Calogero, et de trois !
Calogero, le petit italien au physique de gendre idéal est décidément devenu un incontournable. Ses 33 ans voient la naissance d’un troisième album très justement intitulé 3, des collaborations diverses et fidèles, et un avenir encore serein. L’âge du Christ donc, même si le chemin de croix n’a pas été des plus pénibles… histoire d'une acsension.
Nouvel album
Calogero, le petit italien au physique de gendre idéal est décidément devenu un incontournable. Ses 33 ans voient la naissance d’un troisième album très justement intitulé 3, des collaborations diverses et fidèles, et un avenir encore serein. L’âge du Christ donc, même si le chemin de croix n’a pas été des plus pénibles… histoire d'une acsension.
Tout a commencé un jour de juillet 1971 au sein d’une famille d’immigrants siciliens vivant à Grenoble. Calogero Maurici apprend très jeune l’orgue, la guitare, la flûte et ce qui va devenir son instrument de prédilection : la basse. A 15 ans, il monte un groupe en compagnie de son frère. Un ami d’enfance vient compléter le trio et les Charts sont nés… Calogero se fait alors appeler Charly, ses cheveux longs cascadent en boucles encore juvéniles. Il fait ses premières armes en tant que chanteur. 1988, le groupe arrive à Paris et sort un premier album à peine un an plus tard. Un succès d’estime suivi d’un autre que le public cette fois plébiscite: Notre monde à nous (1991) qui se classe double Disque d’or tandis que le titre Aime-moi encorearrive en tête des hits parades.
Charly fait déjà rêver les adolescentes. Les années se passent au rythme des tournées, des salles mythiques comme l’Olympia, des albums (Hannibal 1994, Acte 1 live 1995, Changer1997) et surtout des rencontres artistiques. A commencer par Clare Fisher (spécialiste des rythmes latins, arrangeur pour Prince ou les frères Jackson entre autres…) pour certaines orchestrations. Ils croisent aussi Matthieu Chédid, Fred Chichin (Rita Mitsouko) ou le guitariste Steve Stevens. Lors de l’enregistrement d’une maquette, le jeune chanteur se lie également d’amitié avec un autre en devenir de l’époque: Pascal Obispo. Malgré toutes ces rencontres, la musique des Charts traîne une étiquette de variété adolescente, de gentil rock à l’eau de rose et les ventes finissent par s’essouffler au fur et à mesure des années. Arrive donc le jour de la séparation. Cela tombe bien, l’ultime album a pour titre Changer… prémonitoire s’il en est!
Alors Charly change tout. Il reprend son prénom de baptême. Il coupe sa chevelure. Il ne se cache plus derrière un groupe… deuxième naissance donc en 1999: Calogero est là, avec une carrière qui va tout de suite passer à la vitesse supérieure. Pour cela quelques ingrédients sont nécessaires. En plus de sa voix déchirante et de son talent de mélodiste, il va travailler avec des artistes telles que Zazie, Clémence Lhomme ou Alana Filippi pour les textes, mais surtout sous la direction artistique précieuse de Pascal Obispo alors en plein essor dans le monde de la chanson en France. Le résultat ne se fait pas attendre, l’efficacité de la recette paye. Dès le premier album solo, Au milieu des autres, les filles se pâment, Calogero se fait entendre et sa nouvelle peau lui sied si bien que peu se souvient du Charly d’antan. Parallèlement à cette victoire qui commence à s’annoncer, le jeune homme compose de plus en plus pour d’autres artistes comme Fred Blondin, Patrick Fiori, Ismaël Lo ou Hélène Segara. Sans parler du désormais inséparable Pascal Obispo pour qui il écrit Millésime. Le point d’orgue de cette activité sonnera avec la composition de quatre chansons pour la comédie musicale d’Elie Chouraqui Les dix commandements. A partir de là, on en est sûr, Calogero vient d’entrer dans le petit cercle des faiseurs à la mode, des membres de la famille privilégiée de la musique en France.
Le deuxième album, éponyme, sort en 2002. En plus d’Alana Filippi qui reste auteur principale en compagnie de Lionel Florence et Patrice Guirao, les textes passent par quelques plumes dont celle de Françoise Hardy ou de Raphaël. Le succès se confirme, mais on ne peut alors s’empêcher de penser sourdement que le danger est dans l’ersatz, la pâle copie d’Obispo. Une fragrance de quelque chose comme «le petit frère de…» se fait de plus en plus entêtante. Cela n’empêche pas la vente de plus de 700.000 exemplaires et l’apogée de la réussite se fait lors des dernières victoires de la musique: Calogero est consacré Meilleur artiste masculin de l’année 2004. Le public applaudit donc, les professionnels aussi.
C’est dans ce contexte plutôt favorable que vient de sortir 3, le troisième album solo. Un véritable tapis rouge pour un disque qui se voudrait plus pop-rock que les précédents. Les auteurs ne changent pas et la seule arrivée à remarquer est le rappeur Passi qui se permet un duo intitulé Face à la mer. L’exercice laisse dubitatif tant le mélange variété-pop-rock-rap sonne calculé et bizarrement peu risqué. Une remarque que l’on pourrait d’ailleurs faire aux onzes autres titres qui traînent un fumet non téméraire sur autoroutes sécurisées. Et même si les thèmes abordés ont l’élégance d’être variés (le monde, l’espoir, l’enfant qui vient de naître, l’amour heureux, l’amour perdu, l’absence du père…), même si l’énergie touchante de l’enregistrement en live des musiciens ne passe pas inaperçue, même si l’envie de se diriger vers une scène moins proprette se fait ressentir, l’ensemble reste de facture attendue, de variété consommable avec date de péremption. Un jour parfait en est le meilleur exemple, chanson au pont musical final plutôt réussi, siglée rock, mais qui ne ressemble qu’à des sentiers mille fois battus dès l’arrivée de la voix, dès la présence des couplets. Restent que le produit commence à se détacher de l’influence d'Obispo, que Calogero manifeste un désir plus intéressant et que les ventes vont à n’en pas douter, exploser la caisse enregistreuse. Les fans ne seront pas déçus. Les réfractaires ne seront pas convaincus. Calogero ne bouscule décidément rien.
Calogero 3 (Mercury/Universal) 2004