Les Ogres de Barback

Fred, Sam, Alice et Mathilde sont Les Ogres de Barback. Depuis une décennie, ces quatre frères et soeurs tracent la route. Plus Petits Poucets que véritables ogres, ils égrainent sur leur chemin des albums auto-produits pour être sûrs de ne pas se faire croquer dans la jungle de l’industrie musicale. Terrain Vague (Irfan), leur septième opus est déjà célébré sur scène à l’occasion d’une tournée anniversaire. En avril dernier, ils étaient à Marseille.

Dixième anniversaire

Fred, Sam, Alice et Mathilde sont Les Ogres de Barback. Depuis une décennie, ces quatre frères et soeurs tracent la route. Plus Petits Poucets que véritables ogres, ils égrainent sur leur chemin des albums auto-produits pour être sûrs de ne pas se faire croquer dans la jungle de l’industrie musicale. Terrain Vague (Irfan), leur septième opus est déjà célébré sur scène à l’occasion d’une tournée anniversaire. En avril dernier, ils étaient à Marseille.

Jeudi 22 avril, à quelques heures de leur concert marseillais, Les Ogres de Barback étaient en droit d’être inquiets. Hasard du calendrier, le soir même, à plus d’un millier de kilomètres de là, l’OM affrontait Newcastle en demi-finale de la Coupe UEFA, le genre de match qui anesthésie la ville blanche et bleue durant pratiquement deux heures. Pourtant et contre toute attente, ils seront pas moins de 700 fans à saluer l’arrivée des Ogres sur la scène de l’Espace Julien. Cette belle performance des Ogres est à mettre au compte de leur ténacité. En effet, depuis dix ans, les jumelles et leurs frères ont su se forger un public, un public jeune, qui n’est manifestement pas plus adepte du football que des stars préfabriquées de la télé réalité. Alternatif, aurait-on écrit, il y a quelques années à son sujet. Mais aujourd’hui, alors que la plupart des groupes qui ont écrit les grandes heures de l’alternatif sont désormais signés par des majors, cela ne veut plus dire grand chose.

Une discographie gargantuesque

"Nous n’avons rien contre le système" assure Sam qui justifie le choix de l’indépendance par un "on avait pas d’autres solutions!". Avec l’appui de quelques souscripteurs, ils réalisent Rue des Temps dont ils confient la distribution à PIAS. Tout comme Irfan le Héros, le second. "A chaque fois, nous nous fixons un but et nous donnons les moyens d’y arriver" relate Alice. Ainsi pour le troisième, le double Fausse note et Repris de Justesse mêlant reprises et morceaux live, Les Ogres assurent même la distribution et s’offrent un chapiteau – le Latcho Drom – avec lequel ils partiront en tournée en France et en Europe. "C’est un vrai luxe" affirme Sam "on s’arrêtait au moins une semaine dans chaque ville, rencontrait notre public, les groupes du coin, les médias et même les disquaires". Croc Noces qui paraîtra en 2001 a été écrit au fil du voyage et enregistré à leur retour avec la participation de Néry, Denis Lefdup, Les Debout sur le Zinc et les Hurlements d’Léo. C’est avec ces derniers qu’ils enregistrent Un Air, Deux Familles, un opus de chansons originales composées par les deux groupes et enregistrées en public sous le Latcho Drom. Les ventes de cet album financeront la tournée européenne de l’été 2002.

Avant dernière galette, La Pittoresque Histoire de Pitt Ocha a été conçue pour les enfants des deux frères et enregistrée pour tous les enfants de la terre. Pour ce projet atypique, ils convient les amis déjà présents sur les précédents albums et de nouveaux venus (Polo, La Tordue, K2R Riddim, Les Matchboxx, la Rue Kétanou, Tryo et Pierre Perret dont ils ont signé depuis la moitié des arrangements de Çui là, son dernier opus paru en 2002). A noter que chacun des opus des Ogres – tous sortis en digipack car il n’aiment pas les boîtiers plastiques - est croqué depuis le premier par l’illustratrice Aurélia Grandin. "C’est quelqu’un dont nous apprécions le travail" précise Sam avant d’ajouter "que c’est aussi une bonne façon d’encourager notre public à acheter nos disques, plutôt que de les télécharger". Terrain Vague, leur petit dernier riche de 17 titres prolonge le portrait sensible de ces Ogres pas si féroces que ça et terriblement attachants.

Terrain Vague

Initiés par un papa musicien qui accompagna entre autre dans les années 70, le groupe Il était une fois, Les Ogres dévorent la musique depuis leur plus jeune âge. Sur scène, ils croquent à tour de rôle dans un impressionnant instrumentarium (guitares, violon, violoncelle, contrebasse, scie musicale, accordéon, flûte traversière, clarinette, trompette, trombone, tuba, claviers, caisse claire et tom basse), et si comme cela ne suffisait pas, ils ont invité en studio sur Terrain Vague, leur dernier opus, un orchestre symphonique amateur bordelais, la Fanfare du Belgistan (un petit état de Belgique Orientale). Sur 3-0, un titre qui décentre Paris et concentre son tir sur l’esprit franchouillard, ils réunissent même une flopée de chanteurs aux accents marqués: Sanseverino (Paris), Loïc Lantoine (Lille), Les Hurlements d’Léo (Bordeaux) et Tatou et Lux B du Massilia Sound System. Grosse machine sur la route, ce nouveau tour de France se fait en compagnie de La Fanfare du Belgistan (3 sax, une trompette et deux percussions) dont ils ont signé le premier album sur leur label. Renforçant la touche gypsy et festive des Ogres, ils entrent et sortent de scène au rythme des chansons. Chansons à textes, bien évidemment, car les Ogres ont une bouche qui ne leur sert pas qu’à manger.

Tous les albums des Ogres de Barback sont commercialisés sur leur site.
Les Ogres de Barback Terrain Vague (Irfan) 2004