CONCERT RFI MUSIQUES DU MONDE A TANANARIVE
Tananarive, le 18 juin 2001- Point d’orgue populaire de cette semaine de RFI à Madagascar, le concert qui s’est déroulé dimanche après-midi au Palais des Sports et de la Culture a vu plus de six mille personnes se presser dans les tribunes et sur le parquet d’une salle chauffée à blanc par notre MC Claudy Siar.
La Fête de la musique avant l’heure
Tananarive, le 18 juin 2001- Point d’orgue populaire de cette semaine de RFI à Madagascar, le concert qui s’est déroulé dimanche après-midi au Palais des Sports et de la Culture a vu plus de six mille personnes se presser dans les tribunes et sur le parquet d’une salle chauffée à blanc par notre MC Claudy Siar.
Il faut vraiment de grandes circonstances pour que les artistes malgaches oublient leurs querelles intestines et se retrouvent pour faire la fête avec leur public. La dernière fois, c’était en 1994 à l’occasion d’un spectacle organisé par la « radio du monde » pour fêter le lauréat « Découvertes RFI ». Aussi Senge, Tirike, Eusebe Jaojoby et Rossy avaient décidé de montrer la richesse et la créativité de la musique malgache en cette après-midi d’hiver sur les hauts-plateaux de l ‘« Ile Rouge ». Et le groupe camerounais Macase, premier lauréat du Prix RFI Musiques du monde, allait faire découvrir les sons de la forêt tropicale à des spectateurs bien étranger à cet univers. Macase était prêt à faire face à ce choc des cultures.
Jean Senge était inquiet avant de monter sur scène. C’était la première fois qu’il se produisait à Madagascar depuis le décès en novembre dernier de son frère Sengemana, leader vocal du groupe. Lui qui cherchait la perle rare qui pourrait remplacer la voix de baryton de son frère disparu, s’était finalement résolu à tenter l’aventure en duo avec l’autre membre du groupe, son frère Yvon.
Après quelques vocalises dans les loges, l’accueil chaleureux du public de Tana leur fît oublier crainte et appréhension. Certains dans la salle ne savaient pas que ce duo était encore il y a peu de temps un trio et la fraîcheur des polyphonies vocales emporta l’adhésion populaire. Ce n’était d’ailleurs qu’un « tour de chauffe » pour les deux frères qui revinrent en « fil rouge » tout au long de l’après-midi.
Eusebe Jaojoby lui est un personnage. De prime abord, avec sa gouaille de « titi parisien », il rappelle le footballeur camerounais Roger Milla. Mais le roi du « salegy » n’était pas là pour taper dans la balle. Entouré par sa femme, ses deux filles et son fils guitariste, il a littéralement fait exploser le Palais. Ses tubes « Malemilemy » et « E Tiako » produisent toujours le même enthousiasme et Eusebe avait inclus six nouveaux titres issus du nouvel album enregistré à Amiens à paraître en octobre prochain chez Label Bleu. Jaojoby sera d’ailleurs courant novembre en France pour une tournée qui s’annonce « royale ». Nous en reparlerons.
Les jaloux à Yaoundé font en faire une drôle de tête! Eux qui n’ont jamais cru en Macase, qui selon eux fait une musique pour les « blancs », seront déçus d’apprendre que Corry et sa bande ont emporté l’adhésion d’un public plus habitué au soukouss, makossa et autres nbombolo venus d’Afrique centrale qu’à cette élégante fusion où le jazz et le blues américains côtoient les rythmes de l’épaisse forêt tropicale.
Pourtant Corry semblait bien fatiguée avant le concert, emmitouflée dans sa couverture bleue, elle essayait de se remettre d’une jaunisse qui l’affaiblissait considérablement. Car les kilomètres s’accumulent pour les lauréats de ce premier Prix RFI Musiques du monde.
Après les succès d’Abidjan, Douala et récemment Libreville, le voyage de Tananarive via Paris avait été une nouvelle équipée. Eux qui prônent les racines du pays, car Macase signifie avant tout être bien chez soi, risquent de devoir délaisser fréquemment leur Cameroun natal pour la carrière internationale qui s’ouvre à eux. Première étape d’ailleurs en août prochain, un mois de studio à Paris pour un premier album international produit par Richard Bona.
Rossy lui est vraiment débordé. Désormais sénateur, conseiller du Président de la République, il s’active ardemment à l’organisation des trois spectacles de Patrick Bruel à Tana à la fin de la semaine. Mais avant cela il part pour la Fête de la musique organisée à l’occasion de l’éclipse solaire du 21 juin dans le massif de l’Isalo dans une ambiance proche du film « Danse avec les loups » (nous reviendrons d’ailleurs d’ici quelques jours sur ces deux événements).
Cette après-midi de fête s’acheva donc par la prestation de Rossy, le plus populaire des artistes malgaches. Lui qui avait tenté l’aventure sur le label Real World de Peter Gabriel est donc revenu sur ses terres pour le plus grand bonheur du peuple qui voit en lui un exemple de réussite. Grand professionnel, il fît chavirer les spectateurs du Palais des Sports et de la Culture dans le bonheur.
Tananarive venait de vivre sa grande Fête de la musique avant l’heure.
Pierre RENE-WORMS