Arthur H quartet
Quatre musiciens en smoking, un totem électro-spatial, un théâtre à la beauté brut, tel est le cadre visuel de la série de concerts que donne Arthur H jusqu'au 13 juillet à Paris. Il avait toujours rêvé de jouer aux Bouffes du Nord. Le rêve se réalise, porteur d'un travail visuel réussi, mais d'un répertoire musical parfois inégal.
L'artiste investit les Bouffes du Nord à Paris.
Quatre musiciens en smoking, un totem électro-spatial, un théâtre à la beauté brut, tel est le cadre visuel de la série de concerts que donne Arthur H jusqu'au 13 juillet à Paris. Il avait toujours rêvé de jouer aux Bouffes du Nord. Le rêve se réalise, porteur d'un travail visuel réussi, mais d'un répertoire musical parfois inégal.
C'est d'ailleurs ainsi que l'on apprend que la tenue d'Arthur et de sa bande – tous en smoking, magnifiques - est due à cet événement : "C'est en solidarité parce que le smoking, ça veut dire le travail !". Les circonstances font bien les choses, le smoking étant un décalage bienvenu dans l'univers global du chanteur, ici mis en scène par Ken Higelin, son demi-frère, et éclairé par Daniel Levy (non, pas celui des 10 Commandements…). Autour de H., l'incontournable Brad Scott, le complice des premiers jours, bassiste et contrebassiste drôle et flegmatique, le guitariste Nicolas Repac, multi instrumentiste tendance bidouillages sonores, et le batteur Franck Vaillant. Tous les quatre sont surveillés par un immense jeu de construction en forme de croix, chargé d'objets hétéroclites, boule à facettes, loupiottes, ressorts, une télé, un mannequin de couturière avec un métronome en guise de cache sexe et un petit autel aux senteurs d'encens, le tout répondant à des commandes électroniques qui le font s'animer et s'illuminer tel un R2D2 étrange et chaleureux.
Et puis, le compositeur se transforme quelques fois en seul interprète et là, quand il lâche sa sublime voix, c'est un plaisir. C'est ainsi que ses versions – certes pas inédites, de nouvelles auraient été bienvenues - de Nue au soleil de Bardot (joli striptease déhanché du chanteur…), de Chem Cheminée extrait de Mary Poppins ou mieux encore, d'Alabama Song de Kurt Weil et Bertolt Brecht lors du rappel sont autant de petites cerises sur le gâteau. Sans oublier l'ingrédient indispensable chez Arthur H : l'humour, toujours là, latent, second degré, à l'image du très British Brad Scott et de son irrésistible imitation d'un Eddie Constantine revisité par les Monty Python.
Depuis ses premiers concerts jazzy dans la minuscule salle des Follies Pigall's en 1990, coincé derrière son piano, à ce cadre inouï des Bouffes du Nord, Arthur H maîtrise désormais l'espace scénique. Il bouge, danse, va et vient, s'oublie parfois dans une poésie déclamatoire à l'image d'un père qui, ce soir-là, l'observe attentivement derrière ses petites lunettes de sexagénaire et l'applaudit avec chaleur. Arthur H est un brillant musicien, un artiste-explorateur, libre penseur, jamais satisfait, dont la curiosité le distingue avantageusement de ses collègues qui déclinent à l'infini leur fond de commerce. Même dans l'imperfection, il nous étonne. Qu'il en soit toujours ainsi.
Négresse blanche (Polydor/Universal)
Aux Bouffes du Nord jusqu'au 13 juillet puis en tournée des festivals : les Francofolies de La Rochelle (17) le 16, les Vieilles Charrues de Carhaix-Plouguer (29) le 19, Festival de la Pleine Lune à Payzac (07) le 25, festival "les Voix du Gaou" à Six-Fours (83) le 27,le festival de jazz deNice (06) le 28 et le 1er août aux Francofolies de Montréal.