Indochine
"Dancetaria" vient de sortir, à la joie des fans d'Indochine. Et, comme il y a vingt ans, ceux-ci ont pour la plupart moins de vingt ans. Après la génération "L'Aventurier" puis la folie "Troisième sexe", c'est la troisième génération d'adolescents qui achètent les albums du groupe ou se pressaient à l'Olympia en juin dernier, pour le concert que donnait Indochine en mémoire de Stéfane Sirkis, mort quelques mois plus tôt d'une foudroyante hépatite. "La plus belle chose qui puisse m'arriver, avoue Nicola Sirkis, c'est de voir que le groupe suscite l'intérêt des gens jeunes. L'adolescence m'a peut-être tellement concerné, quand je l'ai vécue, que j'en suis resté là."
Ou l'éternel clair-obscur adolescent
"Dancetaria" vient de sortir, à la joie des fans d'Indochine. Et, comme il y a vingt ans, ceux-ci ont pour la plupart moins de vingt ans. Après la génération "L'Aventurier" puis la folie "Troisième sexe", c'est la troisième génération d'adolescents qui achètent les albums du groupe ou se pressaient à l'Olympia en juin dernier, pour le concert que donnait Indochine en mémoire de Stéfane Sirkis, mort quelques mois plus tôt d'une foudroyante hépatite. "La plus belle chose qui puisse m'arriver, avoue Nicola Sirkis, c'est de voir que le groupe suscite l'intérêt des gens jeunes. L'adolescence m'a peut-être tellement concerné, quand je l'ai vécue, que j'en suis resté là."
De manière moins sensible dans son recueil d'histoires paru au début de l'année ("Les Mauvaises Nouvelles", chez J.-C. Lattès), mais de façon flagrante avec "Dancetaria", les textes de Nicola Sirkis plongent dans un âge de tentations à peine avouables, de sortilèges ambigus, d'inquiétudes obliques. Mais tout cela se danse, trépide, sautille, comme s'il était impossible à la musique d'Indochine de s'ancrer tout à fait dans la noirceur. Entre rythmiques synthétiques héritées de la new wave d'origine et tentations trip hop très contemporaines, "Dancetaria" est taillé pour encore réussir un de ces succès énormes et discrets à la fois dont Indochine a le secret depuis des lustres.
Comment trouvez-vous "Dancetaria" ?
Ça n'a pas été facile, mais j'en suis fier. C'est l'album que je déteste le plus et que j'aime le plus. Il a demandé le plus de temps, le plus de souci, a traversé le plus d'événements négatifs. Il a été le plus terrible à faire pour moi, par rapport à ce tout qui s'est passé (NDLR : la mort de Stéfane Sirkis). Cela dit, il y a des albums qui se sont faits dans le bonheur et ce ne sont pas les albums dont je suis le plus fier.
La composition nous a pris entre six et huit mois, à Stéfane, Jean-Pierre Pilot et moi. Nous avions mis la barre assez haute : nous enregistrions autant que nous voulions mais il fallait des mélodies imparables qui, même sur deux notes, restent dans la tête dès la première écoute. Puis une deuxième couche a été passée par un jeune fan du groupe, qui a bruité les morceaux, leur a donné des climats, des sons un peu étranges. Puis il y a eu l'enregistrement et l'écriture des textes, qui vient toujours au dernier moment parce que, même si j'ai son titre depuis longtemps, je veux que ce soit le morceau qui engendre les mots.
Et ils sont venus facilement, cette fois-ci ?
J'ai eu beaucoup de difficultés à écrire à cause des nouvelles. Être dans un univers de liberté formelle totale et revenir au format couplet-break-refrain, ce n'est pas facile. J'ai tellement ramé pour écrire ces textes que je ne me suis pas rendu compte qu'ils étaient finis.
Certains textes sont surprenants, vu le contexte dramatique.
La plupart des textes ont été faits avant la mort de Stéfane mais la connotation qu'ils prennent maintenant est vraiment bizarre. Quand j'ai enregistré, trois semaines après, "Atomic Sky" ou "Dancetaria", c'était une impression terrible de voir ces mots-là, qui collaient parfaitement à la situation. Ça m'a beaucoup secoué.
Vous partez en tournée en novembre : vous êtes confiant ?
Oui, surtout que nous avons, dans les derniers concerts cet été, joué quatre morceaux du nouvel album et que la réponse est bonne. Mais, sans vouloir être présomptueux, la scène, c'est toujours gagné d'avance. Les concerts sont réussis grâce au public : il est plus nombreux que nous, il fait tout. Alors, bien sûr, nous n'avons pas droit au faux pas, il ne faut pas décevoir les gens.
Ce qui est un peu différent, ce sont les concerts gratuits. A la Fête de la musique à Grenoble, par exemple, il y avait 17000 personnes dont peut-être 2000 connaissaient Indochine. Ce qui est réussi, c'est qu'ils ne sont pas partis, qu'ils se sont tous amusés. Pour tout dire, nous n'avons jamais eu de galère. Quand, au début, nous faisions les premières parties de Depeche Mode ou Taxi Girl, ça marchait parfois mieux pour nous que pour eux.
Et, après vingt ans d'Indochine, vous avez toujours envie de continuer ?
Je me suis demandé après le départ de Dominik Nicolas (NDLR : le guitariste et compositeur originel d'Indochine) et après la mort de Stéfane si ça valait encore le coup. Mais l'aura du nom d'Indochine est plus importante que les gens qui composent ce groupe.