LES YEUX NOIRS

C’est le groupe français des musiques tziganes et yiddish. Créé par deux jeunes frères pour perpétuer les rythmes de leurs racines, Les Yeux Noirs les ont ouverts au fil des ans aux instruments électriques et au chant. Rencontre avec les frères Slabiak à l’occasion de leur cinquième opus, Tchorba.

Une fiesta jubilatoire.

C’est le groupe français des musiques tziganes et yiddish. Créé par deux jeunes frères pour perpétuer les rythmes de leurs racines, Les Yeux Noirs les ont ouverts au fil des ans aux instruments électriques et au chant. Rencontre avec les frères Slabiak à l’occasion de leur cinquième opus, Tchorba.

Il y a douze ans, vous avez eu la volonté de monter ce groupe ...
Eric: On a eu cette envie en rencontrant des musiciens avec lesquels on jouait dans les cabarets et les soirées privées. On a été influencé tout gamin par notre oncle qui était violoniste dans des cabarets tziganes et qui avait fait auparavant beaucoup de jazz manouche. Il jouait au côté de Joseph Reinhardt et travaillait beaucoup avec les musiciens du Hot Club de France. Il naviguait dans beaucoup d’univers musicaux, et celui que nous avons retenu, c’est l’univers de la musique tzigane.
Olivier: On a baigné dans un univers slave. Nos grands-mères chantaient en yiddish, on entendait des disques et des musiques tziganes, mais notre formation a été en fait très classique.

Vos premiers albums étaient purement acoustiques. Et depuis cinq ans, vous évoluez vers une musique plus électrique ...
Eric: On a renouvelé notre répertoire. Depuis cinq ans, on compose et cela fait partie de l’entretien de l’énergie. On n’a pas toujours envie de jouer de la musique traditionnelle, mais plutôt de faire une musique plus évolutive et d’atteindre des sons plus actuels. Nous voulions une démarche beaucoup plus personnelle que celle que nous avions à nos débuts. On a intégré la guitare électrique, la basse, la batterie et un sampler. Cette évolution date de notre précédent album Balamouk.

Dans votre dernier opus, Tchorba, vous abordez un nouveau virage. Celui de la chanson ...
Eric: On voulait composer et écrire des chansons sur cet album. On ne pouvait écrire qu’en français, puisque c’est notre langue maternelle, mais toujours avec l’inspiration de l’Europe de l’Est. Il y avait bien eu une mode dans les années 60 de traduire les chansons tziganes en français. Francis Lemarque faisait ça très bien, d’ailleurs. Mais c’était ramener la musique tzigane à une forme de chanson française de variété. Nous n’avions pas envie d’adopter une telle démarche lorsqu’il s’est agit de chanter en français. On voulait des textes personnels, pas d’adaptation. La musique est venue avec les influences de la chanson française et tzigane, de la pop. Cela se ressent dans nos arrangements. Ce qui nous tenait vraiment à cœur, c’était de garder notre esprit de la musique slave et d’y coller des textes en français qui venaient de nous.

Ne craignez-vous pas d’être désormais considéré comme un groupe de chanson française plutôt qu’un groupe de musique tzigane. Et d’avoir vendu votre âme au "diable" ...
Eric: Peut-être, mais c’est un choix qu’on assume complètement comme au moment où l’on a rajouté les instruments électriques aux morceaux traditionnels. On n’a pas eu peur des puristes. Aujourd’hui, on se rend compte que les puristes adhèrent à ces nouveautés.
Olivier: Du moment qu’on a eu cette démarche par choix personnel, on ne peut qu’avoir confiance. On n’a pas été influencé par une major. D’ailleurs, on a quitté notre maison de disques avant de réaliser cet album, qu’on a produit. On a fait ce choix parce qu’on avait envie d’évoluer, on ne peut pas toujours faire des chansons et des mélodies tziganes.

Aujourd’hui, vous vous considérez plus comme un groupe rock, de variété ou de world music ?
Eric: C’est un mélange. Il y a des sons un peu world, trip hop, des couleurs de chanson française. Chacun des membres du groupe a pu s’exprimer et on a été dans toutes les directions possibles pour voir ce qui marcherait le mieux en arrangeant la chanson.
Olivier: Cet album est l’addition de tout ce que l’on écoute. Il nous ressemble vraiment et reflète bien toutes les personnalités du groupe.

C’est donc la Tchorba, la soupe ... Mais peu instrumentale, puisqu’il n’y a que quatre titres de ce genre ...
Eric: Effectivement, il y a beaucoup d’ingrédients. Mais dans tous les morceaux chantés, et il y en a une dizaine, une grande partie est laissée à l’instrumental. Ce sont des chants instrumentaux. Ce ne sont pas des titres où il y a beaucoup de textes. Du coup, ça laisse la place à la musique et aux harmonies.

Comme Paris Combo, vous tournez beaucoup à l’étranger. Avec ce nouvel album, vous allez avoir une image plus"chanson française". Auparavant, ne vous considérait-on pas uniquement comme un groupe de musique tzigane ?
Olivier: Lorsque nous jouons à l’étranger, on est bien souvent "le groupe français" du festival. On parle de la couleur musicale du groupe, mais on est un groupe français.
Je ne pense pas que cela changera beaucoup de choses lorsqu’on chantera à l’étranger. On sera toujours pour les Américains un groupe exotique. Qu’on chante en tzigane, en yiddish ou en français.

Les Yeux Noirs Tchorba (Recall) 2004

En tournée française tout le mois de novembre et du 24 au 28 à Paris : 24 et 25 au Cabaret Sauvage, 27 et 28 à la Cigale et le 26 à Elysée Montmartre dans le cadre du festival Recall I Mode.