pays. Il en va ainsi pour un certain nombre d’artistes africains. Nous ce qu’on recherche, ce sont ceux qui ont une ouverture sur l’international dans le sens où il y a des ingrédients qui sont autres que ceux de la musique urbaine locale. Jusque là, les artistes qui ont été lauréats ont toujours fait une bonne carrière.
Comment va être élu le lauréat de cette année ?
Chacun va jouer une demi-heure en public au Centre Culturel Français de Bamako, le 2 décembre. Un jury présidé par Rokia Traoré déterminera le soir même qui est le gagnant. Le lauréat jouera deux jours plus tard en première partie de Tiken Jah Fakoly au stade Modibo Keita de Bamako. Il se produira ensuite dans la salle parisienne du Triptyque le 16 décembre.
RFI l’accompagne pour la suite de sa carrière ?
Le lauréat gagne 6000 euros de prix, une bourse de 12.500 euros pour l’aide aux tournées, offerte par le Ministère français des Affaires étrangères. L'artiste est soutenu par RFI, sur ses antennes, que ce soit dans les magazines, dans la programmation musicale mais aussi sur les sites Internet de RFI. Le gagnant se verra aussi offrir une tournée africaine d’une quinzaine de dates par l’AFAA (Agence française d’action artistique). L’un dans l’autre ça fait quand même une bonne promotion !
Présentation des artistes nominés pour le Prix RFI Musiques du Monde :
Abdou Guité Seck(Sénégal): le prince de l’afro-fusion
Né en 1979, Abdou Guité Seck est le plus jeune des finalistes mais pas forcément le moins expérimenté. Il débute sa carrière en 1996 au sein de la formation franco-sénégalaise Wock (contraction de Wolof et Rock). Cette première tentative se voit couronnée de succès puisque le groupe remporte le prix RFI Découverte 2000 et est même nominé aux Victoires [française] de la musique 2001 dans la catégorie World. Abdou Guité Seck décide ensuite de poursuivre sa carrière en solo au Sénégal. Sa voix envoûtante ne reste pas longtemps muette. Il fait mouche avec son afro-fusion, un mélange de rythmes sénégalais et de pop occidentale. En 2002, sa cassette Evolution et surtout le titre Modou Modou sont sur toutes les lèvres de Dakar.Le succès se confirme en 2003 avec une nouvelle cassette 6 titres Coono Aduna.
Ba cissoko (Guinée) : Rock’n’Kora
Enfant, Ba Cissoko avait deux amours: le ballon et l’école buissonnière. Inquiet pour son avenir, son père décide de l’envoyer chez son oncle le célèbre griot M’Bady Kouyaté, directeur de l’Ensemble Symphonique traditionnel national de la république de Guinée. A ses côtés, il devient un virtuose de la kora, cette calebasse dotée de 21 cordes et popularisé dans les années 80 par Mory Kanté et son fameux Yéké Yéké. Avec son premier groupe, Tamalou, il sort de son pays pour se confronter aux plus grands dont Ray Lema. En 1999, avec sa nouvelle formation éponyme, il réussit une synthèse excitante de rock et de musique mandingue. A ses côtés, ses cousins, les frères Kouyaté dont Sékou, l’extraterrestre. En branchant des pédales d’effets à sa kora, il ravive les délires électriques de feu Jimi Hendrix. Après plus d’un an de concerts sans relâche, le quatuor enregistre son premier album, Sabolan.
Idrissa Soumaoro (Mali): l’"ancien combattant"
La kora ou son équivalent malien, le nkamelen n’goni n’a pas de secret non plus pour Idrissa Soumaoro. A 55 ans, cet inspecteur de l’Education nationale malienne reste une gloire méconnue du continent. Son tube Ancien combattant a fait vibrer l’Afrique mais c’est surtout la version popularisée par le Congolais Zao (prix Découverte RFI en 1982) qui restera dans les mémoires. L’homme ne recherche pas la gloire. Il aurait pu faire carrière en Angleterre mais il choisit d’aider son pays. Depuis plus de trente ans, il enseigne la musique aux non-voyants avec notamment parmi ses élèves, le célèbre couple Amadou et Mariam. Ancienne vedette des Ambassadeurs (où officiait Salif Keita), il dirige maintenant son propre groupe, les Compagnons. Exemple de droiture et d’honnêteté, il n’hésite pas pour autant à manier la satire. Pour preuve son album, Köte, un voyage entre blues et musique traditionnelle malienne.
Ba Cissoko Sabolan (Marabi) 2003
Idrissa Soumaoro, Kôtè, (Syllart Production/dist. Night & Day), 2003