FIN DES REVES
Paris, le 18 septembre 2000 - Dimanche soir, s'est terminée la semaine des Rendez-Vous Electroniques. La Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette, en accueillant le festival-salon Mix Move, a donné un coup de fouet au mouvement. Il s'agit maintenant de savoir s'il existe vraiment une culture techno, au-delà du courant musical.
La scène électronique au tournant
Paris, le 18 septembre 2000 - Dimanche soir, s'est terminée la semaine des Rendez-Vous Electroniques. La Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette, en accueillant le festival-salon Mix Move, a donné un coup de fouet au mouvement. Il s'agit maintenant de savoir s'il existe vraiment une culture techno, au-delà du courant musical.
A l'instar des grandes fêtes comme celles du cinéma et de la musique, trop d'événements peuvent noyer La grande cause. Du début de l'après-midi à la cité des Sciences, jusqu'au milieu de la nuit dans les salles de concerts, chaque lieu affirmait sa programmation.
Dans la journée, un étage était dédié aux machines et à toute la partie technique concernant la création musicale ou son exploitation. L'occasion pour un certain nombre d'amateurs de platine d'essayer les dernières nouveautés des grandes marques. Une école de DJs, un espace dédié aux derniers modèles de jeux vidéo ou un vendeur de logiciel MP3, et autres accessoires permettaient aux aficionados de s'informer des dernières tendances.
Deux autres niveaux s'intéressaient plus aux productions de musique électro. Le premier consacré aux nombreux labels (comme Plamplemousse, Ya! Basta...) et distributeurs (Discograph pour exemple) restait professionnel alors que le second était plus grand public avec trois salles : Siestes Musicales, concerts et Silent Dance Hall.
La salle de concerts a surtout donné l'occasion de rassembler la scène dub française. Les Siestes Musicales où l'on a sorti les transats, présentaient quelques productions de labels. Une manière d'appréhender les choix artistiques de chacune des structures. Peu de surprises si ce n'est Frédéric Galliano, venu présenter Frikiywa avec deux musiciens africains (nous y reviendrons dans le Petit Journal au cours de la semaine).
La meilleure idée venait sans doute du Silent Dance Hall, dance floor un peu étrange puisque chacun était muni d'un casque à infrarouge lui permettant d'entendre le mix sans gêner personne. Le plus vieux des DJs, Dee Nasty, a rassemblé le plus grand nombre du fait de sa carrière transversale hip hop et house. Mais c'est le dernier jour que le Silent Dance Hall a fait le plein : Laurent Garnier lui-même, continuant son marathon après l'Elysée-Montmartre jeudi et vendredi, le Rex samedi. Malgré le concept intéressant, l'espace n'a jamais vraiment rempli son office. Les participants étaient plutôt statiques, immobiles, ayant du mal à appréhender ce lieu comme un espace de danse. Le paradoxe résidait dans l'attraction de voir un DJ mixer. Des visages se collaient à la vitre, le Silent n'était pas total.
Le Mix Move s'est voulu festival et a programmé des soirées dans deux lieux de concerts. Le 15 la soirée Haute Couture, label québécois, au Glaz'Art, a attiré moins d'une centaine personnes. Malgré une progammation intelligente : trois sets DJs des membres du groupe Les Jardiniers, puis le groupe en live avec un set drum'n'bass de DJ Maüs, on restait entre connaisseurs, en famille. Non loin de là, au Trabendo, les soirées commençaient tard. Vers minuit. Le 16, la Warp'Ology a apporté ses nouveaux talents (comme le Français V.L.A.D) même si le label fête quand même ses dix ans. La dernière nuit (Artefact vs Kitty Yo, soit la France contre l'Allemagne pour être réducteur) pouvait se montrer festive avec Gonzales mais sa venue tardive limitait les présences. Le DJ set Zend Avesta apportait pourtant une touche décalée. En ne choisissant que des morceaux new wave années 80, la boucle était bouclée sur la présence de l'électronique dans la musique. On regrettera quand même les horaires tardifs qui ont quelque peu découpé le Mix Move en deux, l'après-midi et la nuit.
La volonté clairement affichée du Mix Move d'affirmer la culture électronique semblait la plus hardie mais malheureusement la moins évidente. Des espaces étaient dédiés aux images. On projetait des clips, des créations sur le net sans que le public soit vraiment au rendez-vous. Au-delà de la volonté de réunir toutes les créations qui utilisent l'électronique, c'est la mise en avant de la notion de culture qui fait débat actuellement. Le tournant semble être pris. Les DJs comme les créateurs visuels sont devenus des artistes à part entière avec des noms que l'on met en avant. Les scènes réapparaissent avec des podiums et des artistes en frontal. La surprise Laurent Garnier au Silent Dance Hall attirait plus pour sa manière de mixer que pour ses choix musicaux.
D'ailleurs, les musiques électroniques se développent dans tous les sens : dub, pop, rock, voire punk. L'appellation semble réduire le genre au support. Alors pourquoi toujours tant de réticences ? Pour une fois, Jean-Jacques Goldman avait raison : quand la musique est bonne...
Emmanuel Dumesnil - Valérie Passelègue