Libre comme Freeman
Malin, Freeman. Le danseur du groupe IAM et artiste solo depuis L’Palais de justice (1999) a su trouver la parade pour contourner l’obstacle du deuxième album en proposant un mini LP 7 titres, vendu au prix d’un CD maxi ! Projet à part dans la carrière discographique de Freeman, Mars Eyes est l’apéritif avant le grand festin, le prochain disque d’IAM courant 2002.
Les yeux de Marseille
Malin, Freeman. Le danseur du groupe IAM et artiste solo depuis L’Palais de justice (1999) a su trouver la parade pour contourner l’obstacle du deuxième album en proposant un mini LP 7 titres, vendu au prix d’un CD maxi ! Projet à part dans la carrière discographique de Freeman, Mars Eyes est l’apéritif avant le grand festin, le prochain disque d’IAM courant 2002.
La nature a horreur du vide. Sitôt IAM et ses acteurs en sommeil, la Fonky Family sort du bois et occupe l’espace avec un album déjà disque d’or, Art de rue. C’était compter sans Freeman, qui publie un vrai-faux deuxième album, Mars Eyes. Ce mini LP qui n’était pas prévu ni au programme ni sur son contrat d’enregistrement mais que Delabel, sa maison de disques, n’a pas dû rechigner à publier, vu le succès public et critique du premier exercice solo de l'artiste (L’Palais de justice en 1999).
Que voit-on aujourd’hui à travers les yeux de Marseille ? Que la misère est aussi pénible au soleil, pourrait-on résumer en contredisant Aznavour. Que malgré les chiffres officiels de la croissance et de la décrue du chômage, les difficultés du quotidien restent intactes dans certains quartiers. Que la violence d’une certaine jeunesse devient souvent moins contrôlable. Que l’argent pourrit tout, y compris le rap. Mais qu’il y a de l’espoir. A Marseille, «c’est quand même mieux qu’avant. Beaucoup de choses sont en train de se faire par rapport aux associations, aux MJC, aux centres sociaux, dans le centre-ville comme dans les quartiers Nord. Il y a beaucoup plus de parcs, de bibliothèques, d’endroits où on peut étudier… La Mairie essaie de faire en sorte que les gens apprécient de nouveau leur ville. Depuis longtemps, à partir de huit heures du soir, Marseille est comme une prison. Il n’y a personne dehors ». 
Pourtant, malgré un terreau propice, il est de plus en plus difficile de s’y exprimer en public, lorsqu’on est rappeur. «Il y a eu trop d’emmerdes. Depuis ce temps, personne ne veut bouger. Je n’ai pas envie d’aller dans une soirée me chiffonner avec des mecs qui ne comprennent rien à la vie. Je ne suis pas boxeur ». A presque trente ans, l'homme a changé. Né en 1972 à Marseille, le futur Malek Sultan, plus connu sous le nom de Freeman, vit jusqu’à l’âge de douze ans à Alger, dont il garde les souvenirs du bled et de la vie rudimentaire. De retour dans la cité phocéenne où sa famille s’installe dans le quartier arabe de Belsunce, à deux pas du Vieux Port, il s’investit dans la danse, le hip hop et le sport, plutôt qu’à l’école. Il rencontre Chill (Akhénaton) sur un terrain de basket, à la fin des années 1980. L’aventure IAM va bientôt commencer.
Dix ans plus tard, le rap est partout et, le cœur définitivement partagé entre Marseille et Alger, Freeman consigne enfin ses impressions personnelles dans un premier album plébiscité, L’Palais de justice. «Maintenant, j’ai un regard beaucoup plus froid sur la société, j’ai peut-être un peu mûri. Ma fonction au sein même de la société a changé aussi : je suis devenu père, j’ai des responsabilités. Ce n’est plus le même délire. Aujourd’hui, je donne plus de sens à ce que je vois et je prends davantage de recul par rapport aux gens et à la société». Le besoin de changement l’anime aussi dans le travail. «A force, je n’avais plus envie de faire les choses que j’avais déjà faites, même si je reste dans la même lignée. Ce qui change, c’est la production. Quant à ma diction, je travaille davantage la prononciation». 
Mais, pour Freeman, l’avenir est collectif. Depuis L’Ecole du micro d’argent, il y a déjà plus de quatre ans, la galaxie IAM s’est éparpillée en de multiples étoiles solo, dont les plus célèbres, Akhénaton et Shurik’n brillent sur un des sept titres de Mars Eyes (Le Barème). Dès l’automne prochain, les protagonistes de l’un des groupes fondateurs du hip hop français devraient commencer à rassembler leurs idées pour faire renaître de ses cendres le sphinx IAM, très probablement courant 2002. A Marseille, l’odyssée continue.
 
      
   
      
   
             
             
             
            