Les hauts et les bas de Jérémie Kisling

Remarqué en 2003 avec son premier album Monsieur Obsolète, Jérémie Kisling est devenu une valeur sûre de la pop grand public en Suisse romande. Sur Antimatière, son troisième disque, l’artiste passe du sourire aux larmes en quelques mesures. Comme dans la vie. Rencontre au Paléo festival de Nyon en juillet dernier.

Rencontre avec le chanteur suisse

Remarqué en 2003 avec son premier album Monsieur Obsolète, Jérémie Kisling est devenu une valeur sûre de la pop grand public en Suisse romande. Sur Antimatière, son troisième disque, l’artiste passe du sourire aux larmes en quelques mesures. Comme dans la vie. Rencontre au Paléo festival de Nyon en juillet dernier.

La belle vie d’artiste : on gratouille quelques chansons sur une guitare, on les joue en public, un label est intéressé, on enregistre un disque, la critique est unanime… Jérémie Kisling a vécu ce rêve éveillé avec son premier album : Monsieur Obsolète sorti en 2003. Le Suisse déchante en 2005 avec la parution de Le Ours. Un deuxième disque plus étoffé mais accueilli en demi-teinte. Des retours négatifs qui affectent l’auteur-compositeur. Après la montée, les affres de la descente…

Jérémie Kisling décide de mettre sa carrière entre parenthèses. Il donne des cours de musique, flâne, écrit. Il lui faudra un an pour se remettre à composer sérieusement. Aujourd’hui, avec Antimatière, son troisième album (disponible depuis février dernier), l’artiste se sent plus confiant, plus serein : "Le fait d’avoir eu cette grosse période un peu difficile après le deuxième album, ça m’a recentré sur les véritables raisons pour lesquelles je faisais ce métier : écrire des chansons et les chanter en concert. Après, que ce soit devant 8000 personnes ou dans un petit caveau, j’ai toujours autant de plaisir. Tu écris des mélodies que les gens chantent, des paroles qui touchent un public. C’est vraiment un beau métier. Même si c’est dur, je m’arme de patience."

La douleur sous les sourires

Chez Jérémie Kisling, la douleur rougeoie sous les sourires. Comme si sa musique était une passion dévorante. L’artiste nuance : "Ce qui fait mal, c’est la vie, pour tout le monde. C’est pour ça que dans un disque, j’aime qu’il y ait des chansons extrêmement tristes et sombres et d’autres plus légères. Le but, ce n’est pas de déprimer les gens mais de partager des émotions que tout monde ressent. Il n’y a personne qui vive une vie heureuse du début jusqu’à la fin. Même des fois, une journée heureuse du début jusqu’à la fin, c’est difficile ! Pour moi, c’est un leurre de faire tout le temps : 'Youpi'. Prendre un peu de temps pour pleurer, ça permet de mieux vivre les moments joyeux."

On retrouve cette philosophie dans Antimatière. Sur des orchestrations mêlant influences pop et bossa, Jérémie Kisling livre ses humeurs en toute candeur. L’artiste a affiné son style au point d’être reconnu comme un auteur-compositeur à part entière. "Je commence à avoir plein de demandes d’autres artistes pour écrire des paroles ou des musiques ou les deux. Heureusement j’ai un métier où je peux prendre ma guitare et aller sur la plage ou au bord du lac. Je ne suis pas obligé de rester dans un bureau."

L’écriture sur commande, un exercice de style extrêmement stimulant pour le Suisse : "J’essaie de vraiment penser à la personne. Quand tu fais un métier créatif, le plus angoissant, c’est de ne pas avoir de structure, juste une page blanche. Plus tu as un carcan étroit, plus tu es libre dans la création. Il y a un truc magique qui se crée dans l’inspiration et qui te permet d’aller chercher des trucs que tu ne serais jamais allé chercher."

Un peu torturé, peut-être, le Suisse est également perfectionniste. Il a préparé pendant plusieurs mois son concert du dernier Paléo Festival. Une prestation chaleureuse qui a conquis plusieurs milliers de spectateurs. Nul doute que pour son passage à Paris en octobre prochain, Jérémie Kisling ne fera pas les choses à moitié.

Jérémie Kisling Antimatière (Sony) 2010

Le 19 octobre 2010 au Café de la danse (Paris)