Tryo pousse encore
Depuis ses premières chansons autour d’un feu de camp il y a treize ans, Tryo est devenu un poids lourd de l’industrie musicale française. Loin de pantoufler, le groupe sort avec Ce que l’on sème un quatrième disque détonnant. On retrouve bien évidemment des titres reggae acoustiques qui ont fait la gloire du quatuor mais aussi des chansons plus aventureuses, nettement influencées par les musiques indiennes, africaines ou latines. Une réussite inattendue et proprement bluffante. Guizmo et Manu, deux des guitaristes-chanteurs, nous livrent quelques secrets.
Quatrième album studio pour le quatuor
Depuis ses premières chansons autour d’un feu de camp il y a treize ans, Tryo est devenu un poids lourd de l’industrie musicale française. Loin de pantoufler, le groupe sort avec Ce que l’on sème un quatrième disque détonnant. On retrouve bien évidemment des titres reggae acoustiques qui ont fait la gloire du quatuor mais aussi des chansons plus aventureuses, nettement influencées par les musiques indiennes, africaines ou latines. Une réussite inattendue et proprement bluffante. Guizmo et Manu, deux des guitaristes-chanteurs, nous livrent quelques secrets.
RFI Musique : Tryo est maintenant devenu une grosse pointure du paysage musical français, vous faites comment pour tenir la pression à distance ?
Manu : On est autoproducteur depuis le début. Avec la maison de disque, rien ne se décide sans notre accord. Depuis le départ, on a ce souci de liberté artistique. Ce qu’on fait est entièrement notre affaire. La pression, c’est nous qui nous la mettons. Les pressions extérieures, on les évince assez rapidement. La genèse de Tryo, c’est de l’artisanat musical. Nous sommes fondamentalement des troubadours, des chansonniers, des militants bien avant d’être des vendeurs de disques.
Comment s’est déroulée l’élaboration de Ce que l’on sème ?
Manu : Comme depuis le début : chacun arrive avec ses chansons et, si ça plaît, les autres prennent leurs guitares et proposent des arrangements. La tambouille se fait de manière assez spontanée. On a aussi essayé différentes méthodes. Pour la première fois, Guizmo et Christophe Mali ont co-écrit un texte, Marcher droit. Ils ont cumulé leurs plumes. Mali a également voulu que je fasse la musique de l’un de ses textes, Quand les hommes s’ennuient. Ça a donné une samba. L’enregistrement s’est fait en plusieurs parties, d’abord dans le sud de la France à Saint-Rémy de Provence, dans un lieu assez extraordinaire où il y a des réverbérations naturelles magnifiques. Dans un deuxième temps, on a enregistré les harmonies vocales et les invités à Paris, au studio Garage.
Guizmo : Trois mois avant ça, on avait organisé une période de maquettage. On se prenait une journée par morceau pour poser toutes les idées. On est passé par Barcelone, Paris, la Bretagne, Le Mans. Ensuite, c’était très nouveau pour nous, on a été présenter ces bribes de chansons à un réalisateur, Dominique Ledudal. On avait déjà commencé à travailler avec lui sur les mixes de Grain de sable (troisième album du groupe, ndlr). Là, il y avait le désir de partir dès le début avec lui. On lui demandait régulièrement son avis et souvent, on l’écoutait !
Sur Ce que l’on sème, on a l’impression que vous avez volontairement alterné des titres "classiques" de Tryo et d’autres chansons plus aventureuses ?
Guizmo : C’est le hasard. Il y a des morceaux qui sont arrivés comme tout le temps, sur une base reggae, notre terre de prédilection. Mais après, on s’attache beaucoup aux textes. Par exemple, avec Mrs Roy, qui parle d’une femme en Inde, ça paraissait presque évident de colorer cette chanson avec des tablas et le chant de Florence Comment, une spécialiste des chants indiens. La musique latine est aussi présente parmi nous avec Daniel (le percussionniste, ndlr) qui est Chilien et qui, en plus, est retourné dans son pays très récemment, depuis qu’il a des papiers… Le morceau El dulce de leche raconte son histoire. Toutes ces couleurs étaient latentes, Manu part en Inde depuis des années. L’Afrique et moi, c’est une histoire qui se rapproche de plus en plus.
Comment est né L’air du plastique, un des titres les plus étonnant de cet album ?
Manu : C’est une chanson de Mali qu’on avait commencé à faire l’année dernière lors de la tournée des festivals. On avait une version un peu ska latine qui était amusante, festive mais, musicalement, on pouvait aller plus loin. On a opté pour une samba merengue. Et le refrain passe plus dans un truc cubain. On avait envie de quelque chose de dansant qui colle au texte ironique de la chanson : "On fait les cons avec la planète, on la pollue, allons-y gaiement, fonçons droit dans le mur !"
Guizmo : C’est bien, on se fait flipper. Ce sont des styles qu’on aime écouter mais entre aimer la salsa et la jouer, il y a une marge. On a bien tiré la langue sur nos instruments.
Vous êtes un groupe de militants. Comment passe-t-on du discours aux actes ?
Guizmo : On met en avant Greenpeace (une association internationale de défense de l’environnement, ndlr) sur cet album. On y a inséré un bulletin d’adhésion. Ce disque sort en papier éco-responsable. Tout notre merchandising est en coton bio. On fait notre bonhomme de chemin avec ce qui nous semble important et, aujourd’hui, l’urgence pour nous, c’est l’écologie. Les membres de Greenpeace sont les pros du combat écologique, nous on peut être leur porte-parole. S’ils ont besoin de nous, on est là. C’est notre façon d’agir.
Question de circonstance : après plus de treize ans de carrière, que pensez-vous avoir semé ?
Guizmo : De l’optimisme et de la joie, j’espère. Peut-être aussi des idées et un certain regard sur la vie. Et, au sein de Tryo, une amitié durable. Le fait aussi de prendre le temps, d’accepter que, de temps en temps, l’autre n’ait pas envie de te voir, pour mieux se retrouver ensuite.
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Tryo Ce que l’on sème (Columbia/Sony BMG) 2008
Actuellement en tournée en France, en concert au Casino de Paris du 26 au 30 novembre 2008.