Transmusicales 2005

Découvertes, décibels et froidure. C'est le cocktail habituel des Transmusicales de Rennes. Pour cette 27 ème édition, la programmation affiche des velléités électro et anglo-saxonnes sans oublier les projets francophones novateurs. Du côté des Bars en Trans,  la 20 ème édition réserve quelques surprises. Entre chanson, rock et reggae, chacun  devrait trouver son morceau de bonheur d'ici dimanche.

Un regard toujours neuf sur les musiques actuelles

Découvertes, décibels et froidure. C'est le cocktail habituel des Transmusicales de Rennes. Pour cette 27 ème édition, la programmation affiche des velléités électro et anglo-saxonnes sans oublier les projets francophones novateurs. Du côté des Bars en Trans,  la 20 ème édition réserve quelques surprises. Entre chanson, rock et reggae, chacun  devrait trouver son morceau de bonheur d'ici dimanche.

Pour la seconde année le festival est "décentralisé" au Parc-Expo à la sortie de Rennes, en attendant la fin des travaux de l'espace "Liberté" et un retour au centre ville. Les sets des Djs Big Buddha et Prosper touchent déjà à leur fin et pourtant, le public commence tout juste à occuper les allées du festival. Les franco-israélo-palestiniens de Boogie Balagan en savent quelque chose : à peine une cinquantaine de spectateurs a pris la peine de venir découvrir leur blues rock, mélange chaleureux de sonorités orientales dont ont été nourris les deux membres du groupe –Gabrie et Azri-  et d'un blues rock qui assume clairement sa filiation directe avec Muddy Waters.

Malgré une indéniable énergie déployée sur scène, le Boogie Balagan peine à retenir un public de plus en plus disparate, notamment lorsque les Fugees, - tête d'affiche de ce jeudi - posent le pied sur la scène du Hall 9. Près de huit ans après leur dernier album, et différentes collaborations ou projets solos, Wyclef Jean et ses acolytes font leur grand retour, bien décidés à  affirmer un rap "authentique".

      Du côté du Hall 5, le public est également très présent. Le blues vient cette fois du désert, et réunit sur une même scène des musiciens aussi talentueux qu' Amazigh Kateb de Gnawa Diffusion et le guitariste nigérien Abdallah Oumbadougou. Une belle rencontre avec le public rennais, pour un projet qui l'est tout autant, le financement d'un programme d'éducation musicale au Niger.

Autre rencontre métissée et appréciée, celle du français Ollivier Leroy et de son Bollywood Orchestra. Présenté l'an dernier au festival des Vieilles Charrues, le projet revenait sur les terres bretonnes dans une version remix qui ne renie pas son ambition première: inviter au voyage, aux confluents des musiques de l'Inde et d'une interprétation occidentale.

Katerine envoie du bois

 

 Après son album Robots après tout résolument orienté électro, on attendait Philippe Katerine entouré de machines. Mais l'homme adepte des sous-pulls roses ne fait rien comme tout le monde. Pour ses quatre soirs au théâtre de l'Aire Libre, entouré des musiciens des ex-Little Rabbits, il a sorti les guitares. Et les lourdes. Le plus étonnant reste que tous ses nouveaux morceaux, conçus avec une boîte à rythme sonnent tout aussi juste avec une formation rock. La marque des grands selon un fan !

Hormis quelques moments calmes, comme le superbe En 2008, c'est une véritable rage punk qui anime l'artiste un peu trop vite catalogué dans l'easy-listening. Lumière blafarde et tête de zombie pour Marine Le Pen, ambiance rose groovy avec une batterie qui cogne dure sur VIP, chaque titre devient un spectacle à part entière.

A la ville, l'homme peut déconcerter, avec cet air de perpétuel ennui. Mais le soir venu, il se mue en véritable bête de scène. Au quatrième titre, le public se lève des confortables strapontins. Au troisième rappel, nullement rassasiée, la foule gronde. Ce soir Katerine a convaincu même ceux qui, comme Aline, venaient à reculons: "Je ne connaissais pas, on m'a fait écouter l'album juste avant de venir. J'ai trouvé ça lugubre ! Là c'était complètement différent, drôle, joyeux." A la sortie du concert, impossible de trouver des fines bouches, l'avis est unanime : plus qu'un chanteur, le vendéen s'est révélé en homme de spectacle, lunaire, chaleureux, répliquant aux boutades du public dans l'hilarité générale. Plus qu'un concert , c'était une invitation dans l'univers fantasque de Katerine. Et franchement, on serait bien resté plus longtemps. Après une telle prestation, on attend avec impatience sa prochaine tournée prévue en février 2006.

Et pendant ce temps là...

Loin du Parc des Expositions, le centre ville est du coup un peu délaissé par les festivaliers. Les Bars en Trans, dont c'est la 20ème édition, restent ainsi les seuls acteurs de la vie musicale de Rennes intramuros du 8 au 11 décembre. Au P'tit Bazar, près de la place St Anne, les habitués sont déjà accoudés au comptoir dès 19 h. On débat de la tenue ou non de la traditionnelle rave des Trans, officiellement annulée par la préfecture d'Ile et Vilaine mais que certains espèrent quand même voir se tenir. Dans un champs, un terrain vague, sous la pluie, pisté par les forces de police, tout est envisagé. Les clients se disent préoccupés de l'affluence des ravers dans le centre ville si la rave n'a pas lieu, cela pourrait donner lieu à quelques échauffourées comme cela a déjà eu lieu l'an passé.

En attendant, l'arrière salle du P'tit Bazar s'apprête à accueillir les Guyanais de Energy crew ainsi que leur acolyte du Surinam voisin, Prince Koloni. Les premiers sont originaires de Saint-Laurent du Maroni. Emmené par l'homme à la voix soul, Ramon, le combo distille un reggae largement influencé par les rythmes "traditionnels", ceux des Marrons, descendants d'esclaves africains qui ont fui les plantations hollandaises.

 

    Dans la salle, en fait une cave aménagée, la température monte rapidement. Un espace réduit, et du coup, pas de place non plus pour des instruments. Les bandes font alors office d'accompagnement. Dommage même si le show est largement assuré par les quatre chanteurs mais aussi grâce à Prince Koloni qui n'attend pas l'heure de son set pour se joindre à ses collègues.

Superstar de l'aléké, un rythme traditionnel de la région du fleuve Maroni, Prince Koloni est né quant à lui au Surinam. Ancien orpailleur, il a vécu quelques années en Hollande où il a enregistré plusieurs albums à destination de son pays d'origine. Ceux-ci rencontrèrent un très grand succès, ce qui permit à Koloni de revenir en Guyane en star. Un parcours atypique pour un chanteur inspiré, à la voix aérienne, et qui lui aussi a succombé au charme du reggae.

A voir :
Vendredi 9 décembre : Juliette & the Licks, Primal Scream, DJ Morpheus, etc.
Samedi 10 : Birdy Nam Nam, Rubin Steiner & the Magical, Coldcut, Missil, Tiga, etc.
Et toujours les Bars en Trans.

Ludovic Basque, Valérie Passelègue & Gilles Seydoux