Liane Foly
Le septième album de Liane Foly voit le jour. Le nouveau-né, baptisé Entre nous, s’agrémente fièrement des noms de Patrick Fiori, Gérard Presgurvic, Maxime Le Forestier, Graziella De Michelle, Catherine Lara, Robert Hossein. Tous signent une musique, un texte ou une participation amicale selon le cas. Les plus attentifs souligneront même le bouzouki de Michael Jones ou le chœur de Karen Cheryl !
Entre nous..., nouveau-né de la chanteuse
Le septième album de Liane Foly voit le jour. Le nouveau-né, baptisé Entre nous, s’agrémente fièrement des noms de Patrick Fiori, Gérard Presgurvic, Maxime Le Forestier, Graziella De Michelle, Catherine Lara, Robert Hossein. Tous signent une musique, un texte ou une participation amicale selon le cas. Les plus attentifs souligneront même le bouzouki de Michael Jones ou le chœur de Karen Cheryl !
«C’est incroyable je ne la reconnais pas !» Au pied d’une des énormes affiches annonçant l’arrivée d’Entre nous, deux Parisiens papotent. La conversation n’est dirigée que sur l’appendice nasal de Liane Foly, pourtant opéré il y a déjà plus de quatre ans. Cela doit être atterrant pour une chanteuse de ne susciter spontanément qu’une conversation esthétique. Il faut dire que l’on a du mal à s’y faire : le nez poupée mannequin plastique a pris plus de place sur le visage que ne le faisait l’original. L’ensemble des traits s’est fondu dans le lisse ; Le caractère et le chien se sont enfuis. «Même si l’on change d’apparence / On garde en soi un doux secret / Pour être belle il faut s’aimer» (Les Petites cicatrices) nous souffle l’intéressée dans son nouvel opus. Soit, si elle se sent mieux ainsi. Soit, si cela l’aide à s’aimer. Il ne restait plus qu’à espérer qu’Entre nous ait gardé la personnalité de la chanteuse. D’autant plus que les aficionados avaient déjà été déconcertés face au Caméléon sorti en 1997. Depuis Liane Foly s’était d’ailleurs contentée d’officier dans les reprises et le ré-enregistrements de ses anciennes chansons. On comprendra donc que ce nouveau disque soit particulièrement attendu !
Malheureusement, Entre nous s’avère très orienté vers la variété, et la chanteuse semble ainsi revenir vers ses premières amours musicales lorsque les bals de sa jeunesse assistaient à ses premiers pas. Adieu le jazz, adieu le swing. Le meilleur exemple en est le premier simple issu de l’ensemble, On a tous le droit, entièrement signé de Gérard Presgurvic. Trop attendue, la mélodie ne sauve pas le texte bateau. Même la voix arrive à se trouver gueularde parfois.
Ce n’est pourtant pas toujours le cas, et l’interprétation qui a su faire en son temps les heures de gloire de Liane Foly est à saluer sur plusieurs chansons. Mais voilà, il n’y a guère que sur les Petites cicatrices que l’on retrouve ce qui faisait le charme de la demoiselle. C’est également sur ce même titre que le texte gambade gracieusement hors des sentiers trop battus du genre (merci pour cela à la plume associée de Graziella De Michelle). Le reste soupire de poncifs et en grande majorité la musique suit le mouvement du décevant. Patrick Fiori lui-même s’égare sur le refrain du titre générique Entre nous. Parfois même, la poussière s’en mêle en avançant des idées comme les claps insupportables de Comme tout le monde ou le solo dépassé d’une guitare électrique sur Toutes les histoires d’amour.
Il faut cependant avouer qu’outre les précitées Petites cicatrices, on peut souligner agréablement quelques autres moments. Le tempo plus rythmé de Toujours autant besoin d’amour, par exemple. Ou les programmations, la composition et les arrangements de Nous ne sommes presque rien qui s'ancrent dans un répertoire plus actuel. Certaines bonnes inventions relèvent la tête comme la reprise de la voix par le violon de Catherine Lara dans Etre vrai, titre dans lequel l’intention de l’interprétation est des plus réussies. La dernière plage de l’album offre quant à elle une reprise plutôt bien tournée de la Chanson d’Hélène, issu du film de Claude Sautet les Choses de la vie, et originellement assurée par Romy Schneider et Michel Piccoli. Ici, Foly s’associe à Robert Hossein pour clore sur une meilleure note.
Toutefois, malgré une production plutôt soignée et les efforts de Philippe Falliex (frère de Liane) et Hervé Gourdikian, compositeurs essentiels de l’objet, la désillusion est réelle. Des chanteuses à voix se complaisant dans la guimauve facile, nous en avions déjà voyez-vous. Nul besoin n’était d’en rajouter une au palmarès. Surtout s’il s’agissait de perdre une individualité dans le domaine. Dommage.
Liane Foly Entre nous… (Virgin) 2001