Vieilles Charrues

Depuis le vendredi 21, les festivités ont commencé du côté de Carhaix en Bretagne. En effet, cette petite ville accueille le Festival des Vieilles Charrues dont la renommée augmente d’année en année depuis 94. Petit tour dans les champs.

Un des plus grands festivals français

Depuis le vendredi 21, les festivités ont commencé du côté de Carhaix en Bretagne. En effet, cette petite ville accueille le Festival des Vieilles Charrues dont la renommée augmente d’année en année depuis 94. Petit tour dans les champs.

Nous sommes ici dans les terres de Centre Bretagne. La campagne environnante est plutôt luxuriante, de quoi passer agréablement des vacances tranquilles. Pour ce week-end, c’est avec la musique que le paysage doit composer. En effet, les Vieilles Charrues ont investi plusieurs hectares de champs, histoire d’installer trois scènes, des lieux de restauration, quatre campings ainsi que des parkings, car autant le dire, l’affluence est énorme durant ces trois jours de festival. En 99, les organisateurs ont comptabilisé quelques 150.000 festivaliers. De nombreux bénévoles sont répartis un peu partout de façon à canaliser sans trop de difficulté, un public enthousiaste et décidé à en profiter.

Pour rappeler qu’il s’agit bien d’une manifestation qui se déroule en Bretagne, tous les panneaux d’indication sont écrits en breton et en français. Les Vieilles Charrues se veulent internationales, mais pas question d’oublier l’identité bretonne. Alan Stivell dont le concert a lieu ce vendredi soir, est le premier à le faire remarquer lors de sa conférence de presse. Ce "citoyen du monde" comme il le clame lui-même, est ravi d’être là. Un festival en Bretagne avec une programmation aussi éclectique a de quoi satisfaire ce musicien qui avant tout le monde, fit vibrer la corde "world" de sa célèbre harpe. Seulement, il le répète une bonne dizaine de fois, "je fais de la musique actuelle !". Car le paradoxe est là : après trente ans de carrière, il est devenu l’ambassadeur de la musique celtique française. Et cette étiquette est parfois pesante pour un artiste qui préfère le mélange des genres, le métissage, les expériences musicales. D’ailleurs, la formation qui l’accompagne ce soir-là (basse, guitare, batterie) est résolument rock, un peu éloignée de la musique traditionnelle. Le public compressé devant la grande scène y est d’autant plus sensible qu’il est aussi venu applaudir un peu plus tard, le groupe rock The Cranberries.

Le principe d’une programmation diversifiée comme aux Vieilles Charrues et destinée à plaire au plus grand nombre, même si la majorité est très jeune permet d’écouter un William Sheller toujours aussi fringant et d’enchaîner sur Saïan Supa Crew. Le groupe de rap fête d’ailleurs ce vendredi le Disque d’or de leur premier album, soit 100.000 exemplaires vendus. Les bouchons de bouteilles de champagne sautent et le concert est à la mesure de cette effervescence.

Dans un autre registre tout aussi bondissant, c’est Mass Hysteria qui remporte la palme du groupe le plus énergique voire le plus bruyant de la soirée de samedi. Même si Louise Attaque est la tête d’affiche sur la grande scène après Joe Cocker, Mass Hysteria "met le feu" en quelques secondes parmi les 50.000 spectateurs présents. Résolument métal, vaguement techno, plutôt hardcore, évidemment "bourrin", ce groupe composé d’un chanteur, de deux guitaristes, d’un bassiste, d’un batteur et d’un homme chargé des machines (sampler) chante en français des textes qui à défaut de faire dans la dentelle ("Bougez, mais qu’est-ce que vous foutez !") sont des plus efficaces auprès d’un public jeune, venu s’éclater et faire la fête. Les bouteilles d’eau, les chaussures, les t-shirts volent au dessus de la mêlée. Car cette "musique massive et carrée" comme dirait Mouss le chanteur, a un côté hypnotique, résonnant à l’intérieur de chacun comme un appel à l’oubli de soi. Indubitablement, Mass Hysteria est un groupe de scène. Ces amateurs de Sepultura ne rencontre pas un grand succès discographique. Par contre, ils font environ 150 concerts à chaque disque sorti. Ils viennent aussi de terminer une tournée avec Korn qui devrait leur ouvrir quelques portes de la scène américaine. A suivre...

Pour se remettre de tous ces décibels, de la foule mouvante ou stagnante (ça dépend des heures), de la cohue généralisée, du piétinement intensif, de la poussière volante, des coups de chaud, voire des orages intempestifs, des sandwichs avalés rapidement, il semble que la meilleure solution soit encore de continuer le programme, musique aux Vieilles Charrues !