Youssou N'Tour

Alors que sort son nouvel album, Egypte, Youssou N'Dour nous livre le carnet de route des premiers concerts de sa tournée, Paris (22 mai), Fès (29 mai) et Gorée (5 juin). Suivez l’artiste dans ses préparatifs, ses rencontres, ses fêtes, sa vie de famille ... avant son départ pour les Etats Unis où il tourne tout le mois de juillet.

Le carnet de route du chanteur sénégalais

Alors que sort son nouvel album, Egypte, Youssou N'Dour nous livre le carnet de route des premiers concerts de sa tournée, Paris (22 mai), Fès (29 mai) et Gorée (5 juin). Suivez l’artiste dans ses préparatifs, ses rencontres, ses fêtes, sa vie de famille ... avant son départ pour les Etats Unis où il tourne tout le mois de juillet.

Vendredi 21 mai. Une heure du matin. Je quitte Dakar pour de nouvelles aventures. En route pour Paris et la quatrième édition de mon Grand Bal. Pour les Sénégalais de France, c’est désormais le grand rendez-vous. Ils viennent s’amuser toute une nuit avec moi et le Super Etoile. J’aime transposer l’ambiance de mon club dakarois, le Thiossane, dans cette salle qui a marqué mes débuts en Europe. J’y ai joué un mois en 1985 avec Higelin et Mory Kante. Arrivé à Paris, je dépose mes affaires à mon domicile parisien à 9h30, je dors jusqu’à 14 heures, puis j’enchaîne à Studio + pour répéter avec les invités du show du lendemain, Rokia Traoré (photo), Jacob Desvarieux et Jocelyne Beroard. Rokia, je l’avais croisée lors d’un des remix de La cour des grands, l’hymne du Mondial 98 dont on avait fait une version pour le Mali. Mais je ne me rendais pas compte du succès qu’elle avait désormais en France, c’est incroyable.

Samedi 22. C’est le grand jour. Je vais à Bercy à 16 heures pour les balances. La presse et la télévision sénégalaise m’attendent déjà pour une conférence de presse. Du coup, mes balances ne commencent qu’à 18h30. Je retrouve aussi tout mon staff de Dakar que j’ai invité: c’est un peu leur prime de fin d’année. La scène est vraiment géniale avec derrière un écran géant qui diffuse nos images filmées par sept caméras vidéos. C’est toujours un problème dans ces grandes salles pour être bien vu du public, et cette année je voulais lui faire ce cadeau. Clin d’œil, je commence mon spectacle par un morceau des années 80, Live TV, qui fonctionne toujours aussi bien. Le set dure 4 heures non-stop, sans aucun pépin, pas comme l’année dernière où j’avais craqué mon pantalon. Un vrai marathon, mais j’ai l’habitude. Je rentre me coucher, «cassé», à 5 heures du mat’.

Dimanche 23. On se retrouve avec toute l’équipe pour une virée des boîtes blacks de Paris : le Titan et l’Alizée. Mbaye Diaye Faye, mon percussionniste, fait son show au Titan et on s’éclate à le voir faire le clown devant nous. Retour à 8 heures du mat’ à la maison.

Mardi 25. Je quitte mes potes du Super Etoile, qui rentrent à Dakar et je pars seul à Fès pour la première d’Egypte, où je rejoins mon nouveau groupe, que je ne connais pas encore. Ils sont sur place depuis la veille et nous allons répéter trois jours durant dans la salle de la préfecture un spectacle qui n’est pas encore rodé. C’est bizarre parce que tous ces morceaux nous les avons joués chacun de notre côté pour l’album: moi à Dakar, eux au Caire, et c’est la première fois que nous nous rencontrons. Il y a là quatorze musiciens égyptiens et cinq sénégalais. Le seul qui nous connaît tous est mon arrangeur Fathy Salama. Le boulot est vraiment intense, j’ai juste le temps de m’échapper dans la Médina avec une équipe de France 2 pour un reportage. Je rencontre des Maliens et deux Sénégalais tout surpris de me voir là. Heureusement, c’était l’heure de la sieste, il n’y avait pas grand monde, sinon cela aurait été encore l’émeute comme à chaque fois que je pointe le nez quelque part.

Samedi 29. C’est le grand jour. Je n’avais pas eu le tract comme ça depuis dix ans. Ce projet va voir le jour. Six ans de gestation pour un album que je ne pensais sortir qu’au Sénégal, pour le Ramadan. Finalement, tout le monde m’a pris la tête et m’a dit de le sortir dans le reste du monde. Madame Wade, la Présidente, assiste à cette première et je vais la saluer pendant le spectacle, pour me faire pardonner du lapin que je lui avais posé la veille en ne pouvant me rendre à sa réception, coincé par mes répétitions. Les soufis et mourides marocains sont tous là. J’enfile mon grand boubou blanc pour une heure et demie de spectacle intense. En quittant la scène, je me mets à crier comme un fou: "Ça y est, je suis libéré, je suis libéré".Certains dans le public ne savaient pas que je venais présenter l’album égyptien; ils pensaient assister à un concert de mbalax. Ils sont repartis un peu déçu. Ce n’est pas grave. J’enchaîne les interviews à l’hôtel, que je quitte à 3 heures du matin, pour rejoindre Dakar où je dois assister le lendemain à un grand combat de lutte.

Mardi 1er juin. Même à Dakar, la promo d’Egypte continue. L’album sort la semaine suivante et j’ai toute une série d’interviews par téléphone avec la presse européenne. C’est quand même plus confortable à faire de la maison que de ces hôtels impersonnels où je passe la moitié de l’année.

Mercredi 2. Dans deux jours débute l’Ebony Festival. Je leur donne un coup de main en allant au stade Demba Diop enregistrer une cassette pour la télé pour inciter les "gens de la rue" à venir samedi et dimanche aux concerts. Malheureusement, ce spot n’a pas été diffusé car l’organisatrice et la RTS (radio télévision sénégalaise) ne se sont pas concertées.

Jeudi 3. Je passe deux heures au bureau, à Xippi. Je prends tout le courrier qui m’attend depuis des jours, l’analyse, signe les chèques, les papiers. 22 heures: je prends la dernière chaloupe pour aller aux répétitions du spectacle d’Ebony à Gorée qui a lieu le lendemain. Je répète une bonne heure avec l’Orchestre national et reprends la chaloupe de 23h10.

Vendredi 4. Je décide de jouer au Thiossane après les concerts d’Ebony du week-end, puis je pars enregistrer des spots de pub. Je prends la chaloupe de 19 heures pour Gorée. Je m’installe toujours au poste de pilotage, histoire d’avoir la paix. La soirée est vraiment sympa et on fait un méga bœuf au final avec Jimmy Cliff, Diam’s, Makoma et tous les autres sur Africa Unite, un morceau de Bob Marley que l’on n’avait même pas répété. Pour le retour, ça bouchonne à l’embarcadère, où je me fais aborder par un Congolais qui me dit: "Je t’adore". Puis il commence à chanter en lingala, et tout le monde t

Samedi 5. Je devais aller à la fête de fin d’année de ma fille, mais je suis crevé. Je me repose tout l’après-midi avant le grand show du stade. J’y arrive à 22h30 et reste caché dans un bus pour voir ce qui se passe sur scène. A minuit, c’est l’heure. Une heure pile de mbalax devant un stade au trois quarts vide, ce qui ne m’étonne pas vu la manière dont les organisateurs ont fait la promo. Je n’avais jamais joué dans un stade aussi désert. Puis je fonce au Thiossane, où j’anime jusqu’à 4 heures du matin. Je me fais siffler dans la salle bourrée à craquer parce que j’arrive avec une bonne heure de retard. Personne ne savait que je sortais d’un concert au stade!

Dimanche 6. Un après-midi tranquille en famille, puis je viens incognito au stade vers 20 heures, où je m’assois sur la pelouse. Un bob sur la tête pour me cacher et je peux assister aux concerts de Ralph Thamar, MC Solaar, Alpha Blondy (photo) et de Viviane, ma belle-sœur, sans être embêté. C’est bien la première fois que je peux passer une soirée tranquille comme spectateur à Dakar. Je me fais quand même repérer pendant le concert de Baaba Maal, un fan me vole mon chapeau et l’armée doit intervenir pour me faire sortir. C’est dur d’avoir la paix!

Youssou N’Dour en tournée nord-américaine jusqu'au 25 juillet dont Washington le 1er juillet, Atlanta le 3, Montréal les 10 et 11, Los Angeles le 14, San Francisco le 18...