Prix RFI musiques du monde 2003 : entrevue avec Youssou N'Dour

RFI organise depuis 1981 le Prix RFI Musiques du monde qui a permis de découvrir Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Beethova Obas, Habib Koïte, Sally Nyolo et bien d’autres. Le lauréat 2003 sera désigné demain 23 octobre par un jury présidé par Youssou N'Dour. Mais les concerts et la fête qui devaient suivre sont annulés suite à l'assassinat hier de Jean Hélène, correspondant de RFI en Côte d'Ivoire.

Le chanteur sénégalais est le président du jury 2003.

Rajery, prix RFI musiques du monde 2002 RFI organise depuis 1981 le Prix RFI Musiques du monde qui a permis de découvrir Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Beethova Obas, Habib Koïte, Sally Nyolo et bien d’autres. Le lauréat 2003 sera désigné demain 23 octobre par un jury présidé par Youssou N'Dour. Mais les concerts et la fête qui devaient suivre sont annulés suite à l'assassinat hier de Jean Hélène, correspondant de RFI en Côte d'Ivoire.

C’est le 23 octobre, au Centre culturel français de Dakar, que sera connu le lauréat de cette 23ème édition. Mais contrairement à ce qui était prévu, le grand concert de Baaba Maal et de ses invités, Ismaël Lô, Thione Seck, Coumba Gawlo et Abdou Guité Seck est annulé suite à la mort tragique hier soir 21 octobre à Abidjan, du correspondant de RFI en Côte d'Ivoire, Jean Hélène. La décision du jury pour départager les trois finalistes, Augusto Cego du Cap Vert, l’Ivoirien Bagavan et le Sénégalais Didier Awadi (moitié du duo Positive Black Soul), sera donc prise à huit-clos.

Le président du jury 2003, le Sénégalais Youssou N'Dour, nous parlait il y a quelques jours de cette expérience : 

C’est une responsabilité importante pour vous de présider ce jury ? Vous connaissez déjà les artistes nominés ?
C’est un honneur de savoir que je peux aider à reconnaître le talent d’un artiste. Je prends toujours le rôle de président comme celui qui coordonne un choix avec d’autres personnes. Ce n’est donc pas un choix personnel. C’est important pour nous de choisir l’artiste qui fera peut-être vibrer les gens demain. J’ai reçu ce week-end tous les enregistrements et nous allons les écouter avec les autres membres du jury, mais je ne veux pas arriver au CCF avec des idées préconçues.

Selon quels critères ce prix est-il attribué cette année ? Est-ce le disque ou la prestation scénique qui fait la différence ?
Pour la musique africaine en particulier, il faut toujours faire attention avec les disques. Voir l’artiste en «live» est très important, parce que notre musique vibre plutôt sur scène.
Parfois, vous pouvez choisir quelqu’un qui a été bien aidé pour réaliser un album en studio et qui ne fait pas ressortir les mêmes émotions ou la même couleur musicale sur scène. Et ça c’est dommage. A l’inverse, on peut découvrir en «live» un artiste qui n’a pas réussit son album, mais qui dégage sur scène beaucoup plus de naturel. Je préfère donc choisir un artiste que je peux voir.

Que représente un tel prix dans la carrière d’un artiste ?
C’est très important pour lui parce qu’il y a énormément de gens talentueux ici qui n’ont pas la parole et la possibilité d’accéder aux médias. Je crois que ce Prix RFI Musiques du monde est vraiment une grande occasion parce que le talent seul ne suffit malheureusement pas.

Vous-même, vous n’avez pas participé à ce concours. Votre carrière est passée par d’autres rencontres ?
A l’époque où j’ai commencé, nous avions un jury permanent, qui perdure aujourd’hui avec Claudy Siar. Le regretté Gilles Obringer était vraiment pour nous un président de jury qui était là chaque soir à l’antenne et nous aidait à nous faire connaître au monde entier. A l’époque, les radios n’étaient pas très développées en Afrique et je me rappelle que lorsqu’il était 17 heures à Dakar, tout le monde se collait sur Canal Tropical pour écouter le président du jury quotidien.

Vous rentrez d’une tournée américaine que vous aviez annulée par deux fois, après le 11 septembre, et suite au déclenchement de la guerre en Irak. Comment avez-vous été accueilli après vos prises de position ?
Il faut reconnaître que Youssou N’Dour aux Etats-Unis, ce n’est pas Michael Jackson ou Bruce Springsteen ! Ça n’a donc pas un effet retentissant, mais j’ai été très agréablement surpris par l’accueil. J’ai eu beaucoup de messages d’encouragement et mes concerts se sont déroulés normalement. Je n’ai pas vraiment ressenti que mes décisions d’annuler par deux fois ces tournées avaient été mal acceptées et je suis fier et content de les avoir prises.

Où en êtes-vous de votre combat pour la défense du droit d’auteur en Afrique ?
Je me dis qu’il y a deux choses importantes : la pression extérieure et intérieure. Aujourd’hui, tout doit tourner autour des associations de musiciens dans chaque pays. Et je suis l’initiateur avec d’autres collègues africains de l’Association panafricaine des musiciens professionnels qui va se créer incessamment et qui mettra la pression sur les politiques et l’Union africaine pour que des décisions harmonisées soient prises au niveau panafricain. Tous les artistes que j’ai pu rencontrer sont d’accord pour qu’il y ait une voix autorisée qui mette la pression pour que les lois soient votées. Et si elles sont votées, les pirates auront peur et il y aura enfin une répression pour faire cesser cette spoliation de nos droits sur notre continent.

Pierre René-Worms

Le lauréat du Prix RFI musiques du monde 2003 sera en concert à Paris le 18 novembre à la Scène.

Selon quels critères ce prix est-il attribué cette année ? Est-ce le disque ou la prestation scénique qui fait la différence ?
Pour la musique africaine en particulier, il faut toujours faire attention avec les disques. Voir l’artiste en «live» est très important, parce que notre musique vibre plutôt sur scène.
Parfois, vous pouvez choisir quelqu’un qui a été bien aidé pour réaliser un album en studio et qui ne fait pas ressortir les mêmes émotions ou la même couleur musicale sur scène. Et ça c’est dommage. A l’inverse, on peut découvrir en «live» un artiste qui n’a pas réussit son album, mais qui dégage sur scène beaucoup plus de naturel. Je préfère donc choisir un artiste que je peux voir.

Que représente un tel prix dans la carrière d’un artiste ?
C’est très important pour lui parce qu’il y a énormément de gens talentueux ici qui n’ont pas la parole et la possibilité d’accéder aux médias. Je crois que ce Prix RFI Musiques du monde est vraiment une grande occasion parce que le talent seul ne suffit malheureusement pas.

Vous-même, vous n’avez pas participé à ce concours. Votre carrière est passée par d’autres rencontres ?
A l’époque où j’ai commencé, nous avions un jury permanent, qui perdure aujourd’hui avec Claudy Siar. Le regretté Gilles Obringer était vraiment pour nous un président de jury qui était là chaque soir à l’antenne et nous aidait à nous faire connaître au monde entier. A l’époque, les radios n’étaient pas très développées en Afrique et je me rappelle que lorsqu’il était 17 heures à Dakar, tout le monde se collait sur Canal Tropical pour écouter le président du jury quotidien.

Vous rentrez d’une tournée américaine que vous aviez annulée par deux fois, après le 11 septembre, et suite au déclenchement de la guerre en Irak. Comment avez-vous été accueilli après vos prises de position ?
Il faut reconnaître que Youssou N’Dour aux Etats-Unis, ce n’est pas Michael Jackson ou Bruce Springsteen ! Ça n’a donc pas un effet retentissant, mais j’ai été très agréablement surpris par l’accueil. J’ai eu beaucoup de messages d’encouragement et mes concerts se sont déroulés normalement. Je n’ai pas vraiment ressenti que mes décisions d’annuler par deux fois ces tournées avaient été mal acceptées et je suis fier et content de les avoir prises.

Où en êtes-vous de votre combat pour la défense du droit d’auteur en Afrique ?
Je me dis qu’il y a deux choses importantes : la pression extérieure et intérieure. Aujourd’hui, tout doit tourner autour des associations de musiciens dans chaque pays. Et je suis l’initiateur avec d’autres collègues africains de l’Association panafricaine des musiciens professionnels qui va se créer incessamment et qui mettra la pression sur les politiques et l’Union africaine pour que des décisions harmonisées soient prises au niveau panafricain. Tous les artistes que j’ai pu rencontrer sont d’accord pour qu’il y ait une voix autorisée qui mette la pression pour que les lois soient votées. Et si elles sont votées, les pirates auront peur et il y aura enfin une répression pour faire cesser cette spoliation de nos droits sur notre continent.

Pierre René-Worms

Le lauréat du Prix RFI musiques du monde 2003 sera en concert à Paris le 18 novembre à la Scène.

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