Vu d’ailleurs janvier 2007

Que faire en France, pendant la trêve des confiseurs, quand on est chanteur ? Occuper le terrain médiatique d’une manière ou d’une autre : politique, coaching ou faits divers. Gare au mélange des genres, comme s’en amuse avec ironie la presse internationale.

Chanteurs engagés

Que faire en France, pendant la trêve des confiseurs, quand on est chanteur ? Occuper le terrain médiatique d’une manière ou d’une autre : politique, coaching ou faits divers. Gare au mélange des genres, comme s’en amuse avec ironie la presse internationale.

Aux urnes, citoyens ! En France, l’élection présidentielle approche et certains artistes s’affichent auprès de candidats espérant améliorer leur image. Mais gare aux dérapages et à la mauvaise presse. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et candidat de la droite parlementaire, vient d’en faire les frais avec deux soutiens turbulents.

Doc Gynéco, que European Jewish Press (Belgique, 21/12/06) appelle abusivement "le Gainsbourg du rap français", n’affole plus les charts mais depuis son ralliement à Sarkozy, ses faits et gestes sont rapportés et commentés, à l’image du portail roumain Playfuls (18/12/06) qui note avec perfidie que Gynéco "a été condamné à 665000 euros d’amende pour non paiement d’impôts de 1998 à 2000". 20 Minutes (édition suisse romande, 08/01/07) narre sa dernière mésaventure. "Doc Gynéco, accompagné de l’écrivain Christine Angot, passe la soirée chez des amis. Au moment de partir, il appelle un taxi pour son amie mais refuse de monter à ses côtés. Constatant l’état d’ébriété du chanteur, le chauffeur insiste pour qu’il monte avec son amie mais celui-ci refuse, voulant les suivre avec le scooter qu’il conduit depuis que son permis lui a été retiré. Arrivé au centre de Paris, le taxi freine et Doc Gynéco le percute, n’ayant pas réagi assez tôt pour freiner, (et) s’en prend alors verbalement au chauffeur avant que la police n'intervienne. Les agents (…) constatent que (le taux d’alcoolémie) du Doc est trois fois supérieur à la limite autorisée."

L’exil fiscal de Johnny Hallyday embarrasse davantage l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, provoquant un "furieux débat" en France (Telegraph, Grande-Bretagne, 15/12/06). La presse anglo-américaine s’esclaffe. "Le vétéran des rockeurs français fuit les impôts", titre le magazine économique Forbes (USA, 17/12/06) et devient résident suisse. Pour bénéficier du régime fiscal suisse, "Hallyday devra y vivre pendant six mois et un jour dans l’année" (Washington Post, USA, 16/12/06). Ce n’est pas la première fois qu’une star cède aux sirènes du mieux-disant fiscal, note The Independent (Grande-Bretagne, 19/12/06) mais là, "c’est un peu comme si le Louvre prêtait La Joconde à temps partiel à une galerie genevoise". De toutes façons, "les vieux rockeurs ne paient pas d’impôts", raille El Pais (Espagne, 5/1/07), dénonçant une attitude pas très rock’n’roll. Heureusement, Le Matin (Suisse, 27/12/06) défend l’honneur bafoué du harcelé fiscal en affirmant sans rire que "son premier objectif en Suisse (est) d’arrêter de fumer" !

Certains s’interrogent, comme l’hebdomadaire français Courrier International (22/12/06), sur "l’effet Johnny sur la campagne électorale", cependant qu’à gauche, on s’organise aussi autour de Ségolène Royal. Au final, la présidentielle, dans un pays où "tout commence et finit par une chanson", ironise le magazine suisse L’Hebdo (16/12/06), "c’est un peu la chance aux chansons. Diam’s craque pour Ségolène, Johnny assure qu’il y a en chacun de nous “quelque chose de Sarkozy“. Joey Starr se révèle philotrotskiste en épousant la cause du facteur Besancenot… Ce n’est plus une campagne électorale, c’est un programme de jukebox. (…) Les vieux hard-rockeurs de Trust viennent même de rouvrir leur petite entreprise métallurgique pour forger un Sarkoland de circonstance".

Loin de la politique et des polémiques, certains espéraient peut-être occuper l’espace médiatique plus agréablement, comme le très cool Yannick Noah, auréolé de son titre de deuxième personnalité française la plus aimée derrière Zidane (selon un sondage annuel). En pleine déconfiture sportive, "le Paris Saint-Germain a engagé l’ancien champion de tennis Yannick Noah pour ramener le calme dans ce club de football tourmenté", lisait-on dans les pages Sports de Metro (Canada, 11/1/07). Mais patatras, l’ex-tennisman, a du démentir en partie ces allégations, affirmant qu’il servirait occasionnellement de “coach mental“ à l’équipe mais qu’il était désormais trop investi dans sa carrière musicale pour pouvoir s’engager pleinement. Le chanteur à succès est notamment attendu à partir de début mai pour une grande tournée française.